-AERONAUTIQUE ET ESPACE
Des images de plus en plus belles
Des grands crans aux visuels de casque, du contrle arien la
simulation, du gnie logiciel la cartographie embarque,
l'image marque le centre de la nouvelle informatique aronautique
et spatiale telle qu'on pouvait la voir au salon du Bourget.
Les vieux crans ronds, sombres et monochromes, hrits des
radars veut peu peu disparatre des salles de contrle arien
civiles et militaires. C'est un moniteur de Sony, le DDM 2802,
qui va les remplacer. Que l'intgrateur s'appelle IBM, Thomson,
Siemens ou STNA (Service technique de la navigation arienne), ce
gros tube de 20 pouces par 20 pouces, avec ses belles couleurs et
sa rsolution de 2048 par 2048 points s'impose. Ou, la rigueur,
se laisse remplacer un modle un peu plus petit fabriqu par Sony
en exclusivit pour IBM. L'ergonomie fait ainsi un grand pas:
couleur et haute rsolution permettent d'afficher plus
d'information, de mieux attirer l'attention sur les points
sensibles, de recourir efficacement au multi-fentrage.
A bord des appareils, de ligne ou de combat, l'cran se taille
aussi la part du lion, aux dpens des classiques cadrans. On a
beaucoup montr le tableau de bord de l'Airbus A320, et les
affichages "tte haute", qui exploitent le cockpit mme pour
superposer l'information en provenance du calculateur avec la vue
directe du pilote.
L'arrive des visuels de casque marque une tape supplmentaire.
Sextant Avionique prsente les plus impressionnants, avec ses
optiques holographiques places devant les yeux du pilote pour
lui projeter les informations essentielles (paramtres du vol,
contrle de l'armement).
Sextant dveloppe actuellement cinq types de visuels. Le plus
simple est monoculaire avec un champ de 6ø et ne dispose que de
la dsignation d'objectif. Le plus sophistiqu est binoculaire
avec un champ de 40ø, il combine la navigation, le pontage de
cible et l'imagerie vido en provenance d'une camra infrarouge
ou d'un intensificateur de lumire, pour les missions de nuit ou
en mauvaises conditions mtorologiques.
Quant "salles d'oprations", "systmes de commandement" ou
"C.Cube" (Communication, Command and Control) des tats-majors,
les crans focalisent l'attention ici encore. Jusqu' prsent,
l'volution butait sur le manque de trs grands crans souhaits
pour la dcision collective. On atteint 3x2 mtres avec les
Softplot Greyhawk, employs par exemple la Prfecture de Police
de Paris (LMI du 10/12/90). Mais les prix restent levs
(plusieurs millions de F) et le rafrachissement un peu lent.
Dans l'immdiat, la Dfense franaise semble surtout s'intresser
un systme transportable adapt des interventions extrieures
rapides. Le projet tudi notamment par Thomson vise protger
un volume de 400 km par 400 km, de 0 100 000 pieds, avec des
radars tridimensionnels (Flair) et trois ou quatre abris mobiles
(shelters) abritant globalement une douzaine de consoles pour les
fonctions de surveillance, contre-mesures lectroniques,
commandement et planification des missions. L'ensemble,
totalement autonome, devrait pouvoir tre dpos n'importe o- en
une dizaine de vols de Transall ou C130. Toute amlioration du
poids, de l'encombrement et des performances de l'affichage sera
la bienvenue.
La formation des contrleurs ariens et surtout des pilotes
recourt de plus en plus l'image, ici sous la forme de
simulateurs qui recrent l'ambiance et la situation du pilote
grand renfort d'images de synthse. La ralit virtuelle (ou,
plus positivement "l'hypermonde") remplace de plus en plus
souvent les oprations en "vraie grandeur". Non seulement l'heure
de vol simul est nettement moins chre qu'avec un appareil rel,
mais elle permet de tester des situations critiques, voire le
"crash". De nombreux stands du Bourget prsentaient de tel
produits (Thomson, Matra, CRA, Sodern, ARI, UND...) et les
services associs de conception et mise en oeuvre.
Derrire tous ces crans, la puissance informatique doit suivre.
Un Airbus 330 ou 340 embarque 9 calculateurs, dont une machine
ddi la gnration d'image, ralis par Sextant base
technologie Risc. De son ct le Rafale se voit dot d'un bus
20 Mbps, qui peut fonctionner sur fibre optique aussi bien que
sur co-axial, les deux supports ayant leurs avantages et leurs
inconvnients.
La puissance appelle des capacits de mmoire d'autant plus
grandes que la documentation embarque s'accroit: dossiers de
missions, cartographie, documentation technique de maintenance.
Le gnie logiciel doit suivre. Ada se gnralise, avec la
rutilisation de composants logiciels, notamment chez Syseca et
Cisi (Saida). L'intelligence artificielle garde encore une place
modeste mais certaine. Enfin, Dassault fait appel aux rseaux
neuro-mimtiques, pour des applications civiles et militaires
(poursuite de cibles).
La guerre du Golfe, leit-motiv de ce salon du Bourget, a confirm
le rle dcisif de l'aviation et de ses technologies les plus en
pointe. L'informatique de dfense compte bien en profiter. Mais
l'aviation civile va continuer offrir de substantiels marchs,
tant pour le contrle arien (mise en place du nouveau systme
franais Phidias) que pour l'informatique de bord des Airbus. Les
calculateurs rduisent leur volume mais leurs crans occupent
progressivement toute l'espace visuel des pilotes, des
contrleurs et des commandements oprationnels.
PIERRE BERGER
...
lgendes icono
Ensemble des photos 1 et 2.
Le moniteur 28 pouces de Sony est la base de tous les systmes
de contrle arien dvelopps actuellement, par exemple chez
Thomson ( gauche) ou, dans une version spciale plus petite,
chez la station dveloppe par IBM pour les Sudois ( droite).
On est loin des crans ronds monochromes qui sont le lot commun
des salles d'oprations actuelles.
Photo 3
Le visuel de casque de Sextant Avionique combine la vision
directe du rel avec l'affichage de donnes directement devant
les yeux du pilote.
Photo 4
Le radar Flair de Thomson sera le capteur de base du systme de
surveillance transportable dont la France veut se doter pour ses
oprations extrieures.
Photo 5
La ralit virtuelle remplace les oprations en vraie grandeur
aussi bien pour la formation des personnels que pour la mise au
point des systmes (document Thomson-CSF).
Ensemble de la photo 6 et du schma 7
Derrire les crans, la puissance informatique doit suivre. les
calculateurs embarqus (comme l'UCMH) sont relis par des bus de
conception originale, par exemple le HBV 3910, qui peut
fonctionner sur fibre optique comme sur co-axial (documents
Dassault Electronique).