@T RUB 2:Les méthodes d'achat du public en avance sur le privé
@SOUS-TITRE:André Galliano, Scénari
@TEXTE:Traditionnellement, les industriels achètent des technologies, alors que les directions informatiques achètent des hommes. C'est ce qui nous a conduits, avec Jacques Troncy, alors à France Télécom, à mettre au point notre méthode d'achats en "partenariat".
Le secteur public dispose d'un cadre formalisé d'achats qui le met en avance sur le secteur privé: habitude de définir le besoin dans un cahier des charges, obligation de mettre les fournisseurs en concurrence et de s'assurer de la qualité des prestations.
Mais ce secteur tend à pousser un peu trop loin le cloisonnement entre administratif et technique. Or un achat informatique doit être construit autour de trois composantes: l'organisation du projet (définition des structures du projet, de la méthode de conduite, de sa cible et de son point de départ), le juridique (acheteurs, aspects administratifs de l'achat) et le technique (le besoin, les exigences, les contraintes). Notre mission consiste souvent à intégrer ces trois composantes.
Alors que, dans les industries privées, c'est le service achats que le fournisseur rencontre d'abord, ici l'initiative vient rarement des acheteurs. Elle vient de moins en moins souvent de la direction informatique (à peu près la moitié des cas aujourd'hui, alors qu'il y a dix ans, elle était presque toujours au point de départ). Quant à la maîtrise d'ouvrage elle prend de plus en plus souvent l'initiative, mais elle tend encore trop à se diluer dans des comités (de direction, de pilotage), alors qu'un bon projet a besoin de la volonté d'un homme qui se donne les moyens de le mener à bien, avec une direction opérationnelle à ses côtés.
Certaines maîtrise d'ouvrage commencent à se structurer et à se doter des compétences informatiques nécessaires. Cela va de pair avec une réflexion sur l'expression des besoins. Tantôt on va chercher des compétences à la direction informatique, tantôt ce sont les fonctionnels eux-mêmes qui se forment, tout en continuant d'appartenir à leur " métier " (le commercial, par exemple).
Après une étude préalable, les maîtrises d'ouvrage vont souvent voir la maîtrise d'oeuvre interne (informatique), qui prend en charge le projet, monte éventuellement des consultations externes, ou au contraire pousse le maître d'ouvrage à s'adresser directement à l'extérieur.
Nous pensons qu'il faut, en général, contractualiser simultanément la maintenance (au moins pour les premières années) avec le développement. Car, de toutes façons, pendant assez longtemps, l'utilisateur reste fortement dépendant du développeur. Nous organisons donc la conduite des appels d'offres et la rédaction des contrats de manière coordonnée, avec à l'issue le chois d'un seul fournisseur. Les marchés intègrent systématiquement des mécanismes d'évaluation des charges et de maîtrise des cas de variation du périmètre initial des prestations contractualisées.
La pression sur les budgets des administrations, la pratique du gel en cours d'année de budgets votés pour l'exercice ont conduit à des mesures de précaution. Autrefois, on lançait une " tranche ferme " avec les budgets de l'année, complétée par des " tranches conditionnelles" gagées sur les budgets à venir. Aujourd'hui, le contrôleur financier impose que toutes les autorisations de programme soit obtenues avant de lancer l'ensemble. Cela rétrécit le volume des achats, mais fiabilise les opérations.
L'an 2000 pousse à l'externalisation, ne serait-ce que pour mettre dans une main unique les problèmes de migration des matériels, des applicatifs et des logiciels système.
@LEGENDE:André Galliano: "Ce secteur tend à pousser un peu trop loin le cloisonnement".