Sous le pseudonyme de Danrit, Le commandant Emile Driant a publié chez Flammarion, au début du siècle, une série d'ouvrages d'anticipation(on dirait aujourd'hui, de science fiction), sur les guerres du futur. Il a eu sur l'importance des sous-marins des vues prophétiques. Dans l'Aviateur du Pacifique, publié en 1910, il raconte tout simplement ... l'attaque surprise de Midway (île américaine proche de Pearl Harbour) par les Japonais. Ailleurs encore, il décrit en quelque sorte la bataille de Verdun dans des termes qui laisseraient croire au lecteur d'aujourd'hui qu'il y était. En fait, il n'a pas été jusque là, était mort au champ d'honneur en 1916
Cet auteur est cependant peu connu. En partie par le niveau littéraire assez moyen de ses ouvrages, où le style est banal et les intrigues cousues de fil blanc, avec leur blanche et pure héroïne toujours là pour stimuler le moral des brillants et courageux officiers. En partie parce qu'une partie de ses vues n'a en rien correspondu à la suite des événements (grandes épopées sur le péril noir et le péril jaune). Mais surtout parce qu'il représente un courant chauviniste mal vu après 1918, d'autant plus peut-être qu'il a la dent aussi dure pour les Anglais que pour les Allemands.
Du point de vue des Stic, il note dans nombre de ses oeuvres l'importance des télécommunications. Mais les spécialistes des Stic apprécieront particulièrement ce qu'il en dit dans l'Aviateur du Pacifique, où il esquisse avec beaucoup de précision ce qui ne prendra que vers 1980 le nom de "guerre électronique".
Les Américains du fort de Midway, en effet, sont privés de communications avec le continent américain, le câble ayant été coupé. Le héros, un ingénieur français (comme il se doit) , leur propose de construire un avion avec des moyens de fortune et de traverser le Pacifique pour alerter les autorités américaines. En cours de route, ils survolent un navire, portant pavillon anglais, qui leur paraît suspect. Il porte une quantité anormale d'antennes dans sa mâture.
A 450 kilomètres de San Francisco, ils rejoignent un bâtiment américain... mais qui ne peut lui-non plus communiquer avec le continent malgré des appareils de TSF en bon état :
- Depuis deux jours que nous sommes partis, San Francisco, en nous répondant,
fait signe qu'elle ne comprend dirn à nos communications.
- C'est inconcevable... Et vous comprenez les siennes ?
- Non, mais le signe erreur, représenté par un nombre de points indéterminés,
revient constamment...
Non contents de brouiller les communications, les Japonais envoient de faux messages, annonçant par exemple que Honolulu était tombé en leur pouvoir ... Et, à cette heure, une perplexité incroyagle s'était emparée du peuple américain tout entier.
Grâce Français, tout finit par s'arranger, et l'on arraisonne le navire brouilleur... qui a pris soin de camoufler son matériel. Il se prétend chargé d'une mission scientifique par le prince de Monaco, ce qui expliquerait l'abondance du matériel radio trouvé à bord : des appareils de TSF perfectionnés, et parmi eux des marconigraphes du dernier modèle, orientant les dépêches dans des directions déterminées ; puis des téléphono-typographes, qui enregistrent par écrit la voix humaine ; d'énormes bobines de Ruhmkorff, des électro-aimants d'une puissance formidables complétaient ce matériel qui n'avait rien à voir avec l'étude des grands fonds.