@T ACT2:L'université virtuelle, une révolution?
@TEXTE:Réunis à la Bibliothèque nationale de France par l'Aupelf-Uref (Agence francophone pour l'enseignement supérieur et la recherche), informaticiens et spécialistes de l'enseignement ont explorer les perspectives de l' "université virtuelle". Les technologies de base en sont connues, de la visio-conférence à Internet. Mais l'opposition est frappante entre la peur des uns, l'enthousiasme des autres... et la réalité déjà très concrète de certaines offres. "Les universités anglaises délivrent déjà des diplômes sur notre territoire" indique Jacques Vauthier (Université Pierre et Marie Curie) "Pour l'étudiant de Bois, les télécommunications coûtent moins cher que les navettes Blois-Paris". Il ajoute: "La nature des populations étudiantes à changé. Elles sont plus attirées par le visuel interactif que par les amphithéâtres de 1000 places."
@INTER:Qui résiste au changement ?
@TEXTE:La résistance au changement ne vient-elle pas surtout de l'intérieur? "La relation maître-élève peut changer complètement dans l'université virtuelle", lance Patrick Callet, enseignant-chercheur à l'ECP (Ecole centrale des arts et manufactures). "Les élèves produisent des connaissances, et plus seulement les professeurs. Il n'y a plus d'étagères remplies de livres, d'une accessibilité limitée. Chacun peut conserver le résultat de ses travaux, et le mettre sous une forme largement accessible." Mais ce genre de discours se heurte à la résistance des institutions, où la règle est "la conservation du pouvoir par la confiscation du savoir." Il ne faudrait plus considérer l'élève comme une éponge, mais rajouter ces bras qui se présentent au système de production des connaissances. Le rôle de l'institution devient alors de certifier les produits qui en résultent.
@INTER:Une bénédiction pour l'Afrique ?
@TEXTE:Le télé-enseignement pourrait faire beaucoup pour les pays africains, explique Olivier Sagna (Université Cheikh Anta Diop, de Dakar). Il rappelle cependant que l'inexistence de réseaux de campus, la faiblesse de l'équipement en informatique limitent beaucoup l'impact des technologies de l'information. "La grande masse des étudiants n'a pas accès à ces outils et il n'y a guère d'espoir que la situation change fondamentalement à court terme".
Une "Université virtuelle africaine" doit fait l'objet d'une démonstration ce printemps. Mais les frais d'inscription s'élèveraient à 2500 F (français) par étudiant... contre 50 F actuellement pour les étudiants sénégalais à l'université Cheikh Anta Diop. Et, même si le projet envisage la production de contenus pédagogiques par les institutions africaines, "il porte en germe le risque de voir, une fois de plus, l'Afrique transformée en un simple réceptacle de contenus, ce qui ne ferait qu'accélérer le déclin des universités africaines au lieu de les renforcer".
Reste, rappelle Jacques Vauthier, que l'université virtuelle manque avant tout de bras. L'essentiel se fait en heures supplémentaires, avec le dévouement de quelques passionnés comme Alain Caristan (Inria), qui rappelle les combats menés sur Renater (réseau des universités française) pour que la communication "ne se fasse pas seulement de personne à système informatique, mais aussi entre humains". Bref, il y aurait de quoi se décourager, mais la persévérance ne se relâche pas. Pour gagner, martèle Jean-Yves Babonneau (Inria), "il faudrait surtout que nous nous coordonnions". Bon courage.@SIGNATURE:P.B.