Les informaticiens, français et européens d'aujourd'hui cherchent le caractère d'une science unique et refusent la division du travail intellectuel et la différenciation des sciences informatique selon la spécificité variable de son objet. Cette tendance d'une science unique coïncide d'une part avec la philosophie positiviste qui renonce à son rôle de "Science des sciences", d'autre part avec la tendance dérivée de la pensée de Marx, élaborée par Engels, défendant l'unification des sciences de l'homme avec celles de la nature pour la réalisation d'une seule Science.
J.D. Warnier, par exemple, affirme qu'au niveau des axiomes et des principes élémentaires fondamentaux, il n'y a qu'une seule science informatique. Dans ce cas, quelles sont les différences entre les axiomes et principes élémentaires de l'informatique et ceux de la philosophie ?
Qu'est-ce que l'informatique ? Est-ce une science, une technologie ou un ensemble de techniques ? Si c'est une science, quel est l'objet de cette science ? AK se réfère à la classification d'Ampère dont il a établi qu'elle avait été reprise par Hegel sans que celui-ci la cite. Il propose une classification des techniques, non selon leurs produits, mais selon les opérations.
Classification proposée par AK :
1. Les sciences de la nature
a. sciences physico-techniques et mathématiques, dont l'informatique
(formelle, analytique, systématique et logique, physique et technologique,
méthodologique, appliquée),
b. sciences chimico-tehnologiques et biologiques,
c. sciences de la terre.
2. Les sciences de l'homme
Partant de la définition de l'académie, AK distingue dans l'informatique
- une science du traitement rationnel : science systématique, logique-mathématique
- une science du traitement par machines : informatique physique, technologique,
qui exige l'analyse des fondements physiques et technologiques (électricité,
mécanique...)
- une science de traitement de l'information considérée comme
support des connaissances, entraîne la naissance de plusieurs disciplines
scientifiques : informatique épistémologique, ingénierie
de la connaissance, IA...
- une science applique à la production : développement des langages,
technologie des logiciels, technologie qui implique le passage de la rationalité
scientifique à la rationalité des sciences humaines, conduisant
à une science du contrôle de la commande et de l'information.
Dans notre société, l'unité dialectique des sciences au sein d'une seule Science devient une réalité. La Science (forme particulière de l'activité humaine) cherche à réunir avec lui-même le sujet direct de cette activité : homme. On observe une tendance à une sociologisation et une humanisation plus claire et plus directe de la science contemporaine, y copris l'informatique. Cela soulève la question des fondements de l'éthique de la science et de l'exigence d'une responsabilité philosophique des savants et des scientifiques.
Compte-rendu rédigé par Colette Hoffsaes