L'ASSURANCE COMME SYSTEME
Il semble a priori aisé de se lancer dans une modélisation de l'assurance, de ses entreprise et de son marché, de la même manière qu'on pourrait le faire pour n'importe quelle activité économique. En effet, ses activités, ses règles de fonctionnement, son système d'information même sont largement stabilisés, et même définis par des textes règlementaires détaillés.
De plus on dispose, et sur une longue période temps, de données chiffrées précises et homogènes.
On devrait donc pouvoir élaborer un modèle de l'entreprise d'assurance, de son développement, des accidents de parcours, des actions possibles et des régulations stabilisatrices, etc.
Il me semble cependant que, préalablement ou simultanément, une analyse plus fondamentale devrait être menée, si l'on veut vraiment comprendre les mécanismes qui ont marqué le développement de l'assurance et les voies dans lesquelles elle peut aller.
L'assurance n'est pas, en effet, une industrie sans rapport avec la morale, portant sur des biens matériels dont la puissance publique pourrait se désintéresser, et qui rentrerait sans difficulté dans le modèle traditionnel de l'entreprise en économie libérale. Elle n'a donc jamais été tout à fait abandonnée aux lois du marché, et reste soumise à des influences déterminantes que tout modèle doit prendre en compte sans pouvoir en rendre compte, à moins d'être un modèle plus général économico-politique.
L'application correcte de la loi des grands nombres, le calcul de primes et de réserves adéquates, supposait un développement des notions et techniques
probabilistes, statistiques et actuarielles suffisantes.
Il fallait aussi pouvoir mettre en place des structures administratives stables, compétentes et sûres.
L'EMERGENCE PROGRESSIVE D'UN CONCEPT COMPLEXE
Tous ces facteurs ont été progressivement réunis au cours des XVIIe et XVIIIe siècles.
La paix s'installe sur les routes, sur les mers, dans les villes.
On sort peu à peu d'un univers médiéval essentiellement religieux et superstitieux, pour développer une rationalité qui va délimiter un vaste
domine "séculier" où commerce et industrie pourront se développer sans complexes.
Les techniques mathématiques font de grands
progrès. Les bureaux se développent rapidement (le mot
"bureaucratie" date du Directoire).
Il était donc logique de voir émerger, à partir de
racines qui remontent à l'antiquité, le concept
d'assurance au cours de ces deux siècles:
- 1686, ordonnance de Colbert autorisant la
création d'une compagnie d'assurance,
- 1786, création de la Compagnie royale d'assurances.
On retrouve associés à cette création aussi bien les pouvoirs publics que des financiers et de
mathématiciens.
Exemple significatif: Thomas de Colmar, créateur du Soleil incendie, est aussi l'inventeur de
l'arithmomètre, ancêtr des machines à calculer classiques à quatre opérations qui prospèreront
jusqu'aux années 1970, soit environ 150 ans.
UN PARADIGME COMPLEXE
Le rôle de l'assurance est de protéger les
personnes, individus ou organismes, contre des risques
qui mettent leur existence ou leur bien-être en danger.
Mais elle ne peut opérer que sous certaines conditions
et dans certaines limites.
Un minimum d'ordre
Opérant par compensation, l'assurance suppose que
la sécurité des biens et des personnes est globalement
acquise. Sinon, on se trouve en situation dite "de
catastrophe", ou de guerre, et l'on ne peut plus
appliquer le principe fondamental: répartir quelques
rares sinistres sur de nombreux assurés.
Le mécanisme même de cette répartition suppose que
les personnes ont le loisir de penser à l'avenir, de
faire une petite dépense immédiate pour couvrir un
risque futur. Il suppose également la paix nécessaire
au fonctionnement d'un organisme administratif
d'enregistrement et de répartition.
Une large valorisation monétaire des biens
Si le principe d'indemnisation peut, en principe,
fonctionner en nature, l'essentiel de l'assurance est
basé sur une répartition monétaire du préjudice subi.
Cela suppose un univers suffisamment désacralisé pour
que les biens puissent se mesurer en unités monétaires.
Les biens et même la vie et la santé des personnes.
La protection apportée par l'assurance est
fondamentalement a-morale, ce qui ne veut pas dire
immorale, bien que certaines idéologies ou religions
puissent interdire l'assurance. Même aujourd'hui, on
peut rester un peu mal à l'aise devant les savants
calculs de points d'indemnisation pour préjudices
corporels, moraux et autres pretium doloris.
L'apparition de techniques mathématiques et
administratives
...
LE NOYAU FONDAMENTAL
Ces différentes composantes de l'assurance font
qu'un organisme qui la pratique a nécessairement une
certaine dimension. Il faut en effet réunir les
éléments suivants:
- un portefeuille de risques suffisamment nombreux
pour se compenser dans des conditions normales,
- une compétence technique et commerciale
suffisante pour souscrire les risques,
- un organe comptable, administratif et
statistique,
- un support financier pour constituer les
réserves,
- des primes suffisamment élevées pour que leur
chargement puisse rentabiliser l'existence du "noyau",
- enfin, une structuration suffisante pour jouer
raisonnablement et de manière crédible le double rôle
du souscripteur compréhensif et du liquidateur
rigoureux. En effet, une des caractéristique du métier
est cette dissymétrie fondamentale des attitudes
relations avec les clients.
Une personne seule ne peut assumer toutes ces
fonctions. Un assureur est nécessairement une "personne
morale" qui ne peut se résumer à une personne physique.
ROLE DE L'ANALYSE SYSTEMIQUE EN PARTANT DE CE
NOYAU
S'appuyant sur ce principe fondamental, qu'il faudrait d'ailleurs décrire plus complètement,
l'analyse de systèmes devrait permettre de répondre à des questions qui restent essentielles:
- est-il souhaitable de multiplier de petites structures proches du noyau minimal, ou au contraire y-a-t-il intérêt à constituer les structures les plus puissantes et le plus intégrées possible ?
- l'Etat n'est-il pas la meilleure structure pour offrir toutes les catégories d'assurance, notamment toutes celles qui sont obligatoires ?
- comment organiser la délégation et la
décentralisation dans une Compagnie ?
- peut-on cerner, chiffrer le seuils et les
niveaux optimaux pour les différents types de décision
et de compensations comptables, financières et
statistiques ?
- en étudiant les mouvements de la profession dans
le passé, en relation avec l'évolution générale de
l'économie et des doctrines, peut-on prévoir et
orienter les évolutions futures en liaison avec les
prévisions économiques et les grands choix politiques ?
- quel est le rôle historique, actuel et futur est
agents et courtiers ? L'agent ne pouvant être le noyau
fondamental, comment fonder la cohérence de son rôle,
la rentabilité de ses structures, l'équilibre de ses
tâches ?
=INSURANCE =ASSURANCE
Could disappear
if community too large
other ways of implementing security
check with: more data about people
less data (privacy/tax evasion)