@DOMAINE:BOITE A IDEES

@ST TOURNE:PREDICTION DE COUT DES PROJETS

@TITRE:Méthode ascendante ou descendante ?

@TEXTE:Combien faudra-t-il de temps et de ressources pour mener à bien tel projet ? Est-il possible de le prévoir de manière "scientifique" ? Au scepticisme des uns s'oppose la passion des autres pour telle ou telle méthode particulière, comme les points de fonction ou Cocomo.

De leur côté, les chercheurs ne baissent pas les bras et poursuive leurs travaux. Une équipe de l'Essec (*), par exemple, vient de tester un modèle prédictif dans une grande institution financière française. Son chant de victoire, paru dans le numéro 4 de la revue "systèmes d'information et management" (Editions Eska), ne convaincra sans doute pas tout le monde. Mais la présentation détaillée du cadre méthodologique de l'expérience permettra à tous les spécialistes d'en faire leur profit.

@INTER:Les différentes méthodes de prédiction

@TEXTE:Les auteurs se situent d'abord dans l'ensemble des méthodes connues: comparaison avec des projets antérieurs, synthèse d'avis d'experts, modèles de prédiction. La dernière catégorie, et la plus scientifique, retient bien entendu leur préférence. Ils en recensent les représentants les plus connus, et tout spécialement Cocomo et ses variantes. Ils signalent aussi la méthode par points de fonction.

Ces modèles peuvent s'utiliser de deux manières. L'approche ascendante décompose l'effort en tâches, estime le coût de chacune et les additionne. L'approche descendante travaille directement sur le projet dans son ensemble, à partir de ses caractéristiques fonctionnelles, techniques et d'environnement.

Sur le terrain, la comparaison des deux méthodes ne progressent pas de la même manière. En début de projet, le mode ascendant reste difficile et imprécis. Mais au fur et à mesure de l'avancement, la précision devient peu à peu supérieure à celle du mode descendant.

@INTER:Une étude sur le terrain

@TEXTE:Les auteurs ont choisi une solution intermédiaire, limitant la décomposition du projet à un petit nombre de phases et n'employant qu'un type d'échelle de mesures, obtenues par simple comptage. Leur modèle, baptisé Effet (EFfort estimation Models), permet le calcul grâce à sept équations.

Appliquée aux 103 projets d'un organisme financier, le modèle a montré sa relative simplicité d'application et sa précision. D'abord les équations se sont avérées linéaires, ce qui permet une estimation dès le début des phases à partir de quelques mesures. Et donc de vérifier la qualité de la prédiction en la comparant aux résultats mesurés en fin de phase.

Les auteurs estiment que "Cocomo est beaucoup moins précis que le modèle EfEM... pour être bien utilisé, un modèle Cocomo doit être calibré sur les données spécifiques de l'organisation". Quant aux points de fonction, les résultats obtenus ne sont pas très différents, mais la marge d'erreur du modèle de l'Essec est plus faible. Pour passer d'une entreprise à une autre, il faut recalibrer les équations (c'est le cas aussi avec les points de fonction et, notent nos auteurs, avec Cocomo).

On a souvent tendance à associer la recherche informatique aux matériels ou au génie logiciel. Un tel travail prouve non seulement que les chercheurs peuvent contribuer au perfectionnement des outils de management des systèmes d'information, mais que les filières universitaires pourront fournir aux entreprises sinon des experts du moins des théoriciens habitués au terrain. @SIGNATURE:PB.

(*) Jacky Akoka, Dominique Briolat et Isabelle Comyn-Wattiau. Les deux derniers appartiennent aussi au laboratoire Prism de l'université de Versailles.

@TITRE TABLEAU:Résultats comparés selon les modèles

@T ENCA1:LES CLES DE LA REUSSITE

@TEXTE:Dominique Briolat (briolat@edu.essec.fr) insiste sur les points suivants:

- Si l'on n'a pas de modèle pré-existant dans l'entreprise, en essayer plusieurs pour "trianguler".

- Utiliser toujours la même méthode pour obtenir des résultats comparables.

- Il faut "briser" le projet (WBS, work breakdown structure) en petites unités. Typiquement: une personne réalisant un livrable binaire en dix jours.

- Ne pas sous-estimer l'effort de capture des données.

- Prévoir qu'une bonne métrologie consomme 5% du coût des projets.