COMPAGNON DE TOUS LES JOURS
Le Tosh dans la musette
Depuis dix mois, mon Toshiba 1000 LE ne me quitte plus, bien que ses 3 kilogs psent un peu lourd sur l'paule. Il a fait ses preuves comme outil permanent d'expression textuelle et comme base de donnes. Mais, en 1993, j'espre bien passer au "pen".
Ma dcision fut prise la fin de 1990. De l'avis unanime de mes amis informaticiens ou journalistes spcialiss, le Toshiba 1000
LE correspondait mes impratifs minima: un compatible PC muni d'un bon cran et d'un vrai clavier pour mes digts doigts de journaliste, avec disquette, disque dur et (en option) modem.
Deux heures d'autonomie. Le tout sans dpasser la limite des trois kilogs (pour mon paule) et des dix mille francs (pour mon portefeuille, et grce quelques astuces comptables d'ailleurs).
Quelques tests lmentaires au show-room de Toshiba Infomart me permirent de confirmer que le produit rpondait mes souhaits.
Et en particulier qu'il supportait bien Framework, logiciel de base dans mon entreprise. Aprs un petit mois de dlai, l'objet de mes rves soit enfin ma disposition chez le distributeur (Le Cercle Informatique, au Palais des Congrs de la Porte Maillot).
Entre autres avantages, un portatif peut se charger et se tester dans la boutique mme, condition d'avoir emport les disquettes de programmes et les premiers fichiers de donnes. Pas de problme. J'abandonne au commerant les cartons et autres sacoches, glisse le Tosh dans mon sac reporter et en route pour le prochain repotage.
Aprs dix mois, l'exprience confirme l'efficacit de la solution, tout en faisant apparatre quelques limites, prvues ou imprvues.
Premier point fort, la robustesse et la fiabilit. Le 1000 LE supporte 7 jours sur 7 l'inconfort de mon sac dos, et parfois quelques chocs. J'ai tout de mme pris la prcaution de lui mettre en place un rembourrage sommaire en carton. Sans plus. Pas de panne signaler sauf au dpart avec la partie alimentation de la carte mre, qui exigea un retour chez le constructeur. Puis avec l'alimentation externe, dont j'avais malmen les fils de liaison.
Deuxime point fort, la capacit de mmoire. 20 mga-octets suffisent stocker beaucoup de texte et plusieurs logiciels. Pas de problmes pour stocker la production d'un journaliste sur plusieurs mois voire plusieurs annes. Plus un ou deux projets de livres, du courrier, etc. Je peux donc tout moment accder une vingtaine d'index documentaires: livres sur l'informatique, articles publis dans Le Monde Informatique, documents papier en tous genres stocks dans des cartons la maison. S'y ajoutent les adresses, mais pas l'agenda proprement dit, que j'ai remis sur papier aprs une exprience ngative.
Pour l'amour de l'art, j'ai re-saisi dans l'ordinateur quelques fichiers plus personnels, par exemple mon carnet de chants (souvenir de mes activits scoutes), une anthologie personnelle de textes sur la systmique. J'en passe.
Framework, cette espce de couteau suisse bureautique, me permet aussi de stocker de petites bases de donnes, par exemple les abonns d'une lettre confidentielle que j'ai fonde. Ou des rfrences pour l'animation de groupes.
Ainsi, hors les dessins et photos qui restent hors de porte d'un portatif de ce type, le disque dur du Tosh est devenu la base centrale de toute ma documentation comme de toute ma production textuelle. Les autres supports, disquettes ou sorties papier, n'ont plus qu'un rle de sauvegarde. Psychologiquement, j'apprcie cette libration du papier. Dsormais, mon environnement documentaire ne me quitte plus. Cette autonomie par rapport l'espace change vraiment la vie d'un observateur/chercheur comme moi.
Outre Framework, j'ai charg Word (peu utile du fait des limitations graphiques de l'cran), Alinor pour ma comptabilit de consultant, Le-Lisp pour jouer au programmeur l'occasion, et un Scrabble pour les moments d'attente.
Les 20 mga-octets sont maintenant proches de la saturation. Il faudra faire des choix, mais l'archivage sur disquette, ou sur le gros PC du domicile, ne gnera pas trop pour tous les textes un peu anciens.
Troisime point: la facilit de connexion des imprimantes aiguilles (mais pas laser, hlas), et la communication par disquettes avec la plupart des PC. Je n'ai pas trop de mal trouver un lecteur 3,5 pouces, et si ncessaire un PC avec les deux formats pour faire la liaison avec les lecteurs 5,25. Avec les Macintosh, en revanche...
Quatrime point fort, imprvu mais apprci chaque fois qu'il faut "dgainer le portatif", la fonction "Resume" offerte en standard par Toshiba. Quant on allume la machine, elle se remet exactement dans la situation, position du curseur comprise, o- elle tait quand on l'a teinte. En moins d'une seconde.
Quant aux dfauts, ils se font vite sentir eux aussi. Le poids d'abord. Aux trois kilogs de base, il faut ajouter l'alimentation, indispensable moins d'tre s-r de pouvoir tenir avec les deux heures d'autonomie. Les protestations nergiques de mon dos m'ont contraint d'abandonner l'lgant sac reporter pour le sac dos bretelles, un peu trop collgien mon go-t.
Ensuite, la contrainte astreignante des sauvegardes. Malgr sa fiabilit, et son indiffrence innne aux pannes secteur, le portatif n'est pas l'abri d'une panne srieuse, et moins encore d'une perte ou d'un vol. Il faut donc mthodiquement sauvegarder sur disquette une copie au moins de tous les fichiers. Et ritrer l'opration frquence rgulire.
Les limites de performances se font progressivement plus sensibles. Autour de moi, les amis s'quipent d'crans couleur, d'interfaces graphiques sduisantes, de logiciels gourmands en mmoire centrale, de disques durs de grande capacit (mon fils an vient de s'offrir 300 mga-octets). De pionnier, je me sens glisser doucement vers l'arrire-garde. Mais pas question de -investir avant deux ans: il faut assumer ses choix et les dates de ses investissements.
Le vrai dfaut, celui qui bride srieusement mon emploi du portatif, il le partage avec tous ses congnres actuels: c'est le systme cran-clavier. Non qu'il limite beaucoup mes performances, car je tape dix doigts. Mais il interdit son emploi dans tous les activits de groupe. Ds que je pose la petite boite grise sur la table de runion (ou mme sur mes genoux), que j'ouvre l'cran et que je commence frapper sur les touches, le dialogue se brise. "Tu nous stresses", disent les collgues. D'autres ne disent rien, mais laissent sentir la distance immdiatement creuse. Je suis donc revenu au bloc notes, quitte tout re-saisir immdiatement aprs la runion, l'interview, le reportage. La solution existe, avec les "pen", les ordinateurs sans clavier. Elle reste encore trop chre, et trop peu performante en reconnaissance de l'criture. Mais, en 1993 ou en 1994, elle viendra relayer mon 1000 LE. Je verserai une petite larme, comme hier sur mon premier PC "portable", ou avant-hier sur mon Commodore Vic 20. Mais c'est la vie.
PIERRE BERGER
autres thmes possibles dvelopper: relation avec l'employeur, avec ma femme.