@T ACT1:Le Crédit Lyonnais reforme ses bataillons informatiques

@TEXTE:Informaticiens et utilisateurs, chacun chez soi et tout ira mieux! Ainsi peut se résumer la réorganisation de l'informatique du Crédit Lyonnais qui vient d'être présentée par Pierre Carli, responsable de la DCTI (direction centrale du traitement des opérations et de l'informatique).

Au fil des ans, l'informatique s'était organisée "en miroir": à chaque grande direction opérationnelle correspondaient des équipes disposant de toutes les compétences, de l'organisation jusqu'aux télécommunications en passant par la programmation, l'assistance aux utilisateurs et (dans une moindre mesure), la production). A la limite, la technique aurait pu finir par se dissoudre dans les applications grâce à l'orientation objet (projet "Club").

Maintenant, chacun se recentre sur son métier. Les directions opérationnelles reprennent tout leur rôle d'organisation, de conception générale et de fixation des budgets. Devenues maîtres d'ouvrage de leur système d'information, elles préparent le cahier des charges, assurent les recettes, gèrent lest sites pilotes et les déploiements. 175 collaborateurs quittent à cet effet l'informatique pour les rejoindre.

De son côté, l'informatique retrouve la classique répartition entre études, exploitation et système, adaptée aux besoins et au langage de cette fin de millénaire. L'exploitation est devenue "production". Le système regroupe ses techniciens pointus sous le titre "standards et architecture". Quant aux études (nous simplifions un peu), elles distinguent le développement ("études et développement") et la maintenance ("supports et produits"). La première, par exemple, assurera le passage à l'Euro et la seconde les adaptations à l'an 2000.

Au sein même de ces "centres de prestation de services", les équipes s'organisent essentiellement par type de compétence: aide à la décision, télématique, plates-formes d'exploitation. Pour Pierre Carli, cette "concentration des compétences aide à faire converger des solutions", et il se félicite déjà de certains résultats obtenus par exemple sur des projets d'EIS. La liaison avec les utilisateurs n'est plus assuré que par des équipes légères. Et le projet Club est abandonné.

Les informaticiens s'assument comme tels. Et entendent même renforcer leur professionnalisme: benchmarks nombreux (avec Compass et Gartner), enquêtes de satisfaction (ASC), audits (Bossard). Toutes les équipes doivent "se rendre comparables au marché". La production, par exemple, vient de regrouper ses cinq centres sur un seul site. Et l'on n'exclut ni le recours direct par les directions opérationnelles à des prestataires extérieures, ni l'externalisation de certaines prestations de service, comme les télécommunications, cédées en janvier à France Télécom.

L'objectif majeur est de réduire les coûts. 30% sur la production. 20% globalement, sous deux à trois ans. Les effectifs permanents restant inchangés, avec un millier de personnes au service informatique (en ne comptant pas les 2000 personnes employées par certains services administratifs traditionnellement rattachés à l'informatique de la banque).

On peut interpréter cette évolution comme une simple adaptation à une situation exceptionnellement critique. Structures simplifiées, coûts comprimés au maximum... nécessité oblige! Avec l'inconvénient d'un quasi-gel des investissements et l'enfermement, pour plusieurs années, dans les technologies les plus classiques. Et l'impossibilité d'utiliser l'informatique pour innover et se placer sur les nouveaux créneaux (banque directe, commerce électronique).

Mais, au contraire, le Lyonnais ne montre-t-il pas la voie? La dissolution de l'informatique dans les services, poussant à leur terme les promesses de l'informatique répartie et de "la micro" et faisant disparaître les informaticiens avec leur "blouse blanche" pour la plus grande satisfaction d'utilisateurs majeurs manipulant directement des objets pris dans des bibliothèques de composants... et si c'était un mythe? Les entreprises d'aujourd'hui, et la banque en particulier, ont besoin d'une informatique centralisée (gestion des risques, contrats internationaux...). Les techniques, toujours difficiles et toujours chères (car on leur demande toujours plus), ont besoin de professionnels groupés autour de leur métier. Et peu importe, alors, s'ils sont externalisés ou non. Qui sait?@SIGNATURE:P.B.