@TITRE:Les nuits blanches d'Europcar

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@TEXTE:La France va battre un record du monde. Mais elle ne le sait pas encore et, à Villepinte, un certain nombre d'informaticiens passent de mauvaises nuits à faire sortir de l'ornière un projet qui menace de tourner à la catastrophe. Deux mille utilisateurs sur une même machine Unix... impossible! En avril, il faut rendre la main aux bons vieux mainframes et à leurs grappes de terminaux classiques. Mais aucun des partenaires ne capitule. Sauf peut-être NCR (devenu ensuite AT&T GIS), dont les unités centrales sont pour l'essentiel remplacées par des Sequent. Ni Oracle, dont le SGBD n'en avait jamais tant vu, et qui bute sur une bogue restée jusque là inaperçue. Ni surtout Perot Systems et son client français Europcar. Pour l'utilisateur, un échec serait dramatique, sinon mortel. Pour le prestataire de services, son prestige est en jeu par l'importance même du projet.


L'affaire passionne d'autant plus qu'elle survient en plein débat sur les mérites du client-serveur. Ses partisans ont dû en rabattre sur les fabuleuses ("tremendous" dirait-on en étasunien) économies promises, mais peuvent déjà citer bien des sites efficacement opérationnels. Ses adversaires s'empressent de conclure qu'Unix n'est bon que sur les petits projets, mais ne jouera jamais dans la cour des grands, l'informatique de production en vraie grandeur et "mission critical".


Eh bien, tout finit par s'arranger. Sauf pour le promoteur du projet, remplacé à chaud par un tandem moins visionnaire mais plus gestionnaire. La bogue est réparée. Les performances réseau deviennent atteingnent un niveau suffisant grâce à l'économiseur de Synchronix. Le tuning s'affine. On attend tout de même la fin de l'année pour crier victoire. Et voilà: Unix et le client-serveur viennent de prouver, définitivement, leur aptitude à gérer de grosses, de très grosses applications transactionnelles. La cause est entendue.@SIGNATURE:P.B.