Edifact passe des expriences-pilotes aux rythmes industriels
Avec 50 messages normaliss et des volumes d'changes significatifs dans certains secteurs industriels, la normalisation Edifact affiche sa crdibilit. Mais, menace par l'impatience des plus dynamiques, elle doit acclrer son rythme de travail et agir auprs des entreprises, notamment les PME.
La runion d'Edifact tenue fin septembre Genve, au plus haut niveau, a rendu sa crdibilit ce grand mouvement de normalisation internationale. Soucieuse de cohrence, l'organisme avait choisi l'an dernier de remettre son ouvrage sur le mtier. Les utilisateurs ont donc d- patienter un an pour voir leurs projets marqus au label officiel des Nations Unies. Ds l'ouverture de la runion, le prsident Etienne Dreyfous mettait en garde les dlgus contre les dangers de tout nouveau dlai.
Une panoplie substantielle de messages normaliss
La normalisation couvre donc dsormais 54 "messages", cette unit syntaxique fondamentale d'Edifact. 19 ont atteint le stade ultime (niveau 2). Jusqu' prsent ils n'taient que deux (Orders pour les commandes et Invoice pour les factures). La banque, les transports et les douanes sont les principaux secteurs concerns par les 17 nouveaux messages.
37 messages ont atteint les niveaux 0 et 1, stades provisoires mais sauf exception toujours confirms au niveau suprieur aprs les dlais d'usage. De nature trs diverse (de l'information sur la qualit aux cotisations sociales), ils font une bonne place au secteur du btiment.
Les grands utilisateurs ne restent pas les bras croiss. A la Sollac, par exemple, on comptait l'an dernier quelques dizaines de messages par jour. Il faut compter aujourd'hui par centaines pour les messages Galia (messages de syntaxe Edifact, mais spcifiques au monde de l'automobile et de ses fournisseurs) plus un dbut de messages Inovert (monde des transporteurs). Pour l'ensemble de Galia on dpasse en France le million de messages par an.
Automobile, constructeurs informatiques, transports...
IBM veut donner l'exemple ("We use what we sell", nous utilisons ce que nous vendons). En dcembre 1987, la firme dcidait d'utiliser systmatiquement Edifact. Aujourd'hui, elle annonce 200 fournisseurs connects pour la France (2400 dans le monde). En 1991, 55% des changes comptables avec les fournisseurs sont sous forme lectronique (soit 49 000 factures par an).
Quant aux banques, adeptes depuis longtemps des transferts lectroniques, et pour des millions d'oprations quotidiennes, elles se rangent maintenant sous la bannire Edifact. De mme, la rservation arienne, Enfin, l'norme opration "carte sant" va mettre au rgime EDI l'ensemble d'un secteur dont le chiffre d'affaires (1 500 milliards de F) budget est suprieur celui de l'Etat . Elle dmatrialisera 800 millions de documents par an et impliquera 34 corps de mtier diffrent.
Ce dernier point suffirait justifier l'insistance d'Edifrance sur le caractre intersectoriel de l'EDI. Pour Etienne Dreyfous, la monte en puissance, maintenant bien amorce, ne devrait pourtant culminer qu'en 1994:
"Nous subirons une grande explosion. Nous serons submergs. Les entreprises et les organisation ont encore deux ans pour se doter des moyens ncessaires".
Normaliser plus vite et plus souplement
Mais la normalisation elle-mme saura-t-elle faire face? Edifact (comme les autres grands organismes de normalisation) est trop lente. Elle y ajoute des habitudes de "good old fellows" (de bons vieux copains) qui cooprent efficacement depuis des annes mais sans toujours percevoir les urgence de l'heure. Comme le disent certains "ces mthodes de travail la fois artisanales et la husssarde ne sont plus compatibles avec le professionnalisme exig par le succs mme d'Edifact".
En effet, faute de disposer temps des normes qu'ils attendent, les utilisateurs dveloppent des solutions locales, sectorielles ou, pire, propritaires. La technologie mme et le progrs des services de base les y encourage. Les grands services valeur ajoute, notamment les messageries, facilitent la mise en place d'changes co-t minimal, grce un minimum de formalisation des messages et une adaptation correspondante des applications informatiques concernes. Mais, au bout de quelques annes, ces solutions htives trouvent leurs limites. Le passage de vraies normes s'avre indispensable, mais oblige alors des reconversions qui peuvent tre co-teuses et difficiles.
Rformer les structures et les principes
Pour donner Edifact le jeu de jambes indispensable, deux groupes de travail vont s'atteler aux rformes ncessaires. Le premier va revoir les structures de l'organisation et de ses chelons internationaux et rgionaux, pour acclrer leur processus de dcision tout en les reliant plus solidement aux autres organismes de normalisation, commencer par l'ISO (International Standards Organization). Le deuxime va prciser les techniques de mise au point des messages. Dans les deux cas, la France apporte ses spcialistes et l'exprience qu'elle a gagn en quelques annes: regroupement des efforts sous l'gide d'Edifrance, travaux mthodologiques intersectoriels.
Techniquement, Edifact veut aussi assouplir les principes mme de sa syntaxe. Le systme actuel et ses structures fixes conduirait multiplier le nombre de messages diffrents, par exemple pour tenir compte de besoin strictement rgionaux. La France prconise la normalisation de messages cadres qui pourront ensuite tre adapts localement. Deux cas ont t officialiss Genve. D'une part le cadre IFTMFR (International forwarding and transport message framework).
D'autre part le GESMES (Generic statistical message), qui s'carte assez fortement des structures Edifact classiques, mais rpond un besoin constant des praticiens: transmettre des tableaux statistiques sans sortir du flot des messages EDI.
Rendre Edifact accessible aux PME/PMI
Enfin, Edifact doit promouvoir ses normes et en rendre l'usage plus accessibles aux entreprises, mmes moyennes ou petites. Or elle ne reconnat que l'anglais comme langue officielle pour ses travaux. Claude Chiaramonti, chef de la dlgation franaise Genve, a fait adopter le principe du multilinguisme pour la documentation qui leur est associe. La runion de Genve a t complte par un grande rencontre Paris. Elisabeth Guigou, ministre des affaires europennes, est venu assurer les experts que "le gouvernement franais continuera manifester un intrt soutenu pour toutes les actions qui permettront, grce la normalisation et la simplification, de faire entrer les changes d'informations dans l'univers technologiques due XXIeme sicle".
PIERRE BERGER
lgende icono. La rservation arienne, pionnire des changes informatiss, tudie maintenant son harmonisation dans le cadre d'Efifact.