@ENCADRE TITRE:VERS UNE CITOYENNETE COMPLEXE

@ENCADRE TEXTE:La démocratie actuelle devra évoluer en profondeur, y compris dans ses textes, pour prendre en compte les nouvelles technologies de l'information. "Les articles 20 et 49 de la constitution ne prévoient pas la responsabilité du gouvernement devant le journal de 20 heures", écrit Hubert Védrine, denier secrétaire de l'Elysée sous François Mitterrand (dans Enjeux, juin 1995).

Chaque nouveau moyen de communication tend à susciter de nouvelles communautés, avec leurs règles spécifiques plus ou moins formalisées. Et des possibilités de concurrence ou de conflits avec la nation. Les radio-amateurs, ou les cibistes, ou simplement les chaînes de radio et de télévision, qui permettent à des immigrants de continuer à participer à leur communauté d'origine (islamiques en particulier), avec un risque de non intégration. L'informatique permet aussi de créer de nouveaux espaces de contrôle, comme le montre, à travers ses difficultés même, le "système d'information Schengen" que la France, non sans arguments politiques sérieux, tarde à mettre en application.

@INTER:Vers la dispariton de l'Etat-nation?

@TEXTE:Allons-nous vers la disparition des patries traditionnelles, comme le prévoit le japonais Kenichi Omahe (notamment dans son livre "The end of the nation state", Simon and Schuster 1995)? "Il ne sera facile pour aucun gouvernement de redresser, et même de repenser, les inégalités qui affectent ses différentes régions. Ce qui paraît équitable aux uns semblera profondément injuste aux autres. Ils est trop tard pour recoller les morceaux". Il croit donc, et finalement dans l'intérêt de tous, à la montée des économies régionales.

Il va tout falloir reconstruire. L'hypermonde qui se met en place avec les nouvelles technologies de l'information ne peut se suffire des principes économiques et mêmes politiques élaborées pour la société industrielle. Ni même de son système métrique, pense Daniel Duthil (voir interview). Difficile, mais stimulant, avance Olivier Abel, professeur de philosophie et d'éthique à la faculté de Théologie protestante de Paris: "L'informatique augmente la complexité, et par là même étend l'espace de choix, donc la liberté. Il faut donc penser à une citoyenneté complexe". @SIGNATURE:PIERRE BERGER