@T EVE2:Routiers: télétravailleurs et cyber-syndicats

L'informatique, fauteur de troubles ou gardien de la paix?

@TEXTE:Si les camionneurs bloquent les routes, c'est pour une part à cause de l'informatique. Mais la solution de leurs difficultés passe aussi par un nouveau développement des technologies de l'information.

La pression sur les chauffeurs a été renforcée par la logique du "juste à temps" et l'optimisation des productions et de la logistique. Quant client et fournisseur s'entendent pour livrer en "120 minutes" après la commande, la fatigue du chauffeur ne compte plus. Le mécontentement monte, et les syndicats, eux aussi équipés de micro-ordinateurs, manoeuvrent aujourd'hui comme les militaires avec leur "systèmes d'information et de communication". A l'opposé, les entreprises se servent du positionnement par satellite et des télécommunications pour contourner les barrages et les encombrements. La Poste, par exemple, avec le service de mobilisation Mobiloc. Ou Transnucléaire, avec le système Géotrack, qui exploite les satellites aussi bien pour localiser les véhicules (GPS) que pour transmettre les données (Inmarsat C).

La législation et les pouvoirs publics devraient protéger les camionneurs. Hélas, explique Daniel Galiacy (délégué général de l'association Havre Port Innovation), "Dans la situation actuelle, les entreprises qui n'appliquent pas les contrats de progrès ont de fait un avantage déloyal. La technologie peut aujourd'hui contribuer à les faire respecter". On trouve par exemple des lecteurs de disques chrono-tachygraphiques ("mouchards") qui peuvent être installés en de nombreux points. Le chauffeur pourrait y faire lire son disque. Les Drire (Directions régionales de l'industrie, de la recherche et de l'environnement) pourraient ainsi mieux remplir leur fonction de contrôle et protéger les chauffeurs.

L'informatique, ajoute Daniel Galiacy, pourrait aussi servir à réduire les flux parasites. Dans les centres multi-modaux et les entrepôts installés près des centres urbains, les entreprises gèrent individuellement leurs stocks et leurs flux. Le projet européen Surff (Sustainable urban and regional freight flow) étudie les possibilités d'une gestion collective. Elle ferait gagner du temps avec des systèmes de rendez-vous et une coordination méthodique des flux d'arrivée et de départ.

Bref, l'évolution du transport et des conditions de travail des routiers ne peut tout à fait se comprendre, ni s'améliorer, sans prendre en compte l'informatique et les réseaux.@P.B.