14/04/1991. Exposé de Pierre Mounier-Kuhn (Histoire)

Centre Science, technique, société (Cnam)

La reconnaissance de l'informatique par le CNRS

PMK ne s'interroge pas sur le statut scientifique de l'informatique mais, partant du constat qu'elle est un domaine de recherche, il cherche à savoir comment le CNRS a reconnu ce nouveau domaine de recherche. C'est en 1975 que le CNRS, comme le CNU, ont reconnu l'informatique en créant des sections ou enseignements.

Thèse de PMK : la France s'est engagée dans l'informatique avec un retard sur les Anglo-saxons : entre 50 et 60, il y eut un effort vigoureux de rattrapage qui fut gâché par la suite.

Les premiers ordinateurs arrivent en France en 1955. A cette époque, la France avait :

- des handicaps : la France sort à peine de la guerre, le développement scientifique et industriel de notre pays est inégal.

- des atouts :

. une école de mathématiques de premier ordre datant d'une ancienne tradition (Descartes),
. une industrie électronique respectable, même si elle n'est pas aux premiers rangs (CSF, Radiotechnique...). Mais la CSF accepte mal l'informatique et perd du terrain par ses choix initiaux (le transistor au germanium et l'analogique),
. la France est bien dotée dans l'industrie des machines électromécanique (IBM France, Bull, SEA)^,
. le rôle de l'Etat dans l'organisation de la recherche
- A part quelques secteurs, la recherche française s'est repliée sur elle-même après la guerre de 14-18 et s'est coupée de l'Allemagne et des pays anglo-saxons ; peut-être l'hécatombe des scientifiques dans les rangs des fantassins y est-elle pour quelque chose,
- la recherche française reste artisanale et individualiste (laboratoires de chaire, éclatés).

L'Etat mène après la deuxième guerre mondiale une politique volontariste de restructuration de la recherche. Le CNRS, créé en 1939 pour coordonner les recherches, n'a pas été dissous, on crée la DGRST en 1959 ; la création de grands laboratoires est favorable à l'utilisation d'importants moyens de calcul. Le plan Marshall impose un contrôle des subventions qui est à l'origine de la comptabilité nationale.

En 1955-56, apparition des premiers ordinateurs et éclosion d'associations (Afcalti, Sofro). Se crée un milieu restreint mais actif qui intervient dans les appareils de l'Etat. On crée des certificats d'analyse numérique dans les écoles d'ingénieurs. Le quatrième plan donne les moyens de calcul aux centres de Grenoble, Toulouse, Lille et fait émerger une recherche en informatique liée à la mécanique des fluides.

1964-1967 : découpage du CNRS. On sépare l'informatique de a mécanique des fluides ; on pense à créer une section de mathématiques appliquées, regroupée avec l'automatique, où se trouverait l'informatique. Mais on rattache finalement l'informatique aux mathématiques, l'intitulé informatique sera ajouté en 1971. Le développement de l'informatique n'est pas stoppé, mais freiné, on recrute peu d'informaticiens. Qu'en aurait-il été si on avait créé une section "mathématiques appliquée et informatique" ?

En 1975, la direction du CNRS impose une section des sciences de l'ingénieur où se trouve encore l'informatique, qui s'y trouve bien.

Compte-rendu rédigé par C. Hoffsaes