PROGRAMATION OBJET ET OBJECTIVITE DU JOURNALISTE

Le concept d'objet, et notamment l'opposition partie cachée/partie visible, ou encore "facettes" me paraît pouvoir éclairer le problème de l'objectivité dans la presse.

L'ARTICLE, UNE FACETTE DE L'OBJET

Un article vise à donner à un lecteur déterminé une vue adéquate de l'objet étudié par l'article. L'article est une facette de l'objet. Cette facette serait idéale si elle donnait au lecteur la même information que s'il pouvait accéder directement à l'objet.

Pour parvenir à cet idéal (ou du moins s'en rapprocher autant que possible), il faut que le journaliste ait une connaissance aussi complète que possible de l'objet, parties visibles aussi bien qu'invisibles. C'est à partir de cette connaissance qu'il pourra construire la facette adéquate à son lecteur.

Mais, évidemment, le journaliséte n'est pas à l'intérieur de l'objet. Plus précisément, il ne dispose souvent, en première analyse, que d'une seule facette. Et une facette bien particulière: la facette marketing élaborée par l'organisateur du reportage ou de la conférence de presse.

MULTIPLIER LES FACETTES POUR ATTEINDRE LE COEUR DE L'OBJET

Pour atteindre le coeur, le "centre" de l'objet, on son ensemble si cette notion paraît un peu méthaphyqisue... le journaliste dispose de deux types de méthodes:

- l'obtention d'autres facettes, (exactement comme il faut la vision binoculaire pour voir le relief),

- la compétence technique en profondeur qui va permettre de faire la synthèse des différentes facettes.

Moyens pour obtenir d'autres facettes:

- trouver d'autres interlocuteurs que celui prévu par le marketing du contact;

- avoir des documents sur les états antérieurs de l'objet, de manière à en situer l'évolution au cours du temps;

- avoir des documents sur des objets analoguques, qui permettront de se faire une idée par comparaison:

- au cours de la rencontre avec l'interlocuteur, ne dévoiler que peu à peu ses propres batteries, de manière à déplacer le point de vue du contact; c'est un peu vicieux, mais tout de même de bonne guerre si on ne va pas trop loin; ainsi, on aura d'abord une facette "vous n'y connaissez rien, je vais vous expliquer" puis une facette "je vois que vous êtes un connaisseur, je peux

donc vous dire que...";

- passer de la facette financière à la facette technique, de la facette "informaticien" à la facette "utilisateur", etc.

AVOIR LES RESSOURCES TECHNIQUES POUR ATTEINDRE LE COEUR PAR REVERSE ENGINEERING

Il fut ensuite pouvoir faire la synthèse des différentes facettes. Et pour cela, il y a d'une part la bonne vieille logique (principe de non-contradiction: si c'est blanc, c'est pas noir, ou alors c'est plus compliqué que vous ne le dites) et d'autre part une compétence technique aussi profonde que possible pour faire du reverse engineering.

(intuitivement, on considérer qu'on a pénétré au coeur quand aucun point important ne fait plus question, qu'on a une impression de transaprence entre l'objet, avec en quelque sorte une élimination de l'interlocuteur qui nous a mis en contact avec lui)

PASSE A LA REDACTION DE L'ARTICLE, LA FACETTE LECTEUR

Une vois la connaissance profonde acquise, restera à construire la facette "lecteur". On pourra d'autant mieux choisir le bon angle qu'on aura "fait le tour" de l'objet et qu'on aura

chassé les zones d'ombre et les camouflages.

Un point essentiel: il faut être d'autant plus solide, y

compris techniquement, que l'on a à faire un article "grand

public". La simplicité n'est possible sans trahison que si

l'objet est devenu transparent pour le journaliste.

Reste la subjectivité, les engagements personnels du

journaliste (voire du journal dans son ensemble) par rapport à

l'objet, et qui font influencer sur la construction de la

"facette lecteur".

S'il s'agit d'un "journal d'opinion" affichant la coureur

(Minute, l'Huma, L'Osservatore reomano...) le lecteur est averti

de la position du journal et peut donc savoir "d'où" est

construite la facette.

Si la recherche de l'objectivit est un impératif

prioritaire, ou fortement affiché par le journal (genre "Le

Monde", il reste deux solutions majeurs:

- préciser, au moins quand cela a de l'importance, la

situation personnelle de l'auteur par rapport à l'objet;

- faire un article à plusieurs facettes, pour permettre au

lecteur lui même de reconstituer l'objet; avec un cas particulier

évident: la séparation entre l'information (qu'on essaye de faire

aussi factuelle que possible) et le commentaire (plus subjectif).

PIERRE BERGER, 29/9/89

Observation de SHD:

- facette et méthode autre que la technique (l'humain)

- plusieurs facettes ou plusieurs articles (qui peuvent se contredire...).