@DOMAINE:STRATEGIE

@ST OUV:CHOIX DES INVESTISSEMENTS

@T RUB1:Usinor gère par la valeur

@CHAPO:Visual Basic et Prolog, intégration de la gestion et du pilotage des processus... l'investissement informatique d'un groupe sidérurgique doit se décider en fonction de sa contribution à la valeur de l'entreprise. Qu'il s'agisse d'exploiter au mieux chaque bobine d'acier ou de concevoir avec les clients les produits de l'avenir.

@TEXTE:Un point sur la mise au mille représente une économie d'un million de francs par an pour l'usine de Gueugnon. Et qui justifie donc largement l'investissement de huit millions consenti pour developper le programme MBC (mariage bobine commandes). Le ROI (return on investment) ne dépassera pas 18 mois. Au plus haut niveau, le groupe Usinor entend gérer son informatique en appliquant la méthode de la valeur. Car les systèmes d'information sont essentiels, explique Guy Dollé dans l'interview ci-jointe. Et les techniques d'évaluation se précisent (voir article page suivante).

@INTER:Du concept aux bobines d'acier

@TEXTE:Vue de Gueugnon, au coeur de la Bourgogne profonde, enracinée dans son passé historique aussi bien que son vignoble, la théorie peut sembler bien abstraite. On ne risque pourtant pas de l'oublier en parcourant les kilomètres de halles où l'acier inoxydable se déroule, se recuit, se décape, se lamine et finit par se découper avant de partir vers la clientèle. Car l'ordinateur est omniprésent, au plus près du processus lui-même.

Un point? Cela veut dire ici un pour mille sur le taux d'utilisation d'une bobine d'acier, entre le poids d'origine et le poids effectivement fourni au client. Variation minime... mais appliquée à des dizaines de tonnes de produit noble. Le point clé, c'est un bon découpage de chaque bobine entre différentes commandes, en mariant la nuance d'acier inoxydable avec son type de finition, les dimensions à fournir et, parfois, des défauts affectant une bobine et qui obligent à en sacrifier ou à en déclasser une partie.

Réduire la perte de métal, voilà l'objectif le plus immédiatement perceptible du projet MBC (mariage bobines commandes) en cours d'achèvement et de mise en application dans les trois principales usines d'Ugine, spécialiste des aciers inoxydables. De la belle technique informatique (voir encadré). Pour autant, l'enterprise ne fait pas de l'art pour l'art. Par exemple, la reconnaissance automatique (par vision industrielle) lors du processus de fabrication, par exemple, a été testée avec succès. Mais elle conduirait à des investissements trop lourds alors que l'homme fait ce travail à faible coût.

Ce logiciel augmentera aussi la productivité des étapes de finition, réduira les délais de livraison au client final, et assurera qu'on livre la qualité commandée. Ni plus, ni moins. Ni plus, en épaisseur, nuance ou finition, car la surqualité revient cher. Ni moins parce qu'alors augmente le "risque d'incident client", comme on dit dans le jargon du projet.

En outre, des gains seront apportés par une certaine standardisation des productions sans réduire la variété des produits finaux. Cela suppose une grande précision des fabrications et une connaissance approfondie des caractéristiques métallurgiques. Mais aussi un logiciel et une analyse sémantique fine de ces paramètre.

@INTER:Coopération homme-machine

@TEXTE:Le travail d'affectation se fait actuellement à la main, assisté tout de même par un applicatif. L'assistance va beaucoup plus loin avec MBC, ne serait-ce que par la richesse des informations fournies et de leur présentation en Visual Basic: nombreuses grilles de données, histogrammes prévisionnels des charges en commandes, en bobines disponibles et en capacité de production, présentation graphique des bobines avec leurs éventuels défauts et le découpage projeté. Théoriquement, le système expert pourrait aller jusqu'a une automatisation complète du processus d'affectation des commandes aux bobines. En pratique, il s'établira plutôt une coopération entre l'algorithmique des machines et les compétences spécifiques des spécialistes humains. Matthieu Dureau, chef de projet, a d'ailleurs passé trois ans à l'usine pour apprendre les secrets du métier.

@INTER:L'informatique, facteur de différenciation

@TEXTE Les systèmes experts et les réseaux neuronaux valorisent les savoir-faire spécifiques de l'entreprise . D'autres techniques avancées contribuent à la différenciation stratégique, par exemple la gestion des connaissances (archivage et gestion des compétences), car ce point est important car il faut prévoir à terme le renouvellement des effectifs.

L'ingénierie simultanée apporte sons support dans la concurrence entre l'acier et les autres matériaux. Des outils de calcul et de modélisation, en liaison avec les bureaux d'études des clients (constructeurs automobiles, emballagistse, électro-ménager) permettent de comprendre ce que sont leurs besoins pour les produits de demain. Réciproquement, certains progiciels maison les aident à valoriser la solution acier, à en montrer par exemple la légèreté.

Quant aux concurrents sidérurgistes, l'EDI (échange de données informatisé) sert à se présenter aux clients comme des partenaires efficaces, "easy to do business with". 20% du chiffre d'affaires passe par l'EDI, et le taux atteint 60% dans certaines filiales.

Les dirigeants et les informaticiens d'Usinor ne dissimulent ni les limites du pilotage par la valeur, ni les risques liés au développement des logiciels comme aux techniques sidérurgiques ou à l'évolution des marchés. Mais, du siège de La Défense jusqu'au pied des laminoirs, l'informatique et ses petits écrans omniprésents font passer le message: la production d'acier ne se sépare plus de la production de valeur.@SIGNATURE:PIERRE BERGER

@LEGENDE:

//////////photo

L'informatique au plus près du processsus, ici pour la commande du plus récent laminoir à froid de Gueugnon.

////////capture 1

L'interface graphique présente à l' "affecteur" les caractéristiques et le découpage envisagé pour la bobine. Une fois le travail terminé, il sera transmis directement au système de suivi de production de l'atelier.

//////////capture2

Pour chaque famille d'aciers ("fenêtre de production"), l'outil montre le carnet de commandes, les bobines disponibles et les capacités de production.

@T ENCA 2:Un système expert au coeur du CIM

@TEXTE ENCA:MBC marie les commandes avec les bobines, mais marie aussi toutes les techniques informatiques et tous les volets de l'informatique de l'entreprise. Les commandes viennent des services commerciaux (reçues souvent par EDI des filiales et des firmes clientes). Les données techniques viennent, pour une part, directement des ateliers et des bas niveaux du CIM (Computer integrated manufacturing).

Techniquement, la partie la plus novatrice du projet est un système expert en PDC-Prolog qui intègre le savoir-faire de l'entreprise en la matière.L'ossature du projet et son interface utilisateurs se basent sur Visual Basic, installé sur de PC sous Windows 3.11 avec réseau NT. Elle fait appel à des module en C pour les échanges de données. Des serveurs PC assurent la liaison avec les bases de données, sous SQL Serveur pour les données industrielles et sous DB2 mainframe pour les données de gestion.

@T ENCA 1:CHIFFRES CLES

@TEXTE ENCA:Le groupe Usinor s'organise en trois métiers: aciers plats au carbone (principale société, Sollac), aciers inoxydables et alliages (Ugine), aciers spéciaux (Aster).

- Chiffre d'affaires 1996: 65 milliards de francs

- Effectifs 45 000

- 25 000 postes de travail, non comptée l'informatique industrielle.

- "Il n'y a qu'une fonte, mais cent nuances d'acier, et 1000 ou 2000 produits".

- Investissements annuels: sept milliards de F, dont un milliard pour l'informatique et globalement près de la moitié pour les investissements immatériels.