@SURTITRE:POUVOIR ET DEVELOPPEMENT
DYNAMIQUE DU DEVELOPPEMENT
QUAND L'UTILISATEUR DEVIENT ACTEUR
INDUSTRIEL
@TITRE:Le partenariat,
pourquoi, comment.
@CHAPO:Pour faire mieux, moins cher,
plus vite, le responsable informatique
recourt de plus en plus au partenariat.
Une formule lgre, souple... parfois
trompeuse. Notre enqute montre les
bonnes et mauvaises raisons d'y
recourir, et quelques ides sur la
marche suivre.
@TEXTE:Tout responsable informatique
dynamique se trouve aujourd'hui engag
dans un ou plusieurs partenariats, ou
envisage de s'y lancer. S'il n'y pense
pas de lui-mme, les constructeurs et
les SSII viennent frapper sa porte.
"Comme 75% des chefs d'entreprise
europens qui estiment que l'avenir leur
impose d'tablir un partenariat avec
leurs clients pour concevoir les
produits et les services rendus, les
socits de services appliquent cette
dmarche leur mtier", note par
exemple le rapport annuel Cap Gemini
Sogeti 1991. Aucune catgorie
d'utilisateurs ne peut se sentir exclue:
grands comptes, PME, tablissements
publics et mme les services centraux
des grands ministres.
@INTER:Les avantages de la souplesse
@TEXTE:Pour se lancer dans l'aventure,
les raisons ne manquent pas. La
ralisation de grands applicatifs vient
nettement en tte: entre le spcifique
(cher et limit) et le progiciel
industrialis (trop gnral, difficile
adapter), le partenariat ouvre une voie
toute naturelle.
La Sollac, par exemple, a rcemment
dcid de collaborer avec Cisigraph pour
concevoir et dvelopper un produit
d'optimisation d'emploi de l'acier. Ici,
le sidrurgiste apporte son savoir-faire
spcifique, la SSII son logiciel de
CFAO, son exprience dans la
modlisation des formes complexes. De
mme, Rhone-Poulenc fait commercialiser
un logiciel de PAO par une SSII
spcialise (voir encadr).
Mais le partenariat peut viser des
systmes cls-en-mains comportant aussi
du matriel spcifique, par exemple les
caisses libre-service du Crdit Mutuel
ralises avec Fichet-Bauche (voir
encadr). Les services sur rseau
stimulent aussi la crativit, comme le
montrent trois cas types comme la Seita,
Brun-Passot et Tedeco (voir reportage
dans ce mme numro).
Par rapport aux relations classiques
(client/fournisseur ou cration commune
d'une entreprise), le partenariat offre
une grande souplesse. On peut se
dclarer partenaires sans s'enfermer
dans un cadre juridique prcis, sans
engager de budget dfini. Et donc lancer
une coopration amicale, sur un pied
d'galit, sans faire intervenir les
juristes et les financiers avec la
lourdeur, les dlais et les contraintes
de toutes sortes lies leurs
techniques.
La souplesse d'un partenariat complte
utilement l'thique rigoureuse des
appels d'offres, estime Bernard
Delecroix (directeur du marketing,
direction automatismes et
tlcommunications, Dassault
Electronique). "Nous avons des intrts
communs avec nos clients. Ce qui compte,
c'est un bon produit, un bon prix, la
libert d'initiative. Si l'on applique
un black-out complet, sur un problme
complexe, il serait miraculeux que le
fournisseur dispose d'emble d'une
solution complte. S'il y a des changes
d'information, le client peut tre s-r
d'avoir le bon systme du premier
coup".
Enfin, le partenariat offre l'occasion
d'intresser peu de frais les mdias
pour une annonce spectaculaire. IBM sait
particulirement bien jouer de son image
pour s'attacher ainsi un client
intressant et explorer un secteur
conomique dfini. Son montage de
prdilection implique une petite SSII
filiale, o- le client-partenaire a
souvent une part du capital. C'est le
cas d'IB2 avec Bouygues, de Distal avec
le groupe d'assurances Victoire, d'Info
3D avec la ville de Torcy-Marne la
Valle.
Des montages plus complexes peuvent
associer plusieurs utilisateurs de la
mme profession pour faire dvelopper en
commun le progiciel relatif leur
mtier (par exemple, pour les HLM, celui
que pilote l'Opac 62 Arras). Ou des
firmes de spcialits diffrentes pour
proposer de nouveaux types de service.
Gospace, par exemple, regroupe l'IGN
(Institut gographique national, avec la
cartographie de base), la Lyonnaise des
Eaux-Dumez (savoir faire en matire de
systmes d'information gographiques et
liens avec les collectivits
territoriales) et Cap Sesa (intgration
de systme, dveloppement informatique,
traitement de images).
Pour certains responsables
informatiques, un peu l'troit dans
les limites de leur entreprise, la
partenariat est donc aussi l'occasion
d'largir leurs perspectives.
@INTER:Les dangers de l'imprcision
@TEXTE:D'autres praticiens du
partenariat attirent cependant
l'attention sur les dangers de cette
formule attrape-tout.
"Nous ne galvaudons pas l'ide. Notre
approche de la sous-traitance reste
proche des relations classiques de type
client-fournisseur", commente par
exemple Pierre Dion (directeur
informatique d'Usinor-Sacilor). Le
groupe en a cependant l'exprience, avec
des rsultats divers. Les inconvnients
d'un chec reste cependant limits pour
l'utilisateur qui, le plus souvent, n'y
a investi que du temps. Pierre Dion voit
dans certains partenariats l'exemple
d'un comportement que l'on a souvent
reproch l'industrie franaise: avoir
un produit et chercher le vendre,
plutt que de partir des besoins de la
clientle.
Mme sentiment de mfiance chez une
grande SSII:"Nous avons souvent
l'impression que le mot a plutt essay
de masquer des relations
client-fournisseur" explique Jean-Paul
Figer, directeur gnral de Cap Sesa,
qui y voit une tentative par le client
d'obtenir les prestations de service
moindre prix. Les constructeurs,
pense-t-il aussi, emploient le mot pour
cacher le fait qu'ils concurrencent les
SSII.
"Hier, le partenariat se prsentait aux
SSII comme une bonne technique pour
vendre des progiciels qui n'existaient
pas. Dans d'autres cas, elle leur
permettait de s'appuyer sur la notorit
d'un constructeur pour donner de la
crdibilit leur offre." commente
Daniel Duthil, rdacteur en chef de la
revue spcialise Expertises.
Mais il voit la situation s'inverser
aujourd'hui: dans le monde Unix,
l'utilisateur commence le plus souvent
par choisir le logiciel, et met ensuite
les constructeurs en concurrence pour
fournir le matriel. "Dans cette
optique, le partenariat
constructeur-SSII permet au constructeur
de se placer".
@INTER:Partenaires pour mieux
communiquer
@TEXTE:Pour bien utiliser de partenariat
sans tomber dans ses pices, une
premire solution consiste employer le
mot comme un simple habillage d'une
relation contractuelle classique.
On y gagne des effets psychologiques
dont il ne faut pas sous-estimer
l'utilit. Les hommes s'impliquent mieux
dans un climat de confiance rciproque.
L'information circule sans se plier aux
clichs primaires du commercial servile,
de l'acheteur mfiant. Ni aux arcanes
d'une comptabilit dtaille mal adapte
une matire grise stimule par la
comptition et la ractivit. La
prsentation aux mdias garde une dose
de flou artistique, voire "new age".
Mais la solidit du montage sous-jacent
prserve la vrit des prix et l'quit
des rpartitions. Et si les mdias
prennent la peine de se poser des
questions, ils peuvent y trouver des
rponses sans ambigut.
On peut lire dans cet esprit, par
exemple, le "Livre blanc sur la
partenariat" (publi par l'Afnor en
1986). Il vise principalement la
sous-traitance, dans une optique
"qualit totale" la japonaise. Il
insiste la fois sur "la confiance, la
coopration, la prosprit commune et la
responsabilit sociale", et sur la
prciser des contrats, y compris les
mthodes d'apprciation de la qualit et
le mode de rsolution d'ventuels
conflits. Usinor-Sacilor applique ces
principes ses contrats informatiques,
comme l'a rcemment rappel Pierre Dion
une journe de l'Afai (Association
franaise d'audit informatique).
@INTER:Le partenariat comme solution
d'attente
@TEXTE:Une deuxime solution considre
le partenariat comme une forme de
relation temporaire, pr-commerciale en
quelque sorte. Il permet alors
d'explorer sans liens formels des
possibilits techniques ou des niches de
march encore vierges.
Mme dans ce cas, Jean-Paul Figer
recommande de prciser les objectifs et
les engagements, par exemple avec un
simple contrat d'tude mene frais
communs. "Travaillons dans la clart.
Appelons un chat un chat. On dfinira
plus tard une structure qui tienne
compte des souhaits et des intrts des
parties". Mais d'autres prfrent le
tour plus convivial d'une "charte de
partenariat" (cas de la ville de Torcy).
Dans cette optique de coopration
temporaire, il faut en tous cas prciser
quelques points, plus ou moins
importants selon les cas. Citons
notamment: la dure du partenariat, la
mise disposition de matriels,
logiciels et autres infrastructures, les
effectifs impliqus de part et d'autre
le projet, la proprit des marques et
brevets, la proprit des fichiers
techniques ou commerciaux, les clauses
d'exclusivit et de non-concurrence.
Quant au statut juridique, au del des
simples contrats d'tude ou de
sous-traitance, le partenariat peut
conduire constituer une entit
autonome. Le droit commercial offre une
large panoplie de statuts, depuis
l'association 1901 jusqu'a la socit
anonyme, en passant par le GIE, la
socit civile, la fondation
scientifique, le syndicat professionnel.
Le choix dpend des objectifs (plus ou
moins commerciaux), du niveau des
investissements, des profils et
carrires du personnel impliqu et du
statut juridique des parties.
Le GIE, par exemple, convient
particulirement bien aux
administrations, et laisse aux parties
une grande libert dans la rpartition
des pouvoirs et des produits. Cas
typique, entre des partenaires bien
diffrents par leur statut et leurs
dimensions: Gospace, entre l'IGN,
Cap-Sesa et Lyonnaise des eaux-Dumez.
La SA, plus lourde et plus rigide,
offrant la garantie d'une gestion aux
contraintes prcises, s'applique surtout
des partenariats d'orientation
nettement commerciale, assortis
d'investissements non ngligeables . Cas
d'cole: IB2, filiale commune de deux
grands groupes industriels
internationaux, IBM et Bouygues.
@INTER:Pas de solution parfaite
@TEXTE:Concept juridiquement imprcis,
appliqu des projets novateurs donc
risque, le partenariat ne dbouchera pas
toujours sur de grands rsultats. Peu
importe, en gnral, si l'on n'a pas
mise trop gros. La brouille, en
revanche, peut gcher un succs
technique et surtout commercial. Le
gnial concepteur d'origine tend
sous-estimer l'importance des efforts
commerciaux consentis par la SSII, et
rciproquement. Un troisime larron
s'approprie des fichiers...
Mieux vaut alors ne pas trop compter sur
les voies judiciaires. De tels dossiers,
techniquement pointus, portent sur des
technologies et des situations
rapidement volutives. "La
jurisprudence, notamment celles des
cours d'appel, correspond en gnral
une philosophie du partenariat qui n'est
plus celle d'aujourd'hui", souligne
Daniel Duthil.
Raison de plus pour dfinir clairement
les enjeux au dpart. Mais aussi pour
conserver un brin de philosophie: le
partenariat, c'est sympa et a peut
rapporter gros, mais a ne marche pas
tous les coups!
@SIGNATURE:PIERRE BERGER
@ENCADRE TITRE:Banque et constructeur
@ENCADRE TEXTE:Les automates mis en
place par le Crdit mutuel mditerranen
Toulon ont associ les quipes de la
banque et de Fichet Bauche.
Le communiqu prcise:"C'est un dialogue
ouvert avec un partenariat constructif
et permanent, avant et pendant le
chantier, avec le Crdit mutuel et ses
responsables rgionaux, qui a permis
cette ralisation exemplaire".
Voil un exemple type d'emploi du
partenariat pour communiquer.
La mdiatisation commune de cette
ralisation tait avantageuse tant pour
la banque que le constructeur. Mais la
relation juridique sous-jacente est de
type client-fournisseur, comme nous l'a
confirm Claude Sbastia, directeur de
la Caisse. "Le Crdit mutuel
mditerranen, ayant dfini un concept
de caisses libre-service intgral...
c'est Fichet qui a t choisi pour la
concevoir et l'installer cl en main".
(nota: mettre la photo dans cet encadr)
@ENCADRE TITRE:Industriel et SSII
spcialise
@ENCADRE TEXTE:Rhone Poulenc
Industrialisation a mont avec prcision
son partenariat avec Intrasec, SSII
constitue spcialement pour
commercialiser un de ses logiciels.
RPI a pour rle, au sein du groupe,
d'apporter aux autres filiales des
prestations d'ingnierie. Ses travaux
sur les schmas et les plans d'usine
(planimtrie), l'ont conduite toffer
ses comptences et ses ralisations en
PAO technique sur microstations
Interleaf. Ils ont dbouch sur la mise
au point d'un produit, Priam
planimtrie, dont la commercialisation
est assure par Intrasec, SARL au
capital de 100 000 F, effectifs 5
personnes.
Le partenariat est mont pour dix ans,
et suivi avec prcision, notamment quant
aux investissements des deux partenaires
pour le perfectionnement du produit.
"Tous les ans, nous regardons les
ratios, les temps investis par les uns
et les autres. Au dpart,
l'investissement tait 100%
Rhone-Poulenc. La part d'Intrasec
s'accrot progressivement, mais il n'est
prvu qu'elle dpasse un jour 50%. La
rpartition des revenus entre les
partenaires tient compte de ratio",
explique Jrme Trollet, responsable
organisation et informatique de
Rhone-Poulenc Industrialisation. Par
ailleurs, Intrasec dveloppe ses frais
des extensions au produit et en est
pleinement propritaire.
FAX DUTHIL 40 38 96 43