@TITRE:La Compagnie bancaire crée l'objethèque

@CHAPO:Poussé par un groupe "informatique avancée", la bibliothèque affine sa doctrine et son expérience, mais la route sera longue.

@TEXTE:La Compagnie Bancaire a créé un groupe d'étude d'informatique avancée regroupant une demi-douzaine d'ingénieurs, qui ont vocation à faire de la prospective et de la veille technologie. Jean-Pierre Legrand y est responsable du pôle objet.

Au sein du groupe, l'UCB (prêts immobiliers), l'UFB (financements d'équipements), Cofica-Cetelem (crédit à la consommation) ou encore Cardif (épargne-retraite) font de l'objet régulièrement. Du côté de Paribas et du Crédit du Nord, il n'y a pas encore de synergie de composants, si ce n'est des réflexions sur la méthodologie et la conduite de projets objets.

"Nous faisons aujourd'hui la promotion de la démarche composants" indique Jean-Pierre Legrand "qui doit être intégrée très tôt dans la conception et devenir une habitude de développement". Cela passe d'abord par l'identification des composants lors de la conception d'une application, même si son degré de généralité et de réutilisation n'est pas connu immédiatement. Pour cela, l'autonomie du nouveau composant doit être assurée. Il est alors inscrit et stocké dans ce que la Compagnie Bancaire a baptisé l'Objethèque.

@INTER:Un composant est un ensemble de clases

@TEXTE:Un composant n'est pas nécessairement une classe mais un ensemble de classes qui rendent des services : aujourd'hui, la biblitohèque comprend une vingtaine de composants identifiés mais tous ne sont pas encore mis en forme, ni validés, démarche qui relève d'une véritable administration de composants. Il faut savoir les isoler et les mettre en évidence au moment de la réalisation du projet en ayant à l'esprit à la fois les points de vue différents du fabricant (développeur) et celui d'assembleur (utilisateur). Validation, certification et contrôle de la qualité des composants restent encore à mettre au point.

@INTER:Identifier dans l'objethèque ne suffit pas

@TEXTE:Pour assurer l'administration et la diffusion de cette Objethèque, la Compagnie Bancaire est consciente qu'elle doit passer à une phase plus industrielle. Les différentes sociétés du groupe ne vont pas s'échanger forcément du code, les langages étant différents, mais aussi des spécifications et des pointeurs sur des composants du marché déjà utilisés ou non dans le groupe, du moment qu'ils répondent à des classes de besoins. Le code peut être par exemple du calcul financier écrit soit en Smalltalk comme c'est le cas jusqu'à maintenant, soit à l'avenir en Java et C++. "Le composant calcul financier est-il un composant métier ou un composant technique ?", s'interroge Jean-Pierre Legrand.

En revanche, pas d'incertitude sur le caractère technique des composants assurant le dialogue entre Smalltalk et l'environnement bureautique Microsoft, ainsi que des composants de communication de deux postes via modem. Côté métier, les composants ont trait par exemple à la gestion des dates ou au suivi des relations commerciales.

Quant aux pointeurs, ils interviennent pour localiser aussi bien des composants techniques que les composants métier comme les objets banque et assurance d'origine IBM ou Socs. Le pointeur peut faire état de la représentation graphique d'un composant, des références de l'éditeur et du contexte dans lequel il a déjà été utilisé.

@INTER:Convaincre les informaticiens

@TEXTE:Le pointeur peut, par exemple, diriger l'utilisateur vers les catalogues de composants que Soleri-Cigel a pu constituer autour de Visual Smalltalk ou l'amener à se proccurer l'orienter directement sur l'Internet un composant d'une autre bibliothèque.

La troisième voie reste la spécification, qui peut consister à énnoncer une méthodologie objet de type OMT (Object Model Technique), afin de faire une représentation graphique de la structure, attributs et comportement du composant. "Le marché n'est aujourd'hui pas encore très organisé, contate Jean-Pierre Legrand. D'où la tendance à faire plus de code propriétaire que d'acquisition de composants. A l'avenir, nous pourrons parler de budget composants pour se les proccurer : cela existe déjà entre les sociétés du groupe mais cela ne se fait pas encore beaucoup et relève, depuis peu, de démarche auprès de SSII". A preuve : la Compagnie Bancaire a demandé à Ingénia de fabriquer des composants (désormais dans l'Objethèque) capables de résoudre notamment la communication entre Smalltalk et monde bureautique Microsoft. Dans ce cas là, il s'agit d'un développement spécifique facturé au forfait. Mais dès qu'il y a acquisition d'un composant existant, la notion de licence s'impose au même titre qu'un progiciel : à nouvelle réutilisation, nouvelle licence.

Pour cela, l'échange doit se faire par des contacts réguliers entre les développeurs et les chef de projet au nombre d'une quinzaine, ainsi qu'avec la dizaine de directeurs informatique du groupe. "Ne plus faire chacun dans notre coin", telle pourrait être la devise de Compagnie Bancaire. Une messagerie électronique (BBS) fait office de forum-objet notamment pour enrichir l'Objethèque et suivre les travaux. Si un développeur déclare disposer d'un composant potentiel, il y aura un travail en commun de qualification pour lui donner le caractère de généralisation afin d'être éventuellement réutilisé. "Nous souhaiterions qu'il y ait un formalisme issu d'une méthode de qualification des composants. Nous en sommes là et nous avançons avec pragmatisme...".

Mais la route sera longue car l'Objethèque demande aux intéressés d'être convaincus et d'avoir une démarche personnelle. "La plupart des entreprises du groupe s'appuyant encore sur leur site central, les lignes de Cobol et émulations 3270 sont largement présentes. Or, les briques de Cobol sont exclues à moins de pouvoir à l'avenir les encapsuler". Le développement objet intéresse encore qu'une minorité de développeurs, le plus souvent sur micro, mais encore peu les équipes de culture mainframes.@SIGNATURE:CHARLES DE LAUBIER