@CHAPO:Des chercheurs, soutenus par les organisations professionnelles, publient une première analyse synthétique du marché français de l'ingénierie et du conseil (informatique comprise).
@TEXTE:L'ingénierie et le conseil viennent au 7eme rang des secteurs économiques français, selon le premier rapport publié par l'Observatoire de l'ingénierie et du conseil(*). Avec 175 milliards de francs, ils se situent loin derrière l'automobile (412 milliards) mais avant l'édition-imprimerie (136 milliards) ou les composants électroniques et électriques (134 milliards). Encore ne s'agit-il que des chiffres de 1994, et on ne peut exclure que le secteur se place encore mieux, étant donné sa croissance rapide.
@INTER:Un patient travail d'intelligence économique
@TEXTE:Mais, jusqu'à présent, ces activités économiques primordiales ne faisaient l'objet d'aucune analyse statistique régulière. L'observatoire, sous l'égide de la Chambre des ingénieurs conseils de France, une équipe animée par deux directeurs de recherche (Jean-Yves Bück et Yves-André Perez) vient enfin de réaliser la première analyse méthodique. D'une part en glanant tous les chiffres disponibles, d'autre part par voie d'enquête.
Certaines des conclusions ne surprendront pas : le secteur connaît une croissance plus soutenue que l'économie nationale, il est dominé par les petites et même les très petites structures, le niveau élevé de qualification se traduit par un pourcentage de cadres et ingénieurs supérieur à 40%.
Désormais conscient de sa force, la profession "doit se préparer à jouer un rôle de premier plan" et, naturellement, les auteurs estiment qu' "elle doit en premier chef se doter d'instruments de veille et d'intelligence stratégique".
@INTER:S'associer et s'équiper, donc changer en profondeur
@INTER:La profession doit aussi privilégier le partage des compétences entre confrères. Principalement sous la forme de complémentarités techniques ou de regroupement de moyens afin de satisfaire les exigences de certains appels d'offres. Le maillage en réseau (encore minoritaire avec 41% des réponses à l'enquête) s'intensifie. Les auteurs y voient "un vaste chantier d'harmonisation à ouvrir, dont les organisation professionnelles pourraient être maître d'oeuvre". Techniquement, les cabinets ne sont d'ailleurs pas à la traîne: les trois quarts accèdent à Internet et pratiquent la messagerie, et la quasi-totalité des non-branchés a la volonté de s'équiper. 14% utilisent déjà la visio-conférence. Plus modestement, la profession progresse aussi en matière de gestion des connaissances (appelée "capitalisation et protection de savoir-faire" par le rapport, voir figure).
Attention, commentent les auteurs : "malgré un taux d'équipement élevé, il semble que l'utilisation de ces technologies ait quelques difficultés à se matérialiser." Outre les gains de productivité, les conseils vont devoir modifier leur façon de travailler, leur organisation et leurs méthodes de commercialisation. Il y a donc là "un formidable défi", car les nouvelles techniques modifieront "ostensiblement" le paysage concurrentiel d'aujourd'hui. Ce qu'on pourrait traduire plus crûment: l'avenir est brillant dans l'ensemble, mais malheur à ceux qui ne feront pas les efforts nécessaires !
Le rôle de l'Etat doit donc changer. L'interventionnisme classique à la Colbert décline, et laisse place à trois nouveaux rôles : anticipation, incitation et accompagnement des actions de progrès, normalisation, enfin, en encourageant l'adoption par les entreprises de normes et référentiels communs.
Dans ces analyses, le conseil et l'ingénierie informatique ne représentent qu'une assez petite partie. Mais les problèmes et les espoirs, an 2000 mis à part, sont-ils bien différents ? On peut en tous cas considérer ce travail comme une étape significative dans le recueil et la synthèse d'informations économique pour un secteur qui en était, jusqu'à présent, étrangement démuni.@SIGNATURE:PIERRE BERGER
@NOTE:Le rapport est disponible à l'OIC au prix de 450 F.