@SURTITRE 1:EXPLOITATION GESTION DU PAPIER
@TITRE 1:Faut-il sous-traiter l'impression lourde
@CHAPO:Les informaticiens tendent sous-estimer l'importance des impressions massives. Trois raisons poussent les sous-traiter: le profil des personnels spcialiss, les contraintes ou la complexit des techniques, les co-ts. Ils conduisent parfois au choix inverse.
@TEXTE:L'impression lourde absorbe entre 7 et 10% du budget informatique des entreprises. Loin de disparatre, elle se perfectionne grce au laser et une gamme toffe de faonnages. Le papier devient vecteur stratgique de communication, en particulier dans des secteurs comme la banque et plus encore la vente par correspondance. Cette ascension se traduit dans le chiffre d'affaires de socits de services spcialises, comme Datapage ou GSL, qui croissent de 15% 30% par an.
"Pourquoi sous-traitez vous?", avons-nous demand des responsables informatiques. Leurs rponses surprennent. Surtout si l'on va au del des premire raisons spontanment voques. La gestion des hommes vient en effet nettement en tte, suivie des quipements techniques. Les co-ts ne comptent gure, et nous verrons pourquoi.
@INTER:Un mtier tranger l'informatique
@TEXTE:Une impression efficace et rentable exige des hommes qualifis et motivs. La plupart des services informatiques ne peuvent leur offrir un environnement satisfaisant. "Imprimer n'est ni le mtier de mes informaticiens, ni celui de mon entreprise", explique Franois Mitaine (directeur du dpartement Clients, Compagnie des eaux et de l'ozone).
L'impression comporte une forte part de travaux manuels: chargement du papier dans les imprimantes, routage (affectation des destinataires), istribution des documents. Travaux physiques, souvent poussireux voire salissants, ils sont confis des "cols noirs", techniciens ou mcaniciens, bien diffrents d'un personnel d'exploitation qui se concentre de plus en plus sur des tches abstraites de pupitrage ou de gestion de rseau. Un centre d'impression ressemble plus une usine qu' une salle blanche. De plus, pour rentabiliser les machines et tenir les rythmes et les dlais, le travail en 3x8 reste de rgle, alors que l'automatisation de l'exploitation vide les salles de pupitrage pendant la nuit.
Les services informatiques et les responsables de l'exploitation vivent donc difficilement la cohabitation de deux populations de plus en plus diffrents par leur mode de vie, leur formation, leurs salaires.
A l'oppos les progrs de l'impression exigent la coopration de spcialistes de haut niveau: cratifs et graphistes pour la conception de documents commerciaux sophistiqus, ingnieurs pour la spcification et la mise en place de chanes complexes de post-impression, experts en tarifs et circuits postaux pour optimiser le co-t et l'efficacit des routages. Autant de mtiers bien loigns de l'informatique et que peu d'entreprises peuvent mobiliser plein temps. Ces profils peuvent tre apports par les prestataires de service, mais aussi par des consultants autonomes ou en petites quipes.
@INTER:L'impression peut aussi se rpartir et s'insrer dans l'entreprise
@TEXTE:Une grande part des impressions, cependant, reste simple et tend mme profiter de l'volution des imprimantes pour en faciliter l'insertion dans l'entreprise. Chez Bouygues, par exemple, l'imprimante est dsormais traite comme un photocopieur, et les activits lourdes, assorties du faonnage et de la distribution, sont regroupes au service informatique. On estime ainsi mieux matriser la chane technique et la gestion du personnel. De plus, la culture d'entreprise y facilite l'intgration des catgories de personnel les plus extrmes.
Ailleurs, l'histoire impose sa logique et fait durer les structures. Axa par exemple, novateur par ailleurs, confie toujours le faonnage et la distribution du papier ses services gnraux.
@INTER:Des arguments techniques... double tranchant
@TEXTE:Une analyse technique du besoin de sous-traiter l'impression fait ressortir quatre critres: complexit des documents, dlais, pointes de volume, logistique. Leur tude prcise conduit tantt la sous-traitance, tantt au contraire au maintien dans l'entreprise.
La complexit des documents dcoule de l'importance accrue des fonctions commerciales, particulirement critique actuellement dans les banques.
Le Crdit Lyonnais a rcemment dcid de perfectionner les documents destins ses clients dtenteurs d'actions. Ils reoivent de petits fascicules de papier aufr qui dcrivent en dtail leur portefeuille personnel: ventilation des actions, analyse statistique, situation financire globale. La banque en a confi la conception et la ralisation
Datapage, qui a dfini les diffrentes phases de leur laboration. Le faonnier reoit les donnes brutes, effectue les traitements de prsentation (calculs statistiques, mise en forme graphique, composition et mise en pages), impression sur plusieurs qualits de papier, faonnage, mise sous pli, postage.
La Redoute sous-traite toutes les fois qu'elle veut coller des objets publicitaires (cls, bagues...) sur ses envois, car cette opration exige un matriel spcial. Mais elle dispose elle-mme d'importants moyens d'impression pour les travaux plus courants... commencer par les liasses, ventuellement complexes, d'tiquettes et de bordereaux ncessaires son usine de prparation et d'expdition des paquets.
@INTER:Les dlais, un critre dcisif mais double tranchant
@TEXTE:Le raccourcissement et le respect des dlais, cruciaux l'poque du "juste temps", conduisent les utilisateurs des choix divergents. La sous-traitance fait gagner deux jours et demi la Compagnie des eaux et de l'ozone sur l'mission et l'expdition des factures et relances d'impays. En revanche, pas question pour La Redoute de sous-traiter cette impression.
Etroitement intgre son processus d'expdition, ses dlais se comptent au mieux en heures, dans une stratgie commerciale qui affiche le "48 heures chrono".
Plutt que de sous-traiter, Axa a chois de dlocaliser ses moyens d'impression, de les rpartir en dix centres placs au plus prs des agents gnraux. La sous-traitance est irremplaable pour absorber les pointes saisonnires: relevs fiscaux des banques la fin janvier, volumes exceptionnels de facturation La Redoute aprs la parution des catalogues, en janvier et juillet.
@INTER: Une logistique de milliers de tonnes
@TEXTE:Enfin, l'importance de la logistique doit s'apprcier ses masses. Un centre d'impression voit transiter des dizaines de tonnes de papier (des centaines, et mme des milliers de tonnes par an dans les grands centres bancaires). Leur rception, leur stockage, leur expdition exigent des locaux bien conditionns (temprature, hygromtrie), des quais de transit pour les camions et des accs pratiques.
Les sous-traitants (et les gros utilisateurs) s'implantent en fonction de ces exigences. Ils installent leurs "usines" en dehors des centres villes, l o- les mtres carrs restent un prix abordable, le parking facile et la circulation fluide. La BNP, par exemple s'est installe en banlieue d'Orlans).
D'autres entreprises prfrent rpartir l'impression pour minimiser la logistique, nous l'avons vu chez Axa.
@INTER:Des co-ts levs mais difficiles mesurer avec prcision
@TEXTE:Finalement, le co-t n'intervient gure dans la dcision. Le prix des matriels se compte pourtant en millions de francs pour une imprimante laser ou une chane de mise sous pli. Mais les tarifs des prestataires de service ne font pas la diffrence. Bouygues, aprs tude de propositions commerciales, conclut que les co-ts sont comparables, entre 17 et 18 centimes la page (hors faonnage), en interne comme en sous-traitance. Un des postes les plus levs, l'affranchissement (des millions de F par an), ne change pas avec le recours aux faonniers.
Les co-ts influent d'autant moins qu'ils chappent souvent une mesure prcise: l'informatique comptabilise les imprimantes, mais les affranchissements relvent des services gnraux, par exemple. Ce flou peut apporter un bon argument la sous-traitance: par nature mme, elle conduit une comptabilit prcise. Et ils peuvent ajouter, pour conclure: "Alors que nous allons vers le bureau sans papier, dchargez-vous sur nos spcialistes de ces problmes sans avenir".
@SIGNATURE:OLIVIER DUHAMEL