@DOMAINE:BOITE A IDEES

@ST TOURNE:THEORIE DES SYSTEMES D'INFORMATION

@T RUB2:L'organisateur, l'informaticien

et le professeur

@CHAPO:Trois livres récemment parus illustrent, de manière presque caricaturale, la diversité des manières actuelles de parler de l'informatique et de son management. Bon sens, technicité, érudition... une diversité surprenante des contenus comme des styles.

@TEXTE:Trois ouvrages, trois mondes. Et pourtant, ils parlent tous du management des systèmes d'information. L'organisateur Martin Ader avec un bon sens presque agricole, applique à la lettre le principe américain "kiss" (keep it simply stupid). L'informaticien(ne) Evelyne Chartier entame une réflexion théorique à partir de son expérience méthodologique sur le terrain. Enfin le professeur Jean-Louis Le Moigne, et son équipe aixoise fabriquent au fil de leurs lectures et de leurs conceptions un vocabulaire expressif mais quasiment "propriétaire". Laissons-leur la parole, quitte à choisir des passages "fortement typés", comme disent les oenologues (les informaticiens aussi, mais dans un sens pour le moins différent).

@INTER:Les gros sabots de l'organisateur

@TEXTE:Martin Ader (Management collectif de l'information, Insep Editions), s'excusant presque, situe prosaïquement, mais avec une grande clarté, trois concepts bien dans le vent: "La GED sert à gérer les documents partagés par plusieurs, le workflow sert à faire circuler le travail dans une organisation et le groupware sert à aider des membres d'un groupe à mieux travailler ensemble". Difficile de faire plus clair. Certes, les techniciens chargés de mettre les outils en place voudront en savoir un peu plus. Et en dire beaucoup plus. Mais au moins le cadre est planté. Le livre abonde en tableaux synthétiques sur les coûts, durées et autres paramètres du management. Un glossaire et une courte bibliographie commentée confirment l'orientation pratique de l'ouvrage en même temps que son insertion dans les courants de pensée actuels.

@INTER:La boxologie méthodique de l'informaticien

@TEXTE:Evelyne Chartier part elle aussi de son expérience concrète (à la BNP). Avec "Le re-engineering du système d'information de l'entreprise" (Economica), elle vise à prolonger des travaux qui remontent à quinze ou vingt ans, avec Axial puis avec la méthode maison Maia, qui en est aujourd'hui à sa version 3. Le coeur de l'ouvrage regorge de ces schémas caractéristiques des méthodologies informatiques qui ont inspiré à Henri Habrias (université de Nantes) le sobriquet de "boxologie" (de l'anglais box, et non boxe, le lecteur avait compris bien sûr).

Elle encadre son analyse, presque historique, de considérations novatrices sur l'architecture des métiers et d'un appel à l'esprit du jeu de Go. Le préfacier confirme l'ambition de l'ouvrage: "L'architecture Goban implique à l'évidence des enjeux de civilisation". Rien de moins. Et il ajoute "Ceci fera peut-être l'objet d'un prochain livre". Attendons-le.

@INTER:La créativité linguistique du professeur

@TEXTE:Les familiers de Jean-Louis Le Moigne retrouveront ses élans et son style dans la collection de textes qu'il vient de publier avec Jacques-André Bartoli et leurs compères aixois (Organisation intelligente et système d'information stratégique, Economica). Depuis trente ans, le style reste toujours aussi inimitable: "L'une des fonctions importantes des NTI dans les modèles de simulation et la computation symbolique. Cette fonction est primordiale dans le développement de SIC "intelligents" (au sens de O.H. Poensgen et de Z.S. Zannetos). " Parmi les innovations linguistiques de cette parution, notons l' inforgétique, l'énergétisme métaphorique et l'auto-éco-organisation.

Ce texte, à ne pas mettre entre toutes les mains, ouvre des fenêtres sur l'importance de l'information qualitative, et notamment de sa présentation graphique, que la micro-informatique rend de plus en plus abordable. Mais bien sûr nos aixois ne veulent pas y attribuer trop d'importance "Le raisonnement qualitatif ne nécessite pas nécessairement de nouveaux systèmes informatiques sophistiqués tels que les hypertextes les multimédias, bien que ceux-ci constituent souvent des outils pratiques". A commencer par Internet, que les universitaires pratiquent, à la différence des informaticiens d'entreprise et des organisateurs (lemoigne@romarin.univ-aix.fr).

On rêverait, d'un ouvrage qui réunirait le bon sens des organisateurs, l'expérience technique des informaticiens et la culture des universitaires. Autant chercher un plat qui réunirait les charmes de la potée auvergnate, du canard au sang et du saumon à l'aneth. Il n'y a qu'une solution: savourer chaque auteur à son tour, selon l'humeur et les besoins du moment. Bon appétit.@SIGNATURE:Pierre Berger