@TITRE:Amadeus contre Galileo, la bataille de la réservation aérienne
@TEXTE:Il fallait faire quelque chose! Les compagnies aériennes américaines menaçaient en effet de s'assurer le monopole de la réservation pour les compagnies du monde entier, voire pour toutes les ressources touristiques mondiales, des chambres d'hôtel jusqu'aux locations de voiture. Face à Sabre et Apollo, champions des USA, l'Europe rêve d'un grand système unique. On y parvient en 1987... à un détail près: les Anglais font bande à part, et le vieux continent lance deux systèmes à la fois. Amadeus regroupe Air France, Lufthansa, Iberia et SAS. Galileo s'appuie essentiellement sur British Airways. D'où deux énormes contrats, où IBM obtient la part du lion. Pour la fourniture de grandes machines d'abord, car Unisys ne fait déjà plus le poids. Et, au moins en ce qui concerne Amadeus, pour la maîtrise d'oeuvre. 300 millions de dollars presque sur un plateau.
L'aventure ne laissa pas un si bon souvenir à Big Blue. Amadeus bute assez vite sur nombre de difficultés, et IBM devra abandonner un contrat pourtant prestigieux, après un dépassement de budget de quelque 150 millions de dollars. Quant à Galileo, qui semblait techniquement devancer son concurrent, il finit par se jeter dans les bras de l'américain Apollo. Et, fermant son centre de calcul anglais de Swindon, laisser un gros morceau de l'Europe aux américains.
Amadeus, heureusement, est assez brillamment sorti de ses difficultés de jeunesse. La firme témoigne des capacités de l'Europe quand elle sait s'unir: énorme centre de traitement à Munich (7 000 mètres carrés de salles blanches), centre de développement et de Marketing à Sophia-Antipolis, direction générale à Madrid. Après avoir raté, ou échappé à, un mariage avec Sabre, la réservation européenne se fait aujourd'hui offensive, avec le rachat de l'américain System One et une pénétration croissante des agences de voyage européennes. On se prend à rêver que British Airways regagne un jour le bercail européen... @SIGNATURE:P.B.