25/03/1987. Exposé de Philippe Breton (sociologie)

Groupe d'étude et de recherche sur la science (Université Louis Pasteur, Strasbourg)

L'histoire de l'informatique

cf. Histoire de l'informatique, La Découverte, 1987

Ph. Breton distingue plusieurs phases :
1. La naissance de l'informatique, dans la décennie 40, s'appuyant sur la cybernétique, avec Turing, Von Neumann, Eckert, Mauchly, Wilks, Shannon, Wiener etc.; qui, tous, oeuvrent dans le sens de la définition des bases conceptuelles de ce qui allait devenir l'informatique, mais restent, chacun, dans le cadre de sa propre discipline (mathématicien, ingénieur...)

2. Les développements,; avec trois périodes nettement marquées
- 1950-1965 : les premières réalisations
- 1965-1975/78 : l'informatique "gros système"
- 1978 à nos jours : la multiplication des systèmes offerts.

Au cours des trois dernières décennies, on a assisté à une mutation de l' "aspect informatique" qui passe, progressivement, du niveau "expert" au niveau "double compétence".

L'essentiel de cette séance de travail se porte sur les liens qui existent entre l'informatique et la cybernétique. Ph. Breton précise les étapes de ce développement, fortement dominé par les travaux de N. Wiener, auxquels il faut associer ceux de Von Neumann et de Turing.

1942. Wiener propose de classer les sciences en se basant sur le comportement : "La nouveauté de cette méthode comportementale consiste dans sa véritable universalité et dans son radicalisme. Il n'existe pas d'autre réalité que celle constituée par les relations entre les phénomènes" (Histoire de l'informatique de Ph. Breton, 129-30).

1942-48. Définition des notions de base :
- le "binaire" (choix plutôt métaphorique, par analogie avec le fonctionnement du cerveau)/ Von Neumann)
- les concepts de "contrôle/régulation/rétro-action" comme fondements de la cybernétique (N. Wiener)
- le concept de commande programmé (Turing/Von Neumann).

1948. Wiener propose le mot "cybernétique" impliquant les concepts de contrôle (au sens anglo-saxon), de rétro-action (ou feed-back) et de pilotage. Le terme cybernétique est tiré du grec ancien qui désigne le pilote (Platon) et, sous un sens dérivé, le gouvernail.

La cybernétique recueille un succès d'estime dans les milieux scientifiques, mais plutôt en tant que méthode nouvelle analysant les comportements qu'en tant que nouvelle discipline.

Il faut associer aux travaux de Wiener ceux de McCulloch (neurophysiologue qui travaille sur la conception et la construction de modèles artificiels du cerveau et du raisonnement humai), de Ashby (l'homéostat) et de Walter (les animaux artificiels).

1951. Première manifestation internationale : le colloque "Les machines à calculer et la pensée humaine", qui réunissait, à Paris, tout ce que le monde comportait de scientifiques qui oeuvraient dans cette direction.

1950-1960. Au cours de cette décennie, la technique informatique va s'éloigner des concepts cybernétiques, différenciation encore accentuée par la séparation du digital et de l'analogique.

Après 1960, on voit la fin de la cybernétique des fondateurs (mort de Wiener en 1964). Elle s'oriente, alors, plutôt vers des aspects sociaux et économiques (dont les processus de prises de décisions), tout en restant le terme que désigne "éthique des nouvelles machines à calculer".

Compte-rendu rédigé par P. Namian.