@SURTITRE 1:TABLE RONDE LMI-SYNTHESE

INFORMATIQUE

@TITRE:Vers des r‚seaux haute performance

@CHAPO:Quatre trŠs grands comptes font passer leur r‚seau … la vitesse sup‚rieure. Ils intŠgrent informatique et t‚l‚communications, normalisent en respectant les besoins locaux, mettent en place des services nouveaux comme la visio-conf‚rence et le t‚l‚chargement. Et savent trouver les comp‚tences n‚cessaires.

@INTERVIEW QUESTION:Gestion de r‚seau et exploitation informatique se rejoignent. Comment organisez-vous cette ‚volution dans votre entreprise.

@TEXTE:REGINALD ALLOUCHE (Assistance publique, H“pitaux de Paris). Il y a trois ans, notre informatique ‚tait absolument centralis‚e. Le r‚seau se r‚duisait … des lignes point … point d‚ploy‚es autour du site central: il n'y avait pas de systŠme r‚seau … proprement parler. Pour le mettre en place, il a donc fallu casser culturellement cette situation et faire venir une ‚quipe de sp‚cialistes. Ils ont … la fois assur‚ le cƒblage des ‚tablissements (une cinquantaine d'h“pitaux) et d‚ploy‚ le r‚seau. Ils se distinguent aujourd'hui de ceux qui ont … le g‚rer, … la fois par leur technicit‚ et par leur psychologie.

SERGE HERMANN (IBM France). R‚seau et site central sont tout … fait int‚gr‚s chez nous. Une ‚quipe pr‚pare la strat‚gie, une autre assure la production. Mais, … ces deux niveaux, les experts relŠvent de la mˆme organisation.

Au plan des op‚rations, la gestion des systŠmes et la gestion des r‚seaux appartiennent maintenant … une seule et mˆme entit‚. De toutes fa‡ons, depuis longtemps … IBM, le chef de centre, o- qu'il soit, a toujours ‚t‚ responsable du service vis … vis de l'utilisateur.

Nous avons donc trŠs vite assimil‚ les deux fonctions sous la mˆme responsabilit‚

Actuellement dans une ‚tape de grande consolidation, nous r‚duisons le nombre de centres, d‚veloppons les centres strat‚giques et fermons les centres secondaires. Nous avions autrefois quelque vingt-cinq salles machines. Aujourd'hui, nous pilotons le r‚seau fran‡ais … partir de deux lieux seulement, qui euvent se d‚panner l'un l'autre. Et, … terme, nous envisageons de n'avoir plus qu'un seul centre de pilotage pour la totalit‚ des sites centraux du r‚seau.

EDOUARD ODIER (Amadeus). Nos ‚quipes de gestion de r‚seaux et d'exploitation informatique, situ‚es … Munich, sont reli‚es mais s‚par‚es. Car notre systŠme d'exploitation TPF a des contraintes sp‚cifiques. L'exploitation informatique est donc totalement d‚connect‚e de la gestion de r‚seau. Et l'on ne voit pas comment on pourrait changer cette situation dans les ann‚es qui viennent.

Par ailleurs, nous utilisons Netview, qui nous permet de maŒtriser les fonctionnalit‚s des parties de notre r‚seau sous SNA, mais nous devons aussi communiquer avec nos partenaires qui utilisent d'autres architectures de r‚seau.

JACQUES SASSOON (Caisse nationale du cr‚dit agricole). Le monde bancaire doit faire communiquer de multiples r‚seaux. Outre le r‚seau de la caisse nationale et celui des caisses r‚gionales, nous travaillons avec le SIT au niveau national, Swift pour les ‚changes internationaux...

Nous avons d‚velopp‚ la gestion et le pilotage de r‚seaux. Mais des raisons de s‚curit‚ et de confidentialit‚ nous obligent … mettre en place des fonctions trŠs particuliŠres par rapport … des exploitations d'informatique de gestion classiques.

Nous pratiquons un "urbanisme" des systŠmes d'information. Nous distinguons les autoroutes, les routes nationales et les chemins vicinaux. Et, sur chaque type de route, il faut s'assurer qu'elle n'est pas enneig‚e et qu'il n'y a pas lieu de la d‚gager (fonctions de transport), surveiller les convois de camions qui passent (services r‚seaux), et enfin v‚rifier le contenu des camions (applications).

La gestion de l'ensemble de la caisse nationale est unifi‚e, ramen‚e … un seul endroit. Mais nous ne pouvons pas, aujourd'hui, ramener toutes ces surveillances sur un seul ‚cran. Et il y a bien trois niveaux de surveillance et de s‚curit‚. Il s'agit d'‚quipes diff‚rentes, de m‚tiers diff‚rents.

Ces trois couches (routes, camions, contenus) ne sont qu'une maniŠre de d‚couper les sept couches OSI. Pour progresser, il faut pouvoir passer … travers une s‚rie de normes, avec des points d'ancrage normalis‚s pour les services. Nous demandons aux fournisseurs de se caler sur ces points d'ancrage. nous voulons pouvoir demain changer de transfert de fichiers sans changer de r‚seau physique.

@INTERVIEW QUESTION:Comment coop‚rer malgr‚ les lacunes de la normalisation?

@TEXTE:R.A. Deux approches s'opposent. La premiŠre place la barre trŠs haut, r‚unit des consultants et des utilisateurs, imagine l'avenir. La deuxiŠme traduit l'inqui‚tude du responsable d'entreprise, bien ennuy‚ parce qu'il a besoin de ces normes pour travailler. Il se demande: "Faut-il attendre o- y aller?". Et je crois qu'il faut "y aller" car, sinon, la norme peut mettre des ann‚es … ‚merger, d'autant que les constructeurs qui participent aux travaux visent … contr“ler le processus, sinon … le retarder. Celui qui a une offre a tendance … dire: "Attendez". Ceux qui n'en ont pas poussent … fond pour avoir le premier produit standard.

Dans le processus d'‚laboration des normes, les utilisateurs doivent ˆtre beaucoup plus largement repr‚sent‚s. Ils doivent mettre la pression sur les fournisseurs. Car les retards nous co-tent trŠs cher

S.H. Notre informatique interne est homogŠne au point de vue mat‚riel et logiciel. Nous n'avons pas pouss‚ au maximum l'adoption de standards trŠs bien d‚finis entre pays. Mais nous allons dans cette direction, du fait de l'int‚gration du r‚seau europ‚en. Jusqu'… pr‚sent, nous sommes dans une situation satisfaisante avec SNA. Mais nous nous ouvrons aux r‚seaux h‚t‚rogŠnes. Nous sentons, en particulier, l'importance d'utiliser TCP/IP, y compris en interne. Pour nous, il n'y a pas aujourd'hui de barriŠre s'opposant … l'ouverture et aux r‚seaux h‚t‚rogŠnes. Nos laboratoires et nos usines commencent … utiliser Unix, AIX chez nous. Nous ne pouvons donc plus en rester … SNA.

R.A. Le jour o- les utilisateurs exprimeront clairement leur volont‚, je fais confiance aux fournisseurs: ils nous offriront des produits compatibles plug to plug. Ne nous formalisons pas sur des points qui n'ont aucun int‚rˆt.

J.S. Je pr‚fŠre parler d'urbanisme plut“t que d'architecture. Pour les applications comme pour les t‚l‚communications, nous ne devons plus raisonner comme un architecte, qui d‚molit constamment tout pour reconstruire un r‚seau sp‚cifique, complet et de bout en bout. L'urbaniste, quand il r‚nove une ville, doit op‚rer par quartiers. Pendant qu'on r‚nove, il faut que l'eau, le gaz et l'‚lectricit‚ continuent … ˆtre distribu‚s.

Nous devrons faire coexister des quartiers du XXeme, du XVeme, du Xxeme siŠcle. Car nous ne pourrons plus faire table rase et tout refondre. Cette ‚poque l… est r‚volue.

E.O. La partie internationale de r‚seau ‚tant totalement nouvelle, nous avons pu d‚finir une architecture. Mais, … l'inverse, quand nous nous connectons sur les r‚seaux des agences de voyage fran‡aises, sur le r‚seau privatif d'Air France avec son protocole particulier (qui remonte … 1968 et est en cours de remplacement), avec les r‚seaux allemands ou thailandais... nous n'en maŒtrisons pas l'‚volution.

Nous dialoguons beaucoup, notamment entre techniciens d'Amadeus et d'Air France. Mais nous ne pouvons pas ˆtre s-rs que nous partenaires choisiront une strat‚gie homogŠne avec la n“tre. Cela limite nos ambitions en matiŠre de services … leur proposer.

J.S. Avec les r‚seaux interbancaires et internationaux, il faut savoir travailler avec les normes locales, mais avec des points d'ancrages bien normalis‚s … l'interface.

@INTERVIEW QUESTION:Comment d‚veloppez-vous les communications … haut d‚bit?

@TEXTE:J.S. Notre strat‚gie se d‚finit assez clairement. Aux basses vitesses, c'est … dire tout de mˆme jusqu'… 1 m‚gabit/seconde, nous avons maintenant prolong‚ nos liaisons internes par le r‚seau public commut‚, qui s'est transform‚ en un r‚seau X25. Pour les forts d‚bits, … 100 m‚gabits/seconde, nous avons install‚ nos boucles de vitesse en FDDI. Demain, leur interconnexion passera par ATM. Nous pensons que nous irons de toutes fa‡ons vers le r‚seau commut‚. Chacun ne se paiera pas son propre r‚seau.

Sur les autoroutes, nous faisons tout passer: t‚l‚phone, X25, demain liaisons entre machines centrales. Nous ‚conomisons ainsi de nombreuses lignes t‚l‚phoniques.

E.O. Notre centre informatique de Munich est reli‚ par lignes sp‚cialis‚es (2 m‚gabits/seconde) avec les r‚seaux nationaux des compagnies a‚riennes et avec notre centre de d‚veloppement … Sophia Antipolis.

S.H. IBM vient de passer contrat, au niveau europ‚en, avec Syncordia. Toute notre r‚seau grande vitesse, d'un point de vue physique, transport, va donc se mettre en place de fa‡on coordonn‚e, avec pilotage des lignes par cet organisme. Alors qu'auparavant la responsabilit‚ en revenait … IBM UK. Quant … l'int‚gration des liaisons t‚l‚phoniques, la France ‚tait en retard sur IBM Europe, du fait de tarifs PTT plus int‚ressants. Mais nous mettons maintenant en place les moyens n‚cessaires pour faire passer la voix sur les autoroutes.

@INTERVIEW QUESTION:La visio-conf‚rence vous devient donc accessible … co-t marginal. L'utilisez vous?

@TEXTE:S.H. En 1992, nous faisons installer 26 systŠmes en France. Des exp‚riences-pilotes, men‚es l'ann‚e derniŠre, nous ont conduit … les g‚n‚raliser. Les ‚checs ant‚rieurs tenaient au fait que la visio-conf‚rence ne pouvait se pratiquer qu'… partir de quelques studios, trŠs peu utilis‚s.

Nous nous dotons aujourd'hui de systŠmes transportables, connectables dans n'importe quel bureau, avec une prise RNIS.

L'investissement se paye en six mois, mˆme sans prendre en compte l'‚conomie de temps. Notre premiŠre approche est de louer une partie du mat‚riel, et de n'acqu‚rir que les ‚l‚ments dont la technologie est ‚prouv‚e, par exemple les t‚l‚viseurs, que nous achetons dans les grandes surfaces.

E.O. Nous pratiquons r‚guliŠrement de la visio-conf‚rence entre nos trois sites de Madrid, Munich et Sophia-Antipolis. Nous utilisons en g‚n‚ral nos ignes de back-up … 2 m‚gabits/s.

R.A. Au prix du ticket de m‚tro, nous ne pouvons pas rentabiliser la visio-conf‚rence entre nos sites parisiens. Mais, ce qui se d‚veloppe beaucoup, c'est e diagnostic … distance (voir dans ce mˆme num‚ro, le reportage pr‚sent‚ … l'Afcet). Les sp‚cialit‚s de trŠs haute technicit‚ sont rares. En outre, les h“pitaux en p‚riph‚rie ne veulent pas transf‚rer certains malades, en neuro-chirurgie par exemple. Une visio-conf‚rence, compl‚t‚e par une image scanner ransmise par Num‚ris ‚vite un h‚licoptŠre, des motards et le transfert du personnel chirurgical et de la famille.

J.S. Il en va de mˆme pour les sp‚cialistes pointus en gestion de portefeuille, en fiscalit‚. Pour ces consultations de haut niveau, le co-t de communication est n‚gligeable.

@INTERVIEW QUESTION:Le t‚l‚chargement de programmes prend-il de l'ampleur?

@TEXTE:J.S. Quant il s'agit d'implanter 3000 exemplaires d'un mˆme programme sur l'ensemble des r‚seaux locaux d'agence, par exemple, il n'est pas question d'envoyer 3000 disquettes. Mais, ici encore, il y a diff‚rents niveaux. Certains logiciels sont disponibles en r‚seau sur un serveur local. D'autres se diffusent du central vers les diff‚rents centres concern‚s, par exemples les programmes des centres d'autorisation.

L'‚volution actuelle de la tarification des logiciels pousse aux solutions en r‚seau, avec une comptabilit‚ des temps d'utilisation poste par poste.

S.H. La distribution des programmes se met en place sur des r‚seaux locaux, par l'interm‚diaire de serveurs. C'est indispensable. Quant … la tarification … l'utilisation, on y viendra, mais sous la pression des utilisateurs et en fonction du co-t que le logiciel repr‚sente dans l'ensemble de co-ts informatiques. Actuellement, la part du mat‚riel baisse, donc cette ‚ch‚ance arrive. Mais comment la question sera trait‚e, c'est une autre paire de manches.

R.A. Hier, tout ce qui venait du centre, ‚tait toujours v‚cu comme impos‚. Mais aujourd'hui, tout le monde comprend mieux la n‚cessit‚ de ces distributions de logiciels … partir du site central: les utilisateurs ont tellement de besoins, per‡oivent tellement la charge que repr‚sente l'exploitation des r‚seaux...

E.O. Nous rempla‡ons progressivement les terminaux par des stations sous OS/2. Nous offrons aux agences de voyage des applications de gestion commerciales. Le t‚l‚chargement des programmes est donc indispensable. Mais le r‚seau Transpac, que nous utilisons actuellement, n'a pas le d‚bit suffisant. Les agences int‚ress‚s par les applications de gestion vont passer sur Num‚ris, et nous pourrons mettre en place un t‚l‚chargement digne de ce nom, ce qui n'est pas facile ‚tant donn‚ la taille du r‚seau (en France, 3000 agences, 7000 terminaux).

@INTERVIEW QUESTION:O- trouvez-vous les comp‚tences n‚cessaires?

E.O. Nous avons embauch‚ environ 650 personnes, et l'op‚ration s'est termin‚e il y a un an. Nous n'avons pas eu trop de mal … attirer les comp‚tences, en partie en provenance des compagnies a‚riennes, mais aussi d'IBM et de notre fournisseur am‚ricain System One.

RA. Les personnels qui maintenaient le t‚l‚phone maintiennent maintenant le r‚seau. Ils appr‚cient beaucoup cette mont‚e en qualification. De toutes fa‡ons, la fonction publique n'a pas les ressources qui lui permettraient d'embaucher des techniciens r‚seau. Et la formation en interne des hommes venant des t‚l‚communications s'avŠre rassurante et bienfaisante. Ils approchent les problŠmes d'une maniŠre bien plus m‚canique, plus r‚flexe que les hommes r‚seau venus de l'informatique, toujours tent‚s d'inventer ou de r‚inventer. L'homme t‚l‚coms est plus pragmatique.

S.H. Il est habitu‚ au harcŠlement des utilisateurs quand le t‚l‚phone ne marche pas.

J.S. Il ne lui viendrait pas … l'id‚e de casser les programmes de son autocommutateur. Quant aux manques ‚ventuels de personnels pour l'exploitation et la conception, la sous-traitance existe et existera de plus en plus.

@LEGENDE PHOTO:R‚ginald Allouche (Assistance publique): "Il faut s'engager, sinon les normes mettent des ann‚es … ‚merger".

Jacques Sassoon (Cr‚dit agricole):"Je pr‚fŠre parler d'urbanisme que d'architecture".

Serge Herman (IBM France):"Nous nous ouvrons aux r‚seaux h‚t‚rogŠnes".

Edouard Odier (Amadeus):"Le t‚l‚chargement des programmes est indispensable".

@ENCADRE TITRE:LES PARTICIPANTS

@ENCADRE TEXTE:

R‚ginald Allouche (directeur de l'‚quipement et du systŠme d'informatique, Assistance Publique H“pitaux de Paris), Serge Hermann (directeur, plan et strat‚gie, systŠme d'information et des t‚l‚communications, IBM France), Edouard Odier (directeur g‚n‚ral, Amadeus France), Jacques Sassoon (directeur charg‚ de la direction des r‚seaux et systŠmes d'information, Caisse nationale du Cr‚dit Agricole).

Animateurs: Pierre Berger (Le Monde Informatique) et Bernard Sauteur (SynthŠse Informatique).