Vers un "repository" national (et mondial...) des donnes de gestion
"L'EDI est un moyen privilgi pour les administrations de ne pas se noyer elles-mmes sous leur propre mare blanche". Claude Chiaramonti, prsident du groupe Administration d'Edifrance, est clair: l'administration pense elle-mme autant qu'aux usagers.
Mare blanche du papier, et mme mare noire des disquettes du TDS (transfert des donnes sociales, dont la moiti sont maintenant transmises sur support magntique).
Et le temps presse. La DGI (Directino gnrale des impts) a surpris tout le monde en profitant de la loi de finances rectificative pour faire passer au Parlement, entre Nol et Jour de l'An un texte d'importance historique: l'article 47 dmatrialisation des factures, autrement dit sur la dispense de les tablir sur papier. Le dcret d'application est attendu incessamment, peut-tre mme avant la fin de janvier.
Nous prsentons en encadr ce texte, limpide malgr un minimum de jargon technique. Il intresse toutes les entreprises, grandes et petites. Certaines vont pouvoir en profiter de suite: ce sont les entreprises du secteur automobile membre de Galia, qui ont particip depuis deux ans une mis en place exprimentale. Un bta-test rglementaire, en quelque sorte. Pour les autres, il faudra un peu plus longtemps, afin de mettre en place des "systmes de tltransmission autoriss", selon les termes de la loi.
Pour toutes les formalits, une adresse: la Cosiforme
Simplifier, c'est aussi le mitre mot d'un autre dcret sign par Michel Rocard et tout le gouvernement le 18 dcembre (JO du 21/12). D'apparence, il est aussi abscons qu'un communiqu de l'X-Open ou du CCITT. Les gestionnaires en apprcieront pourtant l'importance: il regroupe sous l'autorit de la Cosiforme (Commission pour la simplification des formalits) trois attributions jusque l disperses:
- Sirene, le rpertoire des entreprises,
- TDS, le transfert des donnes sociales, qui nous le verrons va devenir Edsis pour s'intgrer aux normes internationales Edifact,
- les CFE, centres de formalits des entreprises.
En bonne logique, la Cosiforme pourrait devenir dans quelques annes le centre de contrle de l'ensemble de l'EDI administratif, assumant pour toutes les administrations les fonctions de contrle que la loi de Finances vient de dfinir pour la DGI.
Vers un "repository" des donnes administratives?
Par le mme dcret, l'EDI est implicitement misorganisme mis en place en 1976 pour harmoniser les formulaires, le Cerfa (Centre d'enregistrement et de prvision des formulaires administatifs). Lui qui tait le grand matre et le modrateur de la paperasse, le voil comptent pour "tous les projets de questionnaires et de formulaires, quels qu'en soient le support, le mode d'tablissement ou de transmission.
Mais il ne va pas s'arrter l . Le dcret lui confie l'laboration et la mise en oeuvre d'un "dictionnaire des formalits" (Dicoforme pour les intimes). Dictionnaire? Un tas de papier de plus? Dans les phases initiales, sans doute, mais la personnalit de ses promoteurs ne laisse pas de doute pour l'avenir: on va vers un "dictionnaire de donnes" au sens de l'informatique. Et comme il devra tre accessible par voie "tlmatique", vers un "repository" log dans un serveur d'accs public.
Sans le dire explicitement, l'Administration franaise se lance dans une "initiative" d'une ampleur comparable celle du Cals amricain pour le monde industriel.
Toutes les applications de gestion vont en effet devoir entrer dans le jeu d' l'EDI. L'entreprise, pousse par ses clients et par ses fournisseurs pratiquer l'EDI dans ses relations commerciales, y est maintenant autorise par l'Administration.
Elle y sera demain encourage, voire contrainte. Or, des ventes aux achats en passant par la production en juste temps, la gestion du personnel, la comptabilit et la gestion financire, toutes les applications ont un volet EDI. Et toutes font appel un lot commun de "segments de donnes" qui sont en cours de normalisation.
A la limite, c'est une grande part du "modle conceptuel" des applications de gestion qui va se trouver normalis au plan international. Pour les dveloppeurs, ce sera une contrainte: la pression tant la fois commerciale et administrative, comment y rsister? Ce sera aussi un allgement des tches... aprs quelques annes de re-conception. Mais aprs tout, l'EDI arrive au bon moment: la dcennie 90 est celle ou les "milliards de lignes de Cobol" vont devoir tre remis plat en toute hypothse, pour cause d'obsolescence.
Une normalisation par consensus Mais, dira-t-on, c'est une vritable dictature de l'administration sur toute l'informatique! Claude Chiaramonti s'en dfend bien, et s'appuie sur un discours de Michel Rocard pour exculure toute "attitude rgalienne... Il ne s'agit pas d'tatiser l'EDI, mais d'accompagner la modernisation des changes commerciaux".
La pratique est conforme l'intention: le secteur priv est bien reprsent dans le groupe qui travaille sur la maquette du Dicoforme. Aux ctes du CFE, du groupe Edsi et de la Cnam, on y trouve l'assurance avec d'Arva et la banque Worms. Le groupe "identification des lieux est parties" est prsid par M. Evrard, de Renault. Et on retrouve souvent le nom de Bernard Longhi, d'Ediconstruct.
On sait aussi le rle considrable de M.Lesourd, l'Ordre des Experts Comptables: il prit la DGI de vitesse en lanant le groupe Edificas. Ou encore des constructeurs automobiles: c'est sur l'exprimentation Galia que s'est construite la doctrine de la dmatrialisation sanctionne par loi de dcembre.
La composition mme du comit directeur d'Edifrance en est d'ailleurs une preuve convaincante de l'ouverture, ommencer par son prsident Etienne Dreyfous, un consultant priv. D'ailleurs, au gr de certains, on passerait un peu trop facilement de l'un l'autre. La palme revient Dominique Villemot, un des pres de la dmatrialisation la DGI, et pass chez Coopers et Lybrand la fin de 1990, juste avant le passage de la loi devant le Parlement.
Des chances saisir par les SSII
Des affaires, la loi de dcembre va en fournir la matire nombre de SSII: logiciel spcifique, progiciels et rseaux valeur ajoute devaient en profiter.
Tout le logiciel spcifique devant tre rcrit pour s'aligner sur les nouvelles normes, les SSII qui sauront rapidement acqurir l'expertise correpondante devraient avoir du pain sur la planche. D'autant que le travail devrait s'taler sur plusieurs annes, au rytme de la normalisation des diffrents secteurs et de la ractivit des entreprises.
Aux progiciels, l'EDI apporte de nouveaux arguments. D'abord, quoi bon crire du spcifique si l'essentiel de l'application est dfini par des normes. Ensuite, et surtout, l'obtention d'agrments pour la dmatrialisation des factures sera plus facile obtenir pour un produit connu, bien ficel... et difficile modifier en entreprise, que pour un bricolage maison plus suspect de souplesses tentantes. L'Ordre des experts comptables travaille dj sur un label qui pourrait rapidement devenir une condition sine qua non d'existence sur ce march.
Enfin, les RVA sont trs directement viss par la loi de dcembre sous l'expression "systmes de tltransmission". Elle ne recourt pas, en revanche, la "notarisation" souvent avance comme moyen de renforcer la force de preuve des "documents lectroniques".
Reste savoir comment l'Administration va s'organiser pour l'agrment des RVA comme des progiciels. Comme il s'agit de produits et services volutifs par nature, il faudra un suivi permanent des produits et services. Cela suppose des moyens techniques et humains non ngligeables. On parle de faire appel au BNE (Bureau National des Essais). Une rvision de l'ensemble de l'appareil lgislatif La loi de dcembre ne rgle que le problme fiscal. Or d'autres secteurs du droit ont leur mot dire en matire d'EDI, notamment le code de commerce, et tout ce qui concerne le droit de la preuve devant les tribunaux. A quoi viennent s'ajouter les exigences des Douanes, des organismes sociaux, de l'Ins, etc.
Un recensement de tous les textes pertinents est en cours d'achvement par le groupe Edificas. C'est qu'il ne suffit pas de la bonne volont des administrations, voire de leur volont de se dbarasser du papier: elles sont tenues de respecter les textes lgislatifs. De ce point de vue, la nouvelle autorit donne la Cosiforme, ainsi qu'un nouvel lan attendu de l'OJTI devraient aire tomber les barrires restantes.
Quant au droit de la preuve, il ne devrait pas faire difficulté. Franoise Gallouedec-Gnuys, juriste particulirement au fait des ralits administatives et commerciales, a rcemment remis un rapport trs optimiste en ce sens.
Tant que l'EDI se pratique entre professionnels et non avec le public au sens large, les difficults devraent en effet tre facilement surmontables: en matire commerciale, les tribunaux sont bien plus libres d'accepter toute forme de preuve. Et cela va mieux encore si les parties, au moment o- elles ont tablies leurs relations EDI, sont explicitement convenues de l'accepter comme preuve.
Les mots mmes cdent devant le consensus. Telle loi parle de la ncessit d'un "crit". Mais, observe un expert, la loi prcise-t-elle que ce doit tre crit sur du papier? Telle autre exige un document "sign". Mais la "signature lectronique" n'est pas infiniment plus s-re que le paraphe bch au bas d'une liasse autocopiante?
Ici, Claude Chiaramonti se fait presque lyrique. "Mais quand cessera-t-on de regretter les prtendues garanties du papier. Bien au contraire, c'est maintenant, grce l'informatique, que l'on va enfin pouvoir tre certain de la vracit des documents.
Maintenant on va pouvoir faire confiance aux signatures, parce qu'elles sont digitales. Demain, on se demandera comment on a pu faire confiance au papier".
La dmatrialisation des factures est dsormais une possibilit relle, que certaines entreprises vont pouvoir mettre en oeuvre ds 1991. Ce premier pas va conduire une rvision de l'ensemble des textes lgislatifs et rglementaires concernant les formalits administrives imposes aux entreprises. Un dictionnaire informatis de ces formalits est en prparation. Le transfert de donnes sociales (TDS) va devenir l'EDSI (Echange de donnes sociales informatis), qui se conformera aux normes Edifact.
La dmatrialisation des factures. Quelques points-cls La limpidit du texte lgislatif dispenserait presque de
commencaitaires. Mais sa brivet mme appelle quelques explications.
- La loi s'applique d'emble toutes les entreprises, et pas seulement (comme certains observateurs s'y attendaient, aux membres d'expriences piloteq comme Galia ou Tedeco).
- La diffrence est marque entre les "systmes dj autoriss" et les autres: dclaration simple pour les premiers, demande pouvant subir jusqu' neuf mois de dlai pour les noveaux services (la loi est ici proche du rgime d'autorisation de la Cnil, par exemple).
- L'"intervention inopine" n'est assortie d'aucun pravis, contrairement aux contrles fiscaux; c'est la contrepartie des liberts octroyes la demande de l'entreprise. Il est expressment indiqu que ces interventions ne peuvent dboucher sur un redressement fiscal, mais seulement sur une suspension de l'autorisation. Le fait que ce point reste prciser par le dcret d'application montre que le lgislateur est conscient des inquitudes qu'il peut crer.
La France dans l'effort EDI international anglo saxons pensent Trade, nous, plus gnral et Adm ..
.encadr
"Une synergie entre tlcommunications, socits de services (deux secteurs o- la France est bienplace) et ingnierie administrative devrait construire une force de proposition franaise, alors que UK= trade, et autres pays encore peu actifs (italierns intressants dans organisation coopration PMI)
perso: parallle mthodes (Meris)
La loi, un texte limpide
Loi de finances rectificative pour 1990.
Article 47. - 1. Pour l'application des articles 286 et 289 du code gnral des impts, les factures transmises par voie tlmatique constituent, sous rserve des dispositions ci-aprs, des documents tenant lieu de factures d'origine.
Les informations mises et reues doivent tre identiques. Sur demande de l'administration, elle sont restitues en lanageclair par l'entreprise mettrice et par l'entreprise rceptrice.
Si l'administration le demand, la restitution des informations est effectue sur support papier.
II. Les entreprises ou leurs groupements qui veulent recourir la tltransmission des factures prcue au I dposent une demande d'autorisation auprs de l'administration fiscale. Cette demande comprend les lments permettant de vrifier que le systme de tltransmission rpond aux conditions poses par le prsent article;
A compter de la rception de la demande, l'administration dispose d'un dlai de six mois pour se prononcer. Pour permettre aux entreprises ou leurs groupements de fournir tous renseignements complmnetaires utiles tant l'instruction du dosseir qu' la mise en oeuvre des tests viss au cinqime alina du prsent paragraphe, ce dlai peut tre prolont de trois mois.
Le systme de tltransmission ne peut tre modifi sans qu'il soit consef trace dans la documentation des modifications apportes. La modification du systme soumis autorisation est porte la connaissance de l'administration pralablemnet sa mise en oeuvre. A dfaut de rponse dans un dlai de deux mois, la modification est considre comme accepte.
Dans le cadre de l'instruction de la demande initiale ou modificative, il est peut tre procd des tests auprs de l'entreprise mettrice, de l'entreprise rceptrice et,le cas chant, des prestataires de services de tltransmission.
Les contribuables qui entendent utiliser un systme dj autoris dans les conditions vises aux alinas prcdents en faont la dclaration auprs de l'administration fiscale, au plus tard trente jours avant sa mise en oeuvre. A l'expiration de ce dlai, l'admnistration est rpute avoir donn son autorisation.
III. Les informations doivent tre conserves dans leur contenu originel et dans l'ordre chronologique de leur mission par l'entreprise mettrice et de leur rception par l'entreprise rceptrice dans les conditions et dans les dlais fixs par l'article L.102 B. du livre des procdures fiscales.
Les entreprises mettrices et rceptrices tiennent et conservent sur support papier, pendant le dlai fix au premier alina de l'article L102 B du livre des procdures fiscales, une liste rcapitulative squentielle de tous les messages mis et reus et de leurs anomalies ventuelles.
IV. Les agents de l'administration peuvent intervenir de manire inopine dans les locaux professionnels des entreprises mettrices et, s'il y a lieu, dans les locaux professionnels des prestataires de services de tltransmission, pour vrifier la conformmit du fonctionnement du systme de tltransmission au xexigences du prsent article.
Lors de l'intervention mentionne l'alina prcdent, l'administration des impts remet au contribuable ou son reprsentant, un avis d'intervention prcisant les oprations techniques envisages sur le systme de tltransmission;
A l'issue de cette intervention, les agents de l'administration tablissent un procs-verbal constatant la conformit du systme ou le manquement aux conditions poses par le prsent article.
Le refus de laisser les agents qualifis accder aux locaux professionnels, l'impossibilit de raliser les tests et les manquements constats lors de tests ou lors d'une procdure de vrification des systmes tlmatiques entranent la suspension de l'utorisation prvue au II. La dcision de suspension peut tre prononce l'expiration d'un dlai de trente jours compter de la notification du procs verbal vis l'alina prcdent. Dans ce dlai, le contribuable peut formuler ses observations et procder la rgularisation des conditions de fonctionnemnet du systme.
A dfaut de rgularisation dans un dlai de trois mois suviant la dcision de suspension, l'autorisation d'utiliser un systme de tltransmission est caduque.
L'intervention, effectue par des agents ou des impts ou sous leur contrle conformment au premier alina du prsent paragraphe, ne relve pas des procdures de contrle de l'impt rgies apr les articles L.10 L.54 du livre des procdures fiscales. Les procs-verbaux tablis en application du prsent texte ne sont opposables au contribuable qu'au regard de la validit de l'agrment dont bnficie son systme de tltransissino.
V. Un dcret fixe les conditions d'application du prsent article, et notamment les modalits de restitution des informtaions ainsi que les conditions dans lesquelels les agents de l'administration sont habilits procder aux visites mentionnes au IV.
...encadr
Coopers et Lybrand avait embauch Dreyfous qui prendrait sa retraite, avait t contest, mais sera reegrette puis Vuillemot journes avec DEC 24/1 Lisses, une bonne affaire
...encadr
Rorganisation de la Cosiforme
tlmatique revient tout le temps composition trs ouverte (dix personnalits)
trois comits: rpertoire des entreprises, donnes sociales, cfe
...encadr
L'engagement des comptables"
"La comptabilit se fera, terme, sans intervention humaine, notreprofessiondoit s'y prparer". Fopurnet.
Petit glossaire
D'ARVA
CFE. Centre de formalits des entreprises
CIIBA
Cnil
Cosiforme
EDSI
Notarisation
Tedeco
Cnam
TDS
Ediconstruct