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@ST:L'ADMINISTRATION COMMUNICANTE


@TITRE:Réformer les machines de l'Etat


Le gouvernement présentera bientôt ses plans



@CHAPO:A force d'impulsions au sommet et d'initiatives à la base, l'Administration française va-t-elle dépasser ses blocages face aux nouvelles technologies? Le Gouvernement s'engagera d'ici à fin novembre. Contre d'énormes obstacles, mais avec quelques atouts et déjà un capital d'idées et de propositions.



@TEXTE:Une administration communiquante, exploitant à fond les nouvelles technologies ? Mission impossible! Bien sûr les premiers ministres mettent les nouvelles technologies au premier rang des thèmes politiques . Bien sûr les jeunes du service public multiplient les initiatives malgré le manque de moyens. Mais, entre les deux, une épaisse couche de fonctionnaires et d'énarques de 44 à 77 ans, coincés dans leurs problèmes de carrières, le carcan des "corps" avec leurs statuts, les protections générales offertes par la fonction publique, et des modes de comptabilisation plus axées sur la prévention que sur une gestion constructive. Le mammouth n'a pas le moral de champion qui le disposerait au dégraissage.


L' "héritage" culturel pèse encore plus lourd que la "legacy" des vielles informatiques à mainframes. Les locaux mêmes ont de quoi décourager toutes les énergies de changement. Le Faubourg Saint Germain aligne les prestigieux hôtels particuliers des ministères. Mais tout câblage y coûte fort cher. A l'opposé, les enfilades staliniennes du ministère des Finances ont de quoi donner le spleen au plus endurci des inspecteurs des finances.


@INTER:Des budgets en baisse


@TEXTE:L'informatique est un poste de coût, elle relève du "train de l'Etat".

Rien dans les règles de la comptabilité publique ne permet de la développer comme un outil de productivité. Quant les priorités vont à la réduction de la dépense publique et la défense l'emploi, comment oser réclamer des crédits pour supprimer des postes ?


Les budgets informatiques baissent donc chaque année, de 6 ou 7% (voir LMI du 27/9/1996). Même les ministères qui ont pu préserver leurs moyens, voire obtenir quelques rallonges sur leurs crédits, l'affectent à l'immobilier ou aux embauches plus qu'à l'informatique. Comme ces budgets comprennent les frais de fonctionnement aussi bien que les investissements, on comprend que ces derniers ne puissent être que sacrifiés.


@INTER:Des retards du au changement d'Assemblée


@TEXTE:A la fin de 1996, un certain optimisme était permis. Alain Juppé, à sa manière pète-sec, sommait tous les ministères de préparer des schémas directeurs pour juin 1997. Recommandait les standards Edifact et Internet. Et demandait à la Cosiforme un cadre général intitulé "Schéma directeur général des téléprocédures". La petite équipe du Commissariat à la Réforme de l'Etat s'intéressait enfin aux nouvelles technologies, et reprenait notamment certaines orientations du rapport Fontaine. Cela nous permettait de titrer, à la fin de l'année dernière : "L'Administration va-t-elle basculer"


La suppression même du Ciiba, malgré son caractère brutal, pouvait s'interpréter positivement dans la mesure où cet organisme n'avait jamais disposé de gros moyens permettant de lui donner de grandes ambitions.

Toujours de manière occulte, le gouvernement laissait entendre que la réforme de la loi Informatique et Libertés pourrait faire lever une source importante de blocage: l'interdiction d'interconnecter les fichiers de l'Administration. Cependant la manière même de procéder et le peu de confiance qu'inspirait le gouvernement conduisait à une levée de boucliers des associons, sous l'égide de la Ligue des droits de l'homme.


Hélas, la dissolution de l'Assemblée et le changement de gouvernement donnait prétexte à tous pour remettre aux calendes grecques la révision de leurs schémas directeurs. A cela s'ajoutent des inquiétudes sur la préparation des Administrations à l'an 2000 et à l'Euro. On peut même voir encore des fonctionnaires, pourtant directement concernés, sourire d'un air incrédule face aux inquiétudes à ce sujet, qu'ils considèrent comme une simple intoxication des médias par des SSII en mal de chiffre d'affaires.


@INTER:La persévérance de Matignon


@TEXTE:Créant la surprise à Hourtin (LMI du 29 août 1997), Lionel Jospin est allé beaucoup plus loin qu'Alain Juppé pour soutenir Internet. Les travaux engagés les deux dernières années au sein du Commissariat à la réforme de l'Etat vont donc pouvoir déboucher. Avec des annonces dès la fin novembre, espère Richard Bion (voir interview page...).


Parmi les grands chantiers, on relève au premier chef la mise sur Internet des donnés publiques. Elle n'exige ni développements ni investissements démesurés. En revanche il faut dénouer, ou trancher dans l'écheveau économique et juridique des concessions mises en place pour la diffusion papier (Journal Officiel, Documentation française...) ou télématique (OR Télématique en particulier).


Plus lourde, la dématérialisation des échanges avec les administrés va peut-être enfin tirer un profit significatif des efforts du passé. Alain Madelin puis Jean-Pierre Raffarin ont fait avancer la législation et les projets de "guichets uniques". Sur le thème difficile des marchés publics (voir article...) un premier projet de loi, abandonné par suite de la dissolution de l'Assemblée, reste prêt à fournir les bases d'une dématérialisation aussi complète que possible. En toile de fond, la mise en place de la Carte Santé et du Réseau Santé Social ouvre en vraie grandeur (des milliards de francs) le champ de la dématérialisation.


@INTER:Le contournement par la base


@TEXTE:Enfin, la communication entre les systèmes transactionnels des grandes administrations se heurte aux obstacles les plus lourds. Elle exige des développements considérables. Elle remet en cause le fondement même de la répartition des tâches entre les différentes administrations et les organismes de sécurité sociale. Elle fait même lever les boucliers de la Ligue des droits de l'homme et de nombreux défenseurs des libertés. A la limite, elle conduirait à repenser les principes de la séparation des pouvoirs élaborés par Montesquieu à l'époque où la démocratie des Lumières se construisait sur les technologies du papier.


C'est pourquoi les promoteurs de l'Administration communicante attaquent d'abord le problème par la périphérie: guichets uniques, systèmes d'information territoriaux, serveurs d'information sur minitel. Faute de se transformer en gazelle, le mammouth chausserait-il des patins à roulettes ? @SIGNATURE:PIERRE BERGER




@Légendes et icono...