@DOMAINE:STRATEGIE

@ST OUV:AIR FRANCE

@T RUB1:Une architecture pour unir

et pour conquérir

@CHAPO:Le 1er avril prochain, Air France et l'ex-Air Inter ne feront plus qu'une compagnie. L'informatique y achève son unification. Une première étape assure un "minimum vital". La deuxième visera l'économie, les performances, l'ergonomie... et semble bien en préparer une troisième, conquérante celle-là.

@TEXTE:"Il y a encore six mois" rappelle Jimmy Anidjar, Executive Vice-President et Chief Information Officer du groupe Air France, "on se demandait si la fusion serait socialement acceptable. Aujourd'hui, dans tous les esprits, la fusion est actée." Et, techniquement, l'intégration des deux informatiques est bien avancée. Dans ses principes architecturaux. Et dans la mise en place du "minimum vital" nécessaire à un fonctionnement unifié à partir du 1er avril prochain. Air France et Air France Europe (ex Air Inter) n'auront plus qu'une seule flotte, un seul ensemble de personnels. Après quoi, l'intégration complète prendra du temps (Pour UTA, intégrée en 1993, la dernière application a été débranchée à la rentrée de 1996).

@INTER:Le "minimum vital" pour une compagnie unifiée

@TEXTE:Le minimum vital se construit comme un ensemble de passerelles, laissant encore largement leur place aux applicatifs anciens, mais en permettant une vue unifiée.

Pour la paie, celle d'Air France l'emporte et celle d'Air Inter va s'y déverser. Opération relativement simple, puisque les deux compagnies utilisaient Siga-Gip. Mais la gestion du personnel navigant restera séparée, avec des passerelles et un même déversement de données dans la paie et la comptabilité, mais en conservant des différences qui tiennent à une différence de métiers entre le national et l'international.

Pour la comptabilité, les deux entreprises, avant même la fusion, avaient décidé de se doter d'un même outil. Du spécifique (Cobol/CICS sous DMS) conduisant à deux comptabilités issues d'un même projet commun, d'origine Air Inter. L'enregistrement des passagers se fait avec le produit Gaetan d'Air France, avec un processus de convergence qui avait commencé dès 1992.

@INTER:Adhésion, l'architecture de convergence

@TEXTE:La deuxième étape s'étend sur plusieurs années et vise des critères d'économie, de performances et d'ergonomie. Elle traduit dans les faits des travaux en profondeur qui ont "bénéficié du support méthodologique de Lyon Consultants et ont été confrontés à la vision CSC de l'évolution des architectures. Née chez Air France, et baptisée, Adhésion (Architecture Distribuée en milieu HEtérogène d'un Système d'Information à base d'Objets Normalisés), elle a fait l'objet d'une mise en cohérence avec Air Inter.

En théorie, ce type d'architecture fait aujourd'hui bien "classique". Son application aux énormes applications temps réel d'une compagnie aérienne ne va pourtant pas de soi. Bien que les systèmes ouverts et Unix en particulier fassent l'objet d'importants développements, le groupe continuera de faire un emploi massif de sites centraux. Car une compagnie aérienne est "un mille-pattes avec un très grosse tête". La production, centralisée, exige un grand nombre d'accès à des applications communes, à partir de milliers, sinon de dizaines de milliers de postes de travail répartis dans le monde entier.

Au coeur, de gros mainframes, desservant en tout 25 000 postes de travail (dont 5000 venant d'Air Inter), et autant de périphériques. A quoi s'ajoutent l'énorme flux de transactions venant par le système de réservation Amadeus: 420 messages Edifact par seconde en pointe.

"Derrière" les mainframes, des serveurs d'arrière-plan, essentiellement Unix (avec Oracle et SAS),fournissent des applications particulières. En particulier les grandes applications décisionnelles, grosses consommatrices de puissance de calcul mais utilisées par une population relativement peu nombreuse de décideurs.

@INTER:En marche vers l'entreprise étendue

@TEXTE:L'EDI est une seconde nature pour les compagnies aériennes, car un grand nombre de voyages internationaux se décomposent en plusieurs segments fournis par des compagnies différentes. A quoi peuvent s'ajouter des locations de voitures, des réservations hôtelières. La délivrance d'un billet à partir d'une agence implique donc des transactions impliquant un grand nombre d'entreprises. Les compagnies disposent donc de réseaux de messagerie depuis... 1947, date de création de la Sita. Données et applicatifs doivent se conformer à des normes extérieures à l'entreprise, élaborées par l'Iata (International air transport association) depuis la même époque.

Plus récemment, ces standards se réfèrent à l'Edifact-ONU. Quitte à en compléter la syntaxe pour l'adapter au relations temps réel (Interactive Edifact). Cela traduit le besoin de s'interfacer avec les systèmes d'information d'autres professions. Air France se connecte par exemple avec la Poste, pour l'emport des sacs postaux (projet étudié à Valbonne). Ou avec les compagnies pétrolières pour suivre les consommations de carburant (prix, emports, factures, projet étudié à Vilgénis). Ou encore avec de gros clients pour leur permettre de mieux maîtriser leur facture de transport.

Plus généralement le réseau de liaison avec les terminaux a pris le nom de Géodis et fait l'objet d'une prospection de type commercial. Combinant, au plan mondial, des capacités de transport et d'opérateur de télécommunications, appuyée sur une informatique reconditionnée, Air France va pouvoir proposer de nouvelles formes de "valeur ajoutée". @SIGNATURE:PIERRE BERGER

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@T RUB3:Coordonner

@TEXTE:L'unification de l'informatique doit intégrer des sites hérités d'une longue histoire. Depuis toujours, l'informatique d'Air France se décompose en deux volets majeurs, avec chacun sa plate-forme et son site principal: Unisys à Valbonne pour la réservation, IBM à Vilgénis pour la gestion. Plus récemment sont venus s'installer, à Valbonne surtout, des serveurs Unix. De son côté, l'informatique d'Air-Inter se centrait sur des machines IBM, installées il y a deux dans un site spécifique à Toulouse. Enfin, une étroite connexion (avec liaison à 2 mégabits/seconde) reliait Valbonne au centre de réservation d'Amadeus à Erding, équipé de machines IBM et Unisys.

A ce niveau, l'unification de la compagnie se traduit surtout par des relations plus étroites entre les sites IBM de Vilgénis et de Toulouse. Ils ne seront pas regroupés, mais leur management sera unifié, avec "une certaine fluidité" entre les équipes. Du point de vue de l'exploitation, ils ne devraient plus, à terme, constituer qu'un seul "site virtuel" pour les applications de gestion.

Quant aux postes de travail, le parc actuel de terminaux comporte 90% de machines C-Tos (un ancêtre du client/serveur) et pour le reste de terminaux type 3270 (Memorex). Il va céder la place, en cinq ans, à un nouveau poste de travail, basé sur Windows 95, par l'intermédiaire de serveurs locaux NT (de 3000 à 5000). Lotus Notes intégrera la bureautique, la gestion des données en provenance des sites centraux. Ce produit s'avère ici particulièrement pratique pour les postes nomades.

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@T RUB3:Stratifier

@TEXTE:La nouvelle architecture se caractérise notamment par une structuration des applications en trois couches: interfaces, processus, objets métier. Les éléments qui changent souvent doivent dépendre des éléments stables et non l'inverse.

Les interfaces avec le monde extérieur et les utilisateurs (conversationnel, groupages du traitement par lots, événements programmes) évoluent au rythme des changements d'organisation, des postes de travail et de l'environnement. Liés aux évolutions technologiques comme aux demandes des utilisateurs, ces interfaces ont un cycle de vie compris entre deux et trois ans. Cette couche fait appel à des modules réutilisables dits "services d'interface".

Les processus (ou applications), support de l'activité, définissent la manière de travailler à un instant donné. Traduisant la logique de l'entreprise, elles évoluent au rythme de ses reconfigurations et de ses améliorations. Cycle de vie de cinq à dix ans.

Les objets, regroupés dans l'infrastructure du système d'information, forment les éléments les plus stables du métier (le vol, le passager, le client) et les règles de gestion associées (méthodes), très peu évolutives. Cycle de vie compris entre dix et quinze ans.

On attend de cette répartition un maximum d'adaptabilité, de souplesse et de réactivité, correspondant à l'objectif stratégique d' "intimité client". Pour garantir la souplesse, il faut que l'adressage des services reste constant quelle que soit l'implémentation, et que l'évolution d'un composant soit transparente pour la couche utilisatrice.

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@T ENCA1:Un entrepreneur à la tête de l'informatique

@TEXTE ENCA:Le profil de Jimmy Anidjar, mis l'an dernier à la tête de l'informatique du groupe Air France, traduit certainement une volonté politique du président Christian Blanc. Sa carrière, commerciale d'abord, l'a conduit à la présidence d'Unisys France. C'est donc un entrepreneur, plus qu'un technicien, qui conduit maintenant le système d'information. Pourquoi ?

Dans un premier temps, il fallait surtout convaincre. Le nom même de l'architecture "Adhésion" en témoigne. Dans le même sens, l'accent placé sur l' "intimité client" peut s'interpréter comme un clin d'oeil aux utilisateurs de l'informatique (clients internes) aussi bien qu'aux clients de l'entreprise. Enfin, la stratification et l'orientation objet a de quoi séduire les informaticiens, en tous cas les plus dynamiques d'entre eux.

Ce résultat acquis psychologiquement, les mois qui viennent vont surtout demander de la persévérance et le maintien d'une pression suffisante pour mener à terme l'intégration technique et humaine des deux informatiques d'origine, et contribuer aux gains de productivité exigés par la compétition féroce des compagnies aériennes entre elles.

Mais le nouveau CIO s'intéresse certainement bien plus aux conquêtes de l'avenir. Pour les transporteurs aériens, l'informatique est stratégique. Apollo, Sabre ou Amadeus figurent dans les manuels de management comme des exemples caractéristiques. Il faut s'attendre à de spectaculaires développements. Dès cette année ?

////////texte en réserve, à tout hasard

Le passage à l'Euro ne surprendra pas une entreprise qui, par nature même, travaille en monnaies multiples. Mais on rencontrera comme partout des problèmes comme les décimales. Quant à l'an 2000, "il y a des choses qui passent naturellement (notamment les applications du site de Valbonne), de gros morceaux qui passent, d'autres pas".