Trois objectifs guident les investissements des petites et moyennes entreprises en matire d'administration des ventes: ouverture sur l'EDI, dimension internationale l'aube de 1992, intgration au systme d'information de l'entreprise. Mais les produits du march ne rpondent qu'imparfaitement ces exigences.
Un quart seulement des entreprises a trouv un progiciel adapt ses besoins. La plupart recourent une programmation spcifique ralise en interne. Quelques unes recourent l'aide des SSII.
Les autres n'ont pas encore informatis la fonction. Une rcente enqute du CXP (1) permet de dgager, partit des critiques formules par les utilisateurs AS 400, les objectifs que se donnent les directions commerciales des entreprises moyennes et, corrlativement, ce qu'elles attendent des futurs progiciels.
L'offre actuelle traduit les particularits des diffrents secteurs
Les produits actuels, disparates, trahissent leurs origines. Chacun a choisi son point d'appui en fonction d'une cible dtermine. Les uns restent proches de la production (GPAO, gestion de production assiste par ordinateur, ou gestion des stocks). D'autres associent au commercial la gestion des achats et des stocks associs. D'autres enfin travaillent le dtail des conditions de vente.
La pression des utilisateurs explique historiquement cette diversification. Les entreprises industrielles pensent leur fonction commerciale en forte liaison avec leur gestion de production. Les progiciels conus leur intention s'appuient donc fortement sur la GPAO.
Cela se traduit par un enrichissement de la base des articles, un affinement de la gestion des clients (qualification systmatique de l'activit, utilisation systmatique des filires client, intgration de l'ensemble des informations relatives aux clients). Or ce dveloppement trop ax sur la gestion des stocks ou sur la production ne conduit pas des fonctionnalits suffisamment toffes en matire de gestion commerciale.
A l'oppos, la grande distribution veut tirer le meilleur de pratiques commerciales hautement comptitives: remises, ristournes, gestion des budgets des distributeurs. Les fournisseurs doivent aussi grer le circuit de la commande venant du lient vers les stocks et la production, et suivre les articles sur un circuit long, jusqu'aux clients finaux.
Les progiciels ne rpondent qu'imparfaitement ces exigences et les utilisateurs souhaiteraient nombre de nouveaux dveloppements. Ils ont besoin de plus de prcision et de richesse d'information dans la description des articles aussi bien que des clients. Ils esprent des fonctions plus complexes comme la gestion des contrats-clients, la prise en compte des articles de remplacement et de substitution, des cadencements et des entres par lots, des fonctions de prparation avant expdition.
Ce secteur impose la prise en compte des normes Gencod, avec sa codification de produits et ses codes barres. Impossible d'chapper ces tiquettes normalises dans une filire de distribution qui dbouche sur des caisses de supermarch quipes de lecteurs laser. Et les tiquettes normalises conduisent au montages de circuits d'information dpassant la frontire des entreprises, l'EDI (change de donnes informatis).
Les exigences de l'EDI et de la dmatrialisation des documents La grande distribution s'est dot d'un rseau valeur ajoute spcialis, grce Gencod. Cet organisme professionnel a en effet mis en place, depuis deux ans, la messagerie Allegro, en partenariat avec Bull. Elle transfre sous forme de tlcommunications les changes de donnes que le secteur pratiquait dj sur supports magntiques. Les progiciels destins la distribution doivent suivre.
Mais tous les secteurs, et pas seulement la distribution, s'impliquent aujourd'hui activement dans l'EDI dans le cadre gnral d'Edifact. Cette coordination gnrale des normes de codification et de messages peut renforcer la position des progiciels par rapport aux dveloppements spcifiques. Elle offre en effet une garantie de prennit et de cohrence entre pays et entre secteurs. Les dveloppeurs de progiciels n'auront pas prendre en considration les codes et caractristiques propres chaque secteur conomique. A partir du moment o- leurs produits comporteront une interface normalise Edifact, leur validit franchira les frontires traditionnelles.
En France, la Direction Gnrale des Impts a prouv son engagement en faveur de la dmatrialisation des factures. Elle l'a explicitement autorise dans la loi de finances rectificative pour 1990 (dont le dcret d'application a t retard jusqu'en juin 1991 pour des raisons de circonstances). Cette loi suppose la mise au point de "systmes de tl-transmission" qui ne sont encore bien dfinis que dans le secteur automobile (groupement Galia). Les progiciels adapts l'EDI trouveront l un argument de plus, surtout s'ils sont dvelopps en liaison avec des organismes corporatifs ou avec des communauts industrielles qui en guident et en soutiennent la mise au point puis la diffusion.
Cependant, malgr l'impatience de certaines entreprises et des animateurs du mouvement Edifact, la normalisation ne progresse lentement. Et les entreprises ne se prcipitent pas encore dans des ouvertures plus difficiles qu'on ne le pensait au dpart.
L'EDI ne trouve son efficacit qu' condition d'atteindre le coeur des applications, chez le client comme chez le fournisseur. Les plus dynamiques des diteurs de logiciel y trouveront donc un argument de vente intressant, mais devront souvent convaincre autant que se laisser convaincre de l'importance et de l'urgence du mouvement.
1992 appelle des produits multi-devises et multilingues L'internationalisation croissante des rapports commerciaux va aussi pousser les progiciels dans la voie de l'ouverture europenne. Le march unique va dans un peu plus d'un an, et l'administration commerciale devra suivre la politique des entreprises condamnes penser plus largement que l'hexagone.
Plus facile dire qu' faire. Une vision europenne appelle imprativement des produits multi-devises et multi-lingues, sans mme parler de prise en comptes de lgislations nationales qui ne s'harmoniseront pas du jour au lendemain. Nombre d'incertitudes planent encore. Le primtre mme de l'Europe a t remis en question par la chute du mur de Berlin. Et au sein mme de la CEE, les lois, rgles et pratiques sont loin d'tre dfinitivement harmonises.
En attendant, les produits ne se dotent que progressivement de ces fonctions largies. Et il ne suffit pas de faire voluer les produits. Leurs fournisseurs devront aussi assurer leurs services sur la totalit de l'espace europen ou mondial. Nombre d'entre eux ont dj commenc se donner cette nouvelle dimension en multipliant les accords en Europe, Afrique, Etats-Unis, Canada.
Ils vont jusqu' s'implanter physiquement par la cration de filiales, surtout dans d'autres pays europens.
Le commercial doit communiquer avec toute l'entreprise Les progiciels d'administration des ventes doivent d'abord poursuivre leur effort de communication avec les autres grandes fonctions de la gestion commerciale: marketing, gestion de la force de vente, suivi toujours plus fin et plus fouill des prospects. A terme, l'volution conduit de vritables systmes d'information commerciale.
Plus globalement encore, la fonction commerciale entretient des rapports de plus en plus troits avec les autres domaines fonctionnels: production, stocks, achats, gestion comptable et financire, contrle de gestion. Et mme avec la paie et la gestion de personnel. En effet la rmunration des personnels commerciaux assortit frquemment une base fixe des systmes de commission ou d'intressement. Le calcul mensuel des rmunrations aussi bien que les stratgies long terme de carrires et de recrutement doivent donc prendre en compte les donnes de dtail ou de synthse que gnre l'administration des ventes et la fonction commerciale.
Cette ncessit de cohrence et de communication vient en tte des raisons qui poussent les entreprises dvelopper leur logiciel spcifique plutt qu' recourir au march des produits. Si les fournisseurs de progiciels veulent pntrer ces comptes, il leur faudra proposer des solutions de plus compltes.
Bref, face des utilisateurs sous pression, les progiciels doivent passer par d'importantes mutations. L'tude du CXP prcise les orientations de au niveau des petits et moyens systmes. Les concepteurs ont du pain sur la planche.
PIERRE BERGER
... Note
(1) CXP: Les progiciels de gestion commerciale. Administration des ventes sur IBM AS/400. Analyse et comparaison. Etude no 171,
ao-t 1991. Ralise par Vronique Machotte et Philippe Lesprit. L'tude comporte une prsentation dtaille de quatre progiciels: Antalia (Prisme), BPCS (AGI), Providence (Axor) et Sigma (Prsence Informatique).
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Un quart seulement des utilisateurs recourt un progiciel de gestion commerciale (Enqute utilisateurs CXP 1990). Le besoin d'intgration aux autres applications pousse au dveloppement spcifique en entreprise.
Le commercial se conoit de moins en moins comme une fonction isole (document CXP).