@SURTITRE:COMMERCE ELECTRONIQUE

@TITRE:Derrière les vagues, la marée

@CHAPO:Les médias électroniques accroissent régulièrement leur part du commerce. Non sans difficultés ni surprises pour les investisseurs. Face aux géants américains, la France a quelques atouts en main.

@TEXTE:La livraison à domicile devrait englober 55% des achats globaux américains en 2015, alors qu'elle n'en représente actuellement que 4%, et 2% en France. "Cette évolution semble aujourd'hui lointaine, d'autant que le bilan actuel reste controversé", commente Claude Palmieri, Andersen Consulting (voir Les Echos Etudes "Les marchés du multimédia"). Au sein même de la vente par correspondance (VPC, voir tableau joint), les médias électroniques progressent régulièrement, aux dépens du courrier.

Internet ouvre encore de nouveaux horizons. Mais sa part des achats réels reste mineure, même aux Etats-Unis (voir article joint). En fait, les marchés professionnels et industriels, le "business to business" vont sans doute s'y développer plus vite que le commerce de détail. Car les achats y ont moins souvent un caractère de loisir, et vendeurs comme acheteurs ont tout intérêt à réduire leurs coûts de prise de commande et de facturation.

L'Administration américaine pousse énergiquement à la dématérialisation. Le ministère du Commerce (DOC) relaye la poussée de la Défense (DOD) et le programme Cals, autrefois centré sur les fournitures militaires et leur logistique, s'explicite aujourd'hui en "Commerce at light speed". En France, la motiviation varie sensiblement d'un ministère à l'autre. Le ministère des Finances, un des plus actifs, devrait accentuer sa poussée avec l'arrivée à sa tête d'Alain Madelin, dont la loi (11 février 1994) a levé les obstacles législatifs à l'EDI (Echange de données informatisé).

Mais informaticiens et organisateurs ont du pain sur la planche pour faire passer la dématérialisation dans les faits. La mise en place des réseaux n'apporte qu'une base technique. Il faut ensuite faire communiquer les applications entre elles. Et même, pour tirer tout le profit de la mutation, repenser l'organisation même de l'entreprise, comme nous l'avons par exemple montré chez Solectron (LMI du 17/3/95). Les DSI qui s'inquiètent pour leur avenir y trouveront peut-être matière à faire valoir leur compétence et leur expérience en matière d'interopérabilité et de systèmes ouverts. @SIGNATURE:PIERRE BERGER

MODE DE PASSATION DES COMMANDES EN VPC (France)

           Courrier    Téléphone       Bureau de       Minitel     
                                       commande                    

1980       75          15              10              -           

1986       72          18              8               2           

1989       62          20              9               9           

1993       61          21              7               11          


Source: Economie Géographie/Les Echos Etudes

///////////////////////////////////////////Sous papier

@TITRE:Internet, une vitrine plutôt qu'une boutique

@TEXTE:Sur le Web, les consommateurs lèchent les vitrines, c'est à dire visitent les pages d'accueil, mais passent rarement à l'achat, indique une étude de Forrester Research. Et le Yankee Group commente :"Actuellement, les seuls à gagner de l'argent sont les réseaux eux-mêmes".

Il en va de même pour les services destinés aux entreprises. Industry.Net, par exemple, offre gratuitement de l'information sur les produits à quelque 100 000 acheteurs ou ingénieurs de spécification. Ce canal leur permet de connaître bien plus de produits et de fournisseurs que les canaux commerciaux traditionnels. Les inténieurs apprécient particulièrement le réseau, qui leur permet d'accéder à la documentation sous forme électronique et de s'en servir sur leur PC. Ils hésitent en revanche à passer à l'achat. Faute de sécurité sur leur numéro de carte de crédit, par exemple. Mais aussi par habitude, ou tout simplement parce qu'ils aiment bien rencontrer physiquement leurs interlocuteurs.

Les fournisseurs y vendent donc encore peu, mais en redemandent tout de même. Le chiffre d'affaires de ce réseau devrait passer de 10 millions de dollars en 1994 à 28 millions en 1995. Pourquoi? Essentiellement pour renforcer leur image, leur "présence électronique" et pour pousser les ventes sur les canaux traditionnels de prise de commandes. Le fabricants d'automatismes Honeywell, par exemple, ne vend pas de produits sur ce réseau. Mais il s'en sert pour diffuser de la documentation sur ses produits, des démonstrations télé-chargeables, des communiqués de presse, son carnet de nominations et les annonces de ses séminaires. Et le fournisseur y trouve une source irremplaçable d'informations sur les besoins de sa clientèle. En effe, le réseau lui fournit des analyses sur les consultations, qui permettent de déplacer les vendeurs à coup sûr.

@SIGNATURE:D'après Rebecca Sykes, IDG News Service

////////////////////////////////Sous-papier Chiaramonti

@TITRE:La nouvelle frontière

@TEXTE:Après le programme Cals, le multimédia et les inforoutes, les Etats Unis font déferler sur monde une nouvelle vague de fond: le commerce électronique, fondé sur l'EDI (échange de données informatisé). Ils définissent ainsi une "nouvelle frontière" et ils entendent bien arriver à s'y réserver les meilleurs rôles. Les entreprises européennes doivent donc jouer leur avenir sur ces territoires nouveaux. Des marchés ouverts par nature. Mais l'Europe doit se battre pour que cette ouverture se fasse dans la transparence.

- Tout d'abord nos entreprises, y compris les PME-PMI, doivent pouvoir proposer leurs produits sur catalogues électroniques, négocier on-line et passer à l'EDI automatisé pour l'exécution de leurs marchés.

- Nos SSII doivent pouvoir prendre toute leur part de la valeur ajoutée des services de commerce électronique, qui ne doit pas être accaparée en dehors d'Europe. Les péages des autoroutes de l'information sont à partager équitablement.

- Ainsi, l'offre et la mise en valeur des produits européens ne seront pas à la merci de SVA (services à valeur ajouée) étrangers, et les inforoutes ne rouleront pas à sens unique.

@INTER:Soutenir les entrepreneurs français

@TEXTE:Allons nous rester dans la lignée de standards de facto comme Internet et Windows qui, en se conjuguant, pourraient recréer pour le commerce électronique les barrières douanières que le Gatt a mis si longtemps à abolir pour le commerce d'aujourd'hui ? L'offre européenne parviendra-t-elle à équilibrer les serveurs d'Internet comme Netscape, Eshop ou CommerceNet, les majors comme America online, EDS ou Compuserve, sans oublier la vision GlobalNet de Microsoft ?

En France, on peut heureusement citer plusieurs produits compétitifs au niveau international. Citius-DDP, une des premières places de marché électroniques en EDI, se prolonge en Fortius pour le bouclage financier. Née à Lyon, le groupe s'implante aujourd'hui hors de France, au Canada et dans plusieurs pays européens. On peut également citer QCS pour la grande distribution.

Depuis, l'appel à propositions pour les autoroutes de l'information a permis de recenser plusieurs dizaines de projets ayant trait au commerce électronique : en particulier, le 9 juin1995, J.-P.Cabanel présentait à la presse ICS, à vocation plus large. Mais on peut craindre une dispersion des efforts : face au rouleau compresseur nord-américain et pour des raisons d'échelle, les pouvoirs publics devraient aider à la fédération de ces initiatives.

Egalement pour des raisons d'échelle, mais pas seulement, l'offre européenne doit offrir un modèle d'ouverture et, en l'occurrence, d'interopérabilité à tous les niveaux. D'abord dans le cadre des conventions-types que recensera l'EDI ouvert: il faudra veiller à éviter l'alignement sur les “best practices” de certaines agences fédérales comme on a pu le voir pour Cals. Ensuite au niveau de la communication électronique: il faudra déterminer qui est responsable des pages jaunes du commerce électronique et décider comment vérifier si un RVA est mieux interopérable qu'un autre, sans oublier l'arbitrage sur la répartition des coûts des réseaux et de la valeur ajoutée des services.

Enfin, sur le plan du commerce lui-même: il faut continuer à développer l'usage d'Edifact, en Europe comme en Asie, pour aider les autorités américaines à mettre en pratique leur volonté affichée de passer de leur standard national Ansi X12 à la norme internationale Edifact. En effet, dans le domaine du commerce électronique, Edifact peut encore prétendre rester, non seulement une norme, mais en même temps un standard de facto. Les initiatives européennes comme Citius ou ICS et les normes Edifact, qu'elles respectent, se renforcent donc mutuellement.

L'interopérabilité grâce à la normalisation

L'interopérabilité et l'ouverture, donc la transparence, sont assurées au mieux par la normalisation... à condition bien sûr qu'elle soit capable de susciter une offre. Et de résister à la domination sans partage de l'offre américaine. Dans cet esprit, l'Afnor répertorie actuellement les normes nécessitées par Cals pour identifier celles d'un intérêt stratégique pour la France, afin d'y concentrer les efforts. Edifrance, pour sa part, aide les pouvoirs publics dans le soutien des initiatives internationales, qu'il s'agisse du réseau des Trade points de l'ONU pour associer les pays en développement au commerce électronique, ou du projet-pilote des pays du G7. Ce projet, "Electronic commerce, a global marketplace for SMEs" (Small and medium enterprises) voit les Etats-Unis soutenir CommerceNet et l'Angleterre pousser GlobalNet, alors que la France et la Commission européenne présentent Citius.

On peut espérer que la "global information infrastructure" normalisée permettra à chacun, et au commerce comme à la culture, de trouver sa place. Dans l'Eldorado de l'information en ligne, chacun devrait trouver sa... concession. @SIGNATURE:CLAUDE CHIARAMONTI (*)

@NOTE(*)Délégué Général d'Edifrance, vice-président de l'Edifact-ONU.