08/03 1990 Exposé de Yves Logé


Y. Logé vient de soutenir une thèse sur l'informatique en URSS

L'histoire de l'informatique en URSS

L'histoire de l'informatique en URSS n'est pas dictée, comme en Occident, par le cheminement de l'innovation, mais elle est tributaire de volontés politiques et idéologiques.

On peut distinguer quatre grandes époques :

1). La mécanographie y a fait une entrée fracassante en 1896, pour le recensement eu Tsar (le contrat avec Hollerith est plus important que celui des USA à la même époque). On n'a plus jamais entendu parler de ces machines par la suite, bien qu'elles aient dû être employées longtemps. Cette introduction sans duite dans la mécanographie n'a pas tracé le lit de l'informatique comme dans les autres pays.

2). Sous Staline, jusqu'en 1953, vide complet : l'informatique étant déclarée science pseudo-bourgeoise et la cybernétique fausse science capitaliste, personne n'ose s'occuper d'informatique, si ce n'est quelques scientifiques au fond de leurs laboratoires, de façon isolée. Une première calculatrice électronique est datée de 1950, un autre de 1952.

3). Après Staline, libre développement de l'informatique, mais dans l'anarchie ; chaque université fabrique son ordinateur ; l'université joue à l'ordinateur en recherchant la prouesse technique (la vitesse de traitement). Il n'existe pas de structure comparable aux SSII, ce qui exclut un facteur important de dynamisation du secteur. En outre, l'éloignement des sources occidentales entraîne des sous-performances : les matériels sortent avec cinq ou dix ans de retard (seulement cinq ou dix ans, pourrait-on rétorquer d'après les premières observations).

4). De 1969 à maintenant : mise en place du programme commun du Comecon, qui a encore la haute main sur le développement informatique dans les pays de l'Est. Cette organisation a réparti les responsabilités entre les différents pays et mis au point un système unifié d'ordinateurs, la gamme RIAD et un gamme de micro-ordinateurs dont les performances sont lin des ordinateurs occidentaux. Si ont peut évaluer à 3-7 ans le retard technologique, l'industrialisation accuse un retard de 4 à 10 ans et l'informatisation des applications retarde de 6 à 20 ans. L'existence de logiciels d'application, cruellement absents chez eux, est le critère essentiel pour l'achat d'ordinateurs étrangers par les Soviétiques. La conquête spatiale, l'armement et l'énergie nucléaire sont de mauvais témoins du niveau technologique de l'URSS. L'informatique ne peut se développer que sur un terrain favorable, préparé.

Les raisons de ce retard sont, pour YL, de deux ordres :
- les interdits de logique : comment les autorités pourraient-elles accepter l'informatisation qui implique une dissémination de l'information ?
- la bureaucratisation du centralisme démocratique tue toute initiative.

En pourtant, il existe une motivation considérable à l'égard de l'informatique en URSS qui apparaît cependant insuffisante pour rattraper un tel retard.

Compte-rendu rédigé par C. Hoffsaes.