@T ACT2:Informatique et libertés: le moment d'agir
@TEXTE:Incapable, comme trop souvent, de conserver ses secrets, l'Administration a laissé certains journalistes accéder au rapport de Jean Gaeremynck et Maurice Méda sur l'informatique et les libertés. Le Canard Enchaîné (20/11/96) sonne l'alarme, en l'assortissant d'extraits de fiches rédigées par le Garde des sceaux. Le Monde (23/11/96) prend le relai sur un ton plus modéré.
Dans les jours qui viennent, le rapport devrait devenir publiquement accessible dans son intégralité, et il y aura lieu d'en étudier de près les conclusions. Les raisons de s'inquiéter ne manquent pas, car les libertés ne sont guère à la mode et certaines menaces se précisent. En outre, la Cnil n'a pas brillé par son courage ni ses initiatives au cours des derniers mois.
D'autres, comme Daniel Duthil (Groupe des Parques), mettent en avant les aspects positifs des perspectives. Il avait déjà dans nos colonnes (LMI du 29/10/93), stigmatisé les défauts du système actuel, terriblement paperassier et d'ailleurs conçu il y a quelque dix ans pour informatique sensiblement différente d'aujourd'hui. Le rapport ne fait en quelque sorte qu'ouvrir une période de discussion pour la préparation de la nouvelle loi, et le champ des possibles s'ouvre plus largement que jamais. Les nouveaux services en ligne, par exemple, ouvrent des possibilités bien plus large que les traitements classiques pour fournir aux utilisateurs des explications sur la finalité des données et sur les responsables qu'ils peuvent mettre en cause. "Au lieu d'être frileux, profitons des moyens extraodinaires que la technologie met à notre disposition aujourd'hui et prenons des initiatives", suggère Daniel Duthil.
L'espace qui va s'ouvrir entre rapport et projet de loi proprement dit, les mois qui viennent peuvent être décisives. C'est le moment pour les défenseurs (ou les promoteurs) des libertés de s'exprimer et d'agir pour que la France ne se résigne pas, en matière de libertés comme de parc informatique, à jouer les lanternes rouges de l'Europe. @SIGNATURE:Pierre Berger