@T RUB2:"L'important est de jouer la clarté"
@SOUS TITRE:Daniel Duthil, Président du Club des Parques
@TEXTE:L'administration a lancé, depuis quelques années, toute une réflexion
pour encourager l'EDI. Des organismes de médiation et de
standardisation ont été mis en place, des outils logiciels ont été
créés par secteurs professionnels : transports, construction
automobile, justice. Il s'agissait là d'une approche de type
industriel classique, conjuguant l'intervention de l'Etat et
l'initiative privée.
La déferlante internet a bouleversé cette donne, en modifiant
notamment les structures de prix. Ce qui était spécifique, complexe à
mettre en oeuvre est devenu standard. L'étape EDI a eu son utilité ;
mais les procédures relativement lourdes qu'impose cette technique ne
semblent plus justifiées : quand on compare le temps nécessaire pour
se connecter à un système de type EDI au temps d'accès à une solution
internet sécurisée, on a l'impression de comparer le Morse à la
téléphonie.
Les mécanismes interactifs se sont imposés, l'accès gratuit au texte
de la loi est une volonté politique affichée du nouveau gouvernement.
Mais ces nouvelles conditions de gratuité sur internet ne doivent pas
faire oublier qu'elles n'incluent pas les codes et que, pour les
obtenir, il faudra toujours passer par des éditeurs papier ou
électroniques. La concession accordée jusqu'alors à OR Télématique
devra donc être renégociée pour respecter cette nouvelle approche.
Une exigence de transparence et de clarté s'impose non seulement pour
les données publiques mais aussi pour les raisonnements. L'expérience
suisse en matière de déclaration fiscale est, à cet égard,
instructive. Les logiciels fournis par l'administration proposaient
systématiquement les options qui lui étaient favorables, ce que n'ont
pas manqué de dénoncer des auteurs de produits concurrents, lesquels
ont donc fourni des versions pro-contribuables.
Ici, l'on voit que la rigueur propre à l'informatique était bien de
nature à apporter pleine lumière sur une stratégie qui, sinon, serait
restée secrète et dangereuse à ce titre ; une deuxième conséquence a
ainsi été de proposer une contre-stratégie adaptée.
Le même raisonnement vaut pour l'interconnexion de grands fichiers
administratifs ou commerciaux : l'automatisation met en évidence son
fonctionnement et ses effets et constitue de la sorte une parade aux
traitements occultes. Certes, l'administration ne peut pas tout dire ;
la connaissance des indicateurs informatisés mis en place pour
détecter de faux marchés, dans le cadre de la lutte anticorruption
risquerait, par exemple, de faciliter le travail des fraudeurs. Mais
pourtant, il faut rester fidèle au grand principe qui veut que rien de
ce qui concerne l'individu ne soit fait à son insu. C'est ici que les
syndicats et associations vont pouvoir remplir la plénitude de leur
mission.
Pour moi, je suis résolument optimiste. Je fais confiance à la
technologie pour apporter de la clarté. Concrètement, il faudrait
simplifier la loi Informatique et libertés et supprimer notamment les
obligations de déclaration à la Cnil. Comme la majorité des
applications va se faire par relations interactives, les informations
concernant la finalité du traitement, les destinataires des
informations, les mesures de sécurité et le responsable du traitement
pourraient être accessibles par le réseau en utilisant la technique de
"l'aide en ligne" bien connue des informaticiens. Avec, en plus, un e
mail qui désignerait le bon interlocuteur.
@SIGNATURE:Propos recueillis par P.B.
@LEGENDE:Daniel Duthil: "Le raz de marée Internet prend l'EDI de vitesse"