@SURTITRE:LA BANQUE EN DIRECT

@TITRE:Nouvelles vitrines,

nouveaux services

@CHAPO:Passer du minitel au services micro et à Internet permet aux banques de diversifier et de "globaliser leurs services". Pour un surcoût modeste. Mais l'informatique de base garde toute son importance: chaînes batch, cohérence des ressources, et surtout sécurité.

@TEXTE:Spectaculaire et médiatique, la "banque en direct" polarise, pour le public, l'évolution actuelle des établissements financiers. Cette couche d'interface ne représente qu'une part modeste des coûts informatiques totaux. Même en incluant l'ensemble des systèmes d'agence, elle ne dépasse pas 20% dans les groupes les plus en pointe. L'essentiel des frais, en développement-maintenance comme en exploitation, vient toujours des grandes chaînes classiques en batch.

@INTER:Contenir les coûts de la couche "client"

@TEXTE:Engagé depuis 1982 dans la course télématique, le Crédit Mutuel de Bretagne (CMB) réutilise au maximum les logiciels existants. "Pour passer du Minitel à l'Internet, nous faisons en sorte de pouvoir porter les applicatifs dans un autre environnement en n'ayant à changer que la couche présentation", explique Louis Echelard, directeur général adjoint, en charge de la gestion et des technologies. Exemple: la gestion de crédit revolving a d'abord été créé pour les agences, puis adapté au Minitel et maintenant au Web.

"Le coût de présentation des services grand public est très marginal, à savoir 2,5 MF pour passer sur le Web", précise Louis Echelard. Il est donc très difficile d'évaluer le budget télématique au sein de l'informatique qui, elle, représente 350 MF par an, soit 16 % du produit net bancaire du CMB (l'un des ratio les plus élevé du secteur bancaire).

Au Crédit Commercial de France (CCF), plusieurs dizaine de millions de francs ont été investis dans l'écriture de Bancoscope mais "le passage à un nouveau type de transport représente de 1 à 3 MF (hors opérations marketing, NDLR), soit environ 10 % de coût de développement supplémentaire", estime Guy Lapassat, DIO du CCF, pour qui l'architecture modulaire des applications est fondamentale. Lorsque l'utilisateur passe d'une ergonomie de service à une autre, seule l'interface change mais pas la donnée en elle-même, ni les systèmes. Que l'utilisateur obtienne un fax, un message vocal ou un affichage écran, il doit s'agir de la même donnée à laquelle peut aussi avoir accès l'agence mais présentée sous différentes formes. .

@INTER:La vitrine change, les chaînes de base restent

@TEXTE:"Il n'existe pas encore de langage de présentation complètement multi-terminal, regrette cependant Pierre Bloch, responsable informatique au CCF. Il faut donc encore aujourd'hui réécrire la couche utilisateur en fonction du terminal, soit 30 % de l'application. Le reste ne bouge pas (Token Ring, RS/6000 et Irisa)". Les couches communications sont développées à l'aide d'un générateur de C, tandis que les couches présentations s'appuient sur Visual Basic. Résultat: depuis une dizaine d'années, la télématique du CCF a représenté moins de 1 % par an du budget informatique qui atteint, lui, 500 MF.

@INTER:La sécurité, frein majeur

@TEXTE:La plupart des banques se sont jusqu'à présent contentées de numéros d'identification et de codes secrets (ou mots de passe), quitte à ce que l'utilisateur ait les mêmes par téléphone, Minitel ou micro pour faciliter la tâche. Mais Internet préoccupe les banques pour lesquelles "ce nouveau réseau télématique brille autant par son succès que par sa vulnérabilité...".

La banque Paribas a certes été la première banque française à ouvrir -en juin 1995- un serveur Web (paribas.com), mais elle n'ira pas pour l'instant au-delà la vitrine d'information. Même prudence pour le CCF (ccf.fr) qui s'en tiendra au rapport annuel et à des analyses économiques. "Nous attendons notamment un Netscape encore plus sécurisé", confie Pierre Bloch.

Cela n'empêche pas le CCF d'avoir créé en interne une maquette HTML offrant de vraies transactions bancaires avec crytographie et garde-barrière. Une fois au point, la DIO serait prête à généraliser. Pour l'heure, sa vitrine Web est également présentée à l'identique sur le réseau Multicâble de la Lyonnaise Communications qui a retenu la norme HTML sur son réseau câblé.

En fait, les banques-vitrines sur le Net (BNP, Crédit du Nord, Crédit Lyonnais...) et celles qui hésitent encore (CIC, Société Générale, etc...) ont toutes les regards tournés vers la banque virtuelle de la Wells Fargo, la plus ancienne banque californienne (1852), qui offre depuis mai 1995 la consultation non seulement de comptes via le Net mais aussi des dernières transactions, ainsi que le télépaiement sécurisé sur le Net avec des spécialistes de la VPC.

Louis Echelard du Crédit Mutuel de Bretagne est particulièrement attentif : "La Wells Fargo utilise sans doute le cryptage des flux entre le client et la banque avec SSL (Secure Socket Layers) de Netscape et se protège des intrusions à l'aide d'un "firewall". Malheureusement en France, nous ne pouvons pas utiliser pleinement cette clé de chiffrement de 128 bits outre-Atlantique car la législation n'autorise Netscape à exporter en France qu'une clé de 48 bits environ".

Le CMB, fidèle à son rôle de pionnier télématique, est justement la première banque à faire véritablement son métier avec le protocole HTML, en jouant la complémentarité Internet/Intranet. Le serveur bancaire Web n'est accessible que par les sociétaires de la banque régionale en composant un numéro d'accès inscrit sur liste rouge et propre à chacun de ses réseaux privés TCP/IP (Bretagne, Auvergne, Sud-Ouest et bientôt Paris). "Si les sociétaires ont accès à leurs comptes, aux dernières transactions et peuvent faire des virements entre leurs comptes, précise Louis Echelard, il est en revanche impossible de l'étranger d'accéder aux transactions bancaires mais seulement à des pages d'informations accessibles à tous (eurobretagne.fr)". Mais rien ne vaut, selon le CMB, une certaine discrétion sur son architecture informatique pour mieux la protéger et, en même temps, préserver une avance concurrentielle certaine...

@INTER:Responsabilités et luttes d'influence

@TEXTE:Avec la télématique, les directions informatiques des banques ne parlent plus seulement de systèmes de gestion comptable ou d'agence mais aussi de service à la clientèle. Elles ont dû apprendre -au terme parfois de luttes d'influence- à partager le pôle de décision entre la direction marketing et la nouvelle direction télématique.

Conséquence: la télématique a renforcé le pôle de veille technologique de la DIO. Jean-Luc Strauss est responsable de la veille technologique chez Paribas, tandis qu'au CCF quatre personnes à temps partiel en assure le suivi. La DIO doit aussi accentuer auprès des directions opérationnelles le rythme des formations "option multimédia". L'arrivée de l'hypermédia avec l'Internet et des progiciels de gestion des finances personnelles avec Money, Quicken et autres Personal Manager font maintenant de l'informatique la clé de voûte de l'échange banque-particulier. Une chance, aussi bien qu'une difficulté de plus, pour les informaticiens.

@SIGNATURE: CHARLES DE LAUBIER

@LEGENDES ICONO

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Du minitel à l'écran du micro, quinze ans d'évolution (documents Crédit du Nord et CCF)

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Toujours audacieuse, la Wells Fargo fonce sur le Web comme hier dans le Far West

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@TITRE:Globaliser services télématiques et centres d'appels

@TEXTE:Les banques globalisent leur offre télématique. Que ce soit le CIC avec Filbanque, le CCF avec Bancoscope, le Crédit Mutuel de Bretagne avec Domibanque, la plupart des banques cherchent à banaliser les types d'accès. Le client doit accéder aux services avec le même abonnement et les mêmes codes d'identification quel que soit le terminal utilisé : minitel, télécopieur, micro, assistant personnel, téléphones fixes ou mobiles.

Dans le même temps, les services se diversifient. Au-delà des quatre principales rubriques les plus utilisées (solde de compte, derniers mouvements, encours de carte bancaire et virement entre comptes personnels), les banquiers développent d'autres prestations. C'est le cas du télépaiement des factures France Télécom, EDF-GDF (Crédit du Nord, CCF, BNP, la Banque Directe ou bientôt le CIC Paris), avec Téléfact (sur Télétel) dont une version vient d'être adaptée spécialement pour à la banque à domicile (Barclays Bank est la première à l'utiliser). Autre nouveauté : La possibilité depuis quelques mois de télécharger ses mouvements de comptes sur son de progiciel de gestion des finances personnelles comme Quicken d'Intuit, Money de Microsoft ou Personal Manager de Saari - voire un simple tableur.

Diversifiées, les prestations s'intègrent à des bouquets de services extra-bancaires (véritables galeries marchandes virtuelles) qui devrait accroître les flux télématiques. En créant Citélis sur l'Internet (voir LMI 659 p 27), le Crédit Mutuel de Bretagne veut faire de sa "cité virtuelle" (15 F/mois et 70 cts/mn) un centre commercial de téléachat et de télépaiement. La banque gère ainsi les flux financiers que les flux de données... Avec Banco PC Boutiques sur le Kiosque Micro, le CCF fait de même en donnant pignon sur autoroute Dégrif'Tour, Télémarket et d'autres fournisseurs encore.

Mais télématiser, au détriment parfois des guichets, ne risque-t-il pas de déshumaniser l'échange banque-client ? Certaines banques, en complément de leur services à domicile, peuvent orienter le client vers un centre de télé-opérateurs (sous réserve d'accord syndical, puisque dérogeant au décret de 1937). Sur les traces de la Banque directe, la Société Générale vient d'ouvrir "Vocalia Services", tandis que la "BNP direct" ouvrira fin mars. Le Crédit Lyonnais, lui, lance un appel d'offre pour un centre d'appel national. Plus visionnaire, le Crédit Mutuel de Bretagne prépare la "visiobanque" (voir encadré) en participant au projet Batru.

@SIGNATURE:CDL

@LEGENDE ICONO

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Citélis, du Crédit mutuel de Bretagne, pousse aux limites la "globalisation" des services

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@TITRE:GERER L'HETEROGENEITE

@TEXTE:La diversification des canaux télématiques a eu également pour conséquence la multiplication des plates-formes informatiques. Le CMB dispose de machines centrales sous MVS sur lesquelles s'appuie le service minitel "Domitel", tandis que des serveurs sous Unix supportent les applications Audiotel (Domibanque) et Web (Citélis). "Ouvrir les premiers de nouveaux services par rapport à la concurrence ne va pas dans le sens de l'unification des plates-formes, reconnaît Louis Echelard. Nous n'avons pas encore réussi à construire une architecture monolithique, ni un serveur multimédia unique mais c'est une voie pour l'avenir".

Au CCF, l'arrivée d'un RS/6000 avec l'environnement de développement plurimédia Irisa (sous AIX) est une première réponse à ce souci d'unification. Mais si Bancoscope (Télétel) et Banco PC (Kiosque Micro) interrogent en temps réel ce serveur télématique à Paris, les informations boursières, elles, ont quand même nécessité un autre serveur basé à Reims. Quant à Bancofil, le service Audiotel du CCF, il reste encore hébergé chez Axime. Pour l'informatique centrale, rien de nouveau comme l'explique Pierre Bloch au CCF : "Le grand système IBM MVS n'est pas plus sollicité qu'avant. La grande majorité des flux continue de se faire en batch le matin ou la nuit (gestion des comptes clients et des titres), tandis que les traitements en temps réel sur RS/6000 (mouvements) progressent sensiblement, de 8 à 10 % par an. Effectués de l'agence ou à domicile, ils restent en fait les mêmes".

Au CIC, le projet télématique de cette année se résume à l'abandon de solutions hétérogènes qui avaient été développées en interne au rythme des ouvertures de nouveaux services télématiques. "Un seul serveur (RS/6000) et un seul moniteur (Irisa) feront l'affaire, que cela soit pour le minitel ou le micro", se félicite Pierre Sasson, responsable marketing des technologies nouvelles à l'Union européenne du CIC. Mais cela n'empêche pas la partie vocale d'être soit en interne sur serveur Ferma (pour dix banques du CIC), soit en hébergement chez SJT pour deux autres banques régionales.

A Paribas, gravitent aussi autour du site central IBM 3090 des serveurs télématiques qui peuvent être AS/400, Vax ou Unisys en fonction des filiales. Le nouveau service Web (paribas.com) a en plus nécessité l'achat supplémentaire d'un serveur Windows NT dont seul Purveyor de Process Software pouvait gérer le protocole HTTP. Le tout a été installé à Londres, à proximité de l'opérateur européen Pipex avec une liaison spécialisée à 64 Kbits/s.

@LEGENCE ICONO

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La diversification des services pousse à la multiplication des plates-formes. Il faut ensuite revenir à l'homogénéité.

ENCADRE TITRE: BATRU, LA VISIO-BANQUE

@ENCADRE TEXTE:Le Crédit Mutuel de Bretagne s'est impliqué dans le projet "Batru", dont la maquette a été présentée au salon Télécom 95 de Genève. Objectif : instaurer en temps réel la visiobanque. Le projet ATM Batru (Bringing ATM to residential users) a été initialisé dans le cadre gouvernemental des autoroutes de l'information par Matra-Ericsson, le Crédit mutuel de Bretagne et le Cnet pour un investissement de plusieurs dizaine de millions de francs sur trois ans. Il sera au Printemps prochain en service sur Lannion, puis Rennes et Brest, et sera véhiculé sur le câble, en réception TV ou via fibres optiques jusqu'aux utilisateurs. Les terminaux seront opérationnels dans le courant de cette année, soit dans des agences du Crédit Mutuel de Bretagne, soit directement chez des particuliers - à Lannion, Rennes, Brest, puis Lille -reliés en mode ADSL (protocole de transmission de vidéo sur ligne téléphonique), lui même raccordé à un réseau de fibres optiques en mode asynchrone ATM.

@SIGNATURE:CDL

@ENCADRE TITRE:LE CLIENT-TYPE

@ENCADRE TEXTE:La banque directe a déjà séduit quelque 20 000 personnes. Cette clientèle a pour première caractéristique de ne pas éprouver de répulsion pour les nouvelles technologies. Agée en moyenne de 35 ans, masculine à 68%, elle appartient pour 63% aux catégories socioprofessionnelles "intermédiaire" ou "supérieur". Habituée aux moyens de communication moderne, elle possède un minitel (61%), un PC (54%) et même un télécopieur personnel (16%).