@TITRE:Qui paiera pour le "référentiel sémantique"
@TEXTE:Les travaux sur le BSR (Basic semantic repository, ou Référentiel sémantique de base) doivent désormais s'autofinancer, trouver des partenaires, se doter "d'une gestion à caractère marchand". Alain Durand, directeur général adjoint de l'Afnor, n'a pas mâché ses mots à l'atelier organisé le 29 juin par Edifrance! Une déception pour les passionnés qui soutiennent le projet depuis quatre ans.
Il s'agit pourtant d'un enjeu considérable. La coordination des statistiques nationales, l'échange de données entre les organismes européens de protection sociale, et plus généralement l'échange de données informatisé... ne peuvent prendre leur sens que moyennant accord sur la sémantique des données. Un rapport du Cigref (Club informatique des grandes entreprises françaises) montre que la gestion des données constitue une préoccupation majeure des grands comptes. Que les utilisateurs en ont besoin autant et plus que les informaticiens. Alain Agnel (SNCF), Alain Janody (EDF/GDF) en témoigner.
Hélas, difficile de s'entendre. Eric Bruneau (Inséé), par exemple, se dit très choqué par les choix européens du groupe Tess (données sociales), qui ont pris l'anglais comme langue pivot. Il plaide énergiquement pour le multi-linguisme, de manière à préciser les concepts et à les rendre indépendants de la langue. Mais Francine Fery, coordinateur EDI de la Cnav (Caisse nationale d'assurance vieillesse) montre la nécessité qui a conduit à ce choix, face à la combinatoire insurmontable d'un travail commun à des pays qui emploient dix langues, et doivent définir 400 termes comprenant ensemble quelque 1200 entités.
Quant à l'Administration française, elle ne demanderait qu'à faire avancer les travaux. Mais les compressions budgétaires ne laissent guère d'espoir pour une concrétisation prochaine du Dicoforme. Ce projet visait au départ un dictionnaire des formalités, mais a montré la nécessité d'un travail sémantique sur le fond, sans dégager pour autant les fonds nécessaires. Par contraste, François Villeunier (Edifrance et animateur du comité de gestion du BSR) montre la faiblesse des forces européennes face aux 1500 professionnels américains de l'Ansi X12, qui consacrent aux normes EDI trois semaines à temps complet par an.
Bref, résume Claude Chiaramonti (Edifrance), le BSR est à la fois "une nouvelle usine à gaz, une grue métaphysique et l'étape la plus importante depuis la création de l'écriture à Sumer". La tour de Babel est toujours parmi nous, et personne ne trouve les fonds nécessaires à l'unification des langues. Prochain épisode à Genève, en septembre. Peut-on en espérer un miracle? @SIGNATURE:PIERRE BERGER