@SURTITRE:XAVIER GOUT, DIRECTEUR INFORMATIQUE ET DES TECHNOLOGIES NOUVELLES A L'UAP
@TITRE:
@QEn matière d'architectures, nous avons beaucoup donné la parole aux "modernes", partisans d'Unix et des systèmes ouverts. Nous avons souhaité présenter d'autres points de vue, notamment celui de l'UAP.
@REn attaquant de cette manière, vous nous qualifiez implicitement d'anciens... Je ne peux pas vous le laisser dire. Nous avons certes une informatique centrale à base de mainframes. Mais, en paraphrasant Malherbe, sur des airs anciens nous écrivons des airs modernes.
Nous disposons de deux sites de traitement, l'un à Lille, l'autre à Vineuil (près de Blois). Identiques en termes de configuration, ils peuvent se secourir l'un l'autre: en 24 heures, nous pouvons basculer sur un seul site toutes les applications critiques.
Chaque site dispose d'un IBM ES 9000/982 octoprocesseur. Les différences portent sur le personnel. Une douzaine de personnes seulement à Lille, site très automatisé. Des effectifs plus nombreux à Vineuil, pour des raisons historiques. Mais avec aussi des activités d'impression, de préparation, de support infocenre.
Nous ne pratiquons pas le mono-pilotage, sauf pendant les fins de semaine. Cependant, en régime de croisième, nous pouvons déclencher n'improte lequel de nos ordinateurs à partir de Lille, de Vineuil ou de Courbevoie.
Quant nous sommes passés de 6 à 8 processeurs sur nos machines centrales, nous n'avons observé aucune dégradation de performances. La puissance a pratiquement été augmentée dans les même proportions. Et même plus, puisque nous avons pris des processeurs plus puissants. Pour l'avenir, si le besoin s'en fait sentir, nous pourrions passer à dix processeurs. En tous cas, cela pourrait constituer une étape intermédiaire.
Nous commes convaincus d'avoir, pendant encore très longtemps, besoin de systèmes transactionnel de masse, capables de traiter de gros volumes. Il nous faut donc une forte puissance instantanée.
Si la puissance unitaire d'un processeur n'augmente plus, mais qu'il faille multiplier les processeurs, nous avons beaucoup travaillé avec différents partenaires pour vérifier que nous n'étions pas dans une impasse. Ces discussions nous permettent un certain optimisme. Elles nous aussi conduit à repenser un peu l'architecture de notre système transactionnel. En profitant par exemple des options qui permettent de créer des multi-régions clonées. La charge se répartit, et nous gagnons en sécurité. Avec dix clones de CICS, une panne ne bloquera qu'un dixième de la puissance.
Cette tendance nous satisfait parfaitement. En partant d'un système monolithique, qui nous inquiétait un peu, nous nous voyons capables de le découper, de le séparer. Actuellement au niveau logique essentiellement. Il s'agit encore d'un couplage très serré. Il deviendra peut-être plus lâche dans l'avenir, à l'intérieur d'un même site. Et si l'on peut un jour passer à un couplage plus lâche encore, avec un éclatement physique... nous sommes en tous cas sur la bonne voie pour nous préparer à ces possibilités. Mais nous ne croyons pas à la maîtrise d'un environnement complètement distribué.
Nous regrettons toutes les déclarations péremptoires qui proclament "Hors du client/serveur, point de salut". Elles n'ont pas de fondement sérieux et relèvent du dogme et de la mode plus que du raisonnement approfondi.
Dans notre contexte, le client/serveur augmenterait sensiblement les dépenses, si nous le faisions sérieusement, c'est-à-dire en garantissant la même qualité de service, la même sécurité, la même disponibilté, la même intégrité des données.
@QAnnonces IBM CICS
@R. Elles ne nous laissent pas indifférents. Elles nous confirment en tout cas que CICS était un bon choix. Que ce produit n'est pas en train de mourir doucement ou subrepticemnet, mais reste une plate-forme en voie de développement. Ces annonces ouvrent des perspectives sur une forme de client/serveur s'appuyant sur des CICS locaux. Cela fait partie des vois que nous explorons quand nous cherchons à définir notre acception du concept de client/serveur.
@Q et pour les données
@RNous utilisons la gestion de fichiers VSAM. Mais nos équipes ont construit, il y a longtemps, un ensemble d'outils logiciels. Ils aident au développement en apportant à la fois une méthode et des outils qui facilitent le travail du programmeur. Nous pouvons ainsi travailler avec toutes les structures de données.
DB2 nous semble maintenant présenter un certain nombre d'avantages et nous préparons deux applications qui y feront appel. Mais VSAM ne nous bloque pas, grâce à nos outils complémentaires. Ils sont un point fort de la culture informatique de notre maison.
Au dessus, nous développons en Cobol (il reste de l'assembleur dans l'interface avev VSAM, mais on n'y touche pratiquement pas).
@Q Cela fait tout de même une informatique très ancienne
@R Je ne vous permets pas de dire que nous avons une informatiqeu ancienne. Elle est complètement actuelle et tout à fait performante, car ceux qui l'ont conçue avaient quinze ans d'avance.
En matière d'équipement réseau, nous avons suivi toutes les possibilités technologiques offertes par France-Télécom. Numéris, par exemple, qui s'implante progressivement dans nos relations avec nos agences générales.
Par ailleurs, nous avons 6000 micro-ordinateurs dans la compagnie. Sous Dos/Windows avec Word, Excel, Works. Au total, 10000 postes de travail pour 10000 personnes dans nos services administratifs
La montée en puissance des postes de travail nous conduit à réfléchir à de nouvelles possibilités. A une architecture où l'intelligence et les traitements se répartissent entre serveurs et postes de travail. Mais nous y travaillons dans le secret de notre usine. Et pour l'instant, nous constatons qu'actuellement, pour notre taille d'entreprise, l'architecture et les outils client/serveur ne nous permettent pas de garantir à l'entreprise un système à tout momenet opérant, disponible, avec des données sécurisées. Nous n'avons pas encore trouvé les outils nécessaires.
Le parc ne peut pas se figer. La durée de vie d'un poste ne peut excéder cinq ans. Il faut donc renouveler tous les ans un cinquième au moins du parc. Et comme nos fournisseurs se livrent une guerre de pseudo-progrès, les gammes de PC ne durent pas plus de six mois. Nous faisons donc chaque année un appel d'offres. Actuellement, nous installons des machines 486. Nous avons renoncé à disposer d'un parc homogène, c'est impossible. Nous essayons au moins de nous conformer à un certain nombre de standards, pour être sûrs qu'un certain nombre d'applications tournent sur l'ensmble du parc.
Les applications bureautiques locales restent assez indépendantes des applications accessibles sur le système central. Sinon, nous serions en quelque manière passés au mode client/serveur. Par contre, nous offrons à l'utilisateur des facilités. Quand il reçoit des écrans veannt du central, il peut extraire une partie des informations reçues, les reprendre dans une application locale et les travailler en fonction de ses besoins.
En trente ans, j'ai vu déferler huit vagues "révolutionnaires" qui auraient du chambouler la société. Si nous avions cédé à la mode, nous aurions changé tous les quatre ans l'organisation de l'entreprise. Or nous faisons des contrats d'assurance. Pas de l'informatique avec accessoiremnet de l'assurance.
Nous travaillons sur des solutions durables, et surtout sur des standards. Nous sommes complètement standards par rapport au marché, et ainsi nous sommes ouverts à toute modification importante que s'avérerait profitable pour l'entreprise.
Comme nous disposons d'un énorme capital d'applications (que l'on peut, bien sûr, considérer comme un passif, mais c'est un autre affaire), nous ne croyons pas à la rvoluion. Nous travaillerons certainement par évolution à partir de l'existant.
@QEst-ce que cela ne limite pas votre réactivité?
@RLes évolutions même de notre entreprise ont prouvé nos capacités d'évolution. Prenons un cas techniquement difficile, comme le mode de rémunéation d'un réseau commercial. Nous avons été capables de répondre en trois mois. En faisant, il est vrai, quelques acrobaties. Mais nous avons presque remonté le temps.
Si notre inforamtique n'avait pas bougé depuis vingt ans, nous n'aurions pu faire évoluer ni nos produits, ni le mode de commissionnemnet de nos commerciaux.
Nous mettons nos efforts là où nous pensons qu'ils apportent le plus à nos utilisateurs. Notre souci est de faire que cette maison dispose d'un outil qui lui permette de tenir son rang dans compétition. C'est à dire le Numéro Un.
@QL'EDI ne marche pas dans l'assurance, sauf Sidexa et d'Arva
@R. Assurnet, dans le domaine de la santé, démarre fort. Il fait la connexion entre les compagnies et la sécurité sociale, améliorant ainsi le service à nos assurés.
@QPensez-vous qu'IBM parviendra, à des conditions raisonnables de coût, à suivre vos besoins de puissance?
@ROui. IBM a senti le vent du boulet et compris le message de la concurrence. Elle a commencé sa reconversion à tous points de vue: culturel, commercial et technologique. Il y a cinq ans, nous n'aurions pas pu envisager les annonces qu'elle fait aujourd'hui. Je suis impressionné par le pragmatisme qui prévau dans ses appoches. Même au niveau des laboratoires. Ils ont la fibre technologique, mais savent aujourd'hui répondre en termes de volumes et de rentabilité.
@QQuel est l'âge moyen de vos développeurs
@RDepuis trois ans, nous augmentons nos effectifs informatiques de trente à trente cinq personnes, pour l'essentiel dans les équipes de développment. Nous embauchons surtout des jeunes, et même souvent des débutants, au niveau bac+2 à bac+5. Ils nous apportent leurs idées nouvelles leur fraîcheur. Ils représentent aujourd'hui un bon tiers de l'effectif.
@QQuel est pour vous le rôle de l'informatique
@ROn a beaucoup demandé, à un moment, si les informaticiens avaient le pouvoir dans l'entreprise. J'ai toujours considéré que l'informatique est au service de l'entreprise et de ses utilisateurs.
Mais j'essaie d'amener les utilisateurs au niveau de connaissance du sujet qui leur permette d'exprimer leurs besoins et de s'impliquer dans leur solution plutôt que de se faire proposer, et à la limite imposer, des solutions.
Pour que cette démarche ait un sens, je leur recommande, avant de nous demander d'informatiser un processus, de faire d'abord une étude d'organisation. Ce travail de fond doit s'entretenir en permanence. C'est une condition, nécessaire mais pas suffisante ni toujours remplie, d'obtenir ensuite de bonnes solutions informatiques. La deuxième conditon, c'est que les informaticiens soient des gens de talent qui dominent leur métier. @SIGNATURE:Propos recueillis par Pierre Berger