@SURTITRE:DEVELOPPEMENT REGIONAL
@TITRE:Internet à Sophia-Antipolis
@CHAPO:Site technologique avancé, Sophia montre bien l'utilité comme les limites d'Internet et sa complémentarité avec les autres formes de réseau.
@TEXTE:Plus que de ses petites routes ombragées de ses pinèdes, la vie de Sophia-Antipolis dépend essentiellement de ses réseaux de données. La technopole niçoise travaille pour toute la planète, et fait donc un appel croissant à Internet. Elle en montre aussi bien les limites que le rôle de plus en plus irremplaçable. Outil vital pour Marben, insuffisant pour Amadeus, indispensable malgré les risques pour Esprit Concept, un peu cher mais déjà essentiel pour Espri Concept... le "réseau des réseaux" répond, plus ou moins bien, aux objectifs comme aux capacités de chaque entreprise.
@INTER:Marben: transfert de fichiers-sources
@TEXTE:Marben emploie ici trente personnes, dans son agence Sud-Est. Pour un chiffre d'affaires de 20 millions de F, elle dépense 100 000 F par an et téléphone et télécopie plue environ 60 000 F pour se servir de la ligne Transpac de la maison-mère et accéder par là à Internet. Les déplacements se réduisent au minimum. On a pu le vérifier sur un des projets-phares de 1995, la portage de la plate-forme Openview de Hewlett-Packard sur le processeur Alpha de Digital Equipment. Les experts américains ou les clients suisses ne sont pas insensibles aux charmes de la Cote d'Azur, mais le courrier électronique et les transferts de fichiers coûtent moins cher que les voyages.
"Avec le décalage horaire, c'est même un outil vital pour nos échanges avec le fournisseur américain, de même qu'à l'égard du client. Nous pouvons aussi bien livrer un exécutable d'un méga-octet que répondre dans l'heure à une question technique", apprécie Jean-Marc Djian, directeur de l'agence. Il observe que cet outil exige des utilisateurs la maîtrise des utilitaires Unix nécessaires à l'emploi d'Internet ou imposés par les clients: "Chaque correspondant a ses contraintes", commente-t-il.
Pour plusieurs projets en cours, Internet va encore jouer un rôle déterminant. Cette fois pour la souplesse et la réactivité plutôt que pour réduire les déplacements, car certains clients sont venus en voisins, notamment IBM La Gaude, presque visible à l'horizon de Sophia. "Les test se font sur place. Les courriers électroniques ont une nature plutôt bureautique. Et la télécopie garde la préférence pour les envois de texte cours, d'une ou deux pages".
Mais cet usage intensif d'Internet conduit l'agence Sud-Est à envisager de prendre son autonomie pour l'emploi de ce réseau, et de prendre donc un abonnement plein en local, plutôt que de passer par le réseau de l'entreprise.
@INTER:Compass, malgré quelques inquiétudes...
@TEXTE:Pour Compass, producteur d'outils de conception micro-électronique, Internet sert surtout aux relations avec les clients, y compris pour le transfert de fichiers (en FTP). Un firewall assure une certaine protection. Jean-Marc Bournazel, un des fondateurs de la filiale française, avoue avoir "des sueurs froides avec le net". Mais surtout en tant que responsable de la sous-traitance aux pays de l'Est (off shore). Depuis deux ans, en effet, il fait travailler une cinquantaine d'ingénieurs russes à Moscou. Il applique un principe de développement associé (joint development) déjà expérimenté lors de partenariats industriels européens, notamment avec Philips. Mais aussi avec l'Asie (Japon, Taiwan, Corée). L'accès aux sources reste limité et certaines duplications ne se font qu'à sens unique. "Nous avons commencé à Moscou avec des bandes magnétiques que je transportais moi-même", raconte-t-il. Aujourd'hui encore, il se passe de liaison spécialisée avec les pays de l'Est. Hors de prix! Il se contente donc de recourir à Internet, sécurisé au maximum possible: accès limités, non anonymes et cryptés.
La firme ne se limite pas à Internet. Pour le transfert des fichiers-sources, il lui faut un outil plus rigoureux et plus économique de réplication et de contrôle, avec des jetons de propriété et de requêtes et des accusés de réception. Le système, fourni par Atria, emploie une ligne à 64 kilobits/seconde louée à Compuserve assure les échanges de fichiers entre Sophia et San-José, en Californie.
@INTER:Esprit Concept, utilisateur ascétique
@TEXTE:Espri Concept limite pour l'instant ses coûts en se limitant au courrier électronique de base. La dépense se limite aux 500 F d'abonnement plus 1000 à 1500 F par mois de facture téléphonique. Le téléphone ordinaire suffit, sans connexion Transpac. Cela n'empêche pas d'envoyer aux clients aussi bien de petits fichiers Ascii (moins de 64 kilo-octets) que des ensembles de données complexes. Des utilitaires du domaine public suffisent à les découper, compresser, ordonner et recomposer à la réception. Rustique, la méthode est aussi très sûre. Les boites aux lettres servent de sas. Mais il faut accepter l'ascèse de la communication asynchrone.
La société a pris l'habitude de fournir sa documentation en pages au format HTML (Hyper text marking language). Une contrainte, certes, mais aussi un standard qui facile la reprise des documents par d'autres systèmes d'édition. Les ingénieurs de la maison s'y sont formés il y a deux ans, tout en prenant le goût de la communication Internet tous azimuts. Le Cica (Centre de communication avancée) de Sophia Antipolis les a en effet hébergé au moment de leur création. Ils n'ont pas perdu la main... ni l'envie d'en faire plus dès que les tarifs le leur permettront. D'ores et déjà, ils préparent des serveurs Web pour leurs clients. Ils peaufinent aussi leur pratique des hauts débits en communiquant à 34 mégabits/seconde (ATM Pilot) avec leur client Aérospatiale satellites et son homologue italien Alenia Spazio.
@INTER:Trop léger pour le poids lourd Amadeus
@TEXTE:Pour Amadeus, le réseau européen de réservation aérienne, Internet ferait presque figure d'outil d'amateur. Son réseau privé de lignes spécialisées à 2 mégabits seconde lui assure les bases nécessaires à des liaisons lourdes. Son site de Sophia se concentre sur les développements informatiques, alors que les activités commerciales opèrent au siège de Madrid et que la réservation proprement dite bénéficie d'un des plus grands centres informatiques du monde, près de Munich. A quoi s'ajoutent les relations avec la filiale américaine System One. La visioconférence trouve ici toute sa justification. En effet, elle est à la fois précieuse pour une entreprise répartie sur plusieurs éloignée, et peu coûteuse du fait des lignes spécialisées à haut débit.
Mais le réseau assure aussi la mission fondamentale d'un centre de développement de logiciels: fournir les produits et leurs mises à jour aux différents établissements de l'entreprise. Et répondre, sous pression, aux "réclamations" venant des utilisateurs et des sites opérationnels. Les outils Profs et Office Vision fonctionnent depuis la création du groupe sous maîtrise d'oeuvre d'IBM (qui a depuis dégagé ses responsabilités). Ponctuellement, s'y ajoute aujourd'hui des échanges en MS-Mail sur réseau local.
Enfin, Lotus a trouvé ici une de ses premières grandes références françaises pour Notes. Depuis 1991, ce produit s'est mis au service du suivi de projets comme de l'élaboration des documents. Il passe maintenant sur le réseau avec les autres établissements du group. Et même avec l'équipe de développeurs de System One à Miami.
@INTER:Demain, Internet rase gratis et sans risques?
@TEXTE:Avec les années, Internet perfectionne ses services. Le Web lui a donné du brillant et tout le monde veut y avoir sa belle vitrine. Mais les entreprises de Sophia Antipolis lui demandent, avant tout, une baisse des coûts et une sécurité meilleure. Sur les autoroutes électroniques comme sur les autres, les poids lourds ont d'autres exigences que les vacanciers!@SIGNATURE:ANNE-MARIE ROUZERE
@LEGENDE ICONO:
Pas de technopole en site propre sans liaisons informatiques fortes (ici, le site de développement d'Amadeus)
D'un bout à l'autre de la planète, les circuits intégrés circulent sous forme de fichiers de CAO.
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ENCADRE: Effet vitrine
Groupware et accès à distance pour le personnel nomade, visioconférence, serveur Web et usage intensif d'Internet, sans oublier l'interconnexion et l'administration de réseaux, la messagerie X400 et l'EDI avec fournisseurs et sous-traitants... les responsables de l'informatique-maison des filiales de Digital Equipment, Bay Networks, Shiva, et autres majors en matière d'équipement réseau installés à Sophia Antipolis, jouent de tous les outils par "devoir d'excellence" (dixit le DI de Bay Networks, Guy Balaguer) avec, en plus, l'obligation de mettre en valeur les solutions-maison. La situation de tête de pont technique (R&D) européenne les y incite, tout comme les aide l'infrastructure du parc. "RNIS, Frame Relay ou ATM? le critère décisif reste le coût. Question accès à la boucle locale, Sophia est bien dotée", résume ce dernier. France Telecom, aussi, mise sur l'effet vitrine.