15/10/1982. Exposé de Jacques Arsac (Informatique)

Professeur émérite

Préoccupations épistémologiques

JA ne prétend pas faire un exposé construit, mais voudrait parler de ses préoccupations épistémologiques actuelles et en discuter avec le groupe. Il part de son schéma concernant l'informatique, bien connu maintenant :


Ce schéma s'applique aussi à la communication, mais dans le cas de la communication il ne s'agit pas d'un traitement formel alors que l'informatique implique un traitement formel. Il s'applique aussi à la physique avec quelques transformations : les phénomènes naturels en entrée ne sont pas définis ; si ceux qu'on attend à la sortie ne se manifestent pas, c'est que le modèle est faux.

Or on dit que la physique est la science de la nature, pas des modèles ; de la même façon, l'informatique n'est pas la science de informations mais une science cognitive. En physique, on parle de modèles théoriques, en informatique, on parle de modèles formels.

L'informatique est une science cognitive

Qu'est-ce que le formalisme ? La logique s'intéresse non au contenu mais à la forme du raisonnement, elle est toujours formelle. En revanche la physique n'est pas formelle, pas plus que le langage. S'il n'y a pas quelque part une signification, un fondement, le réseau sémantique ne sert à rien. A partir de là, cela fonctionne avec une valeur prédictive.

Il existe deux niveaux de langage : le langage de désignation, n'utilisant que des noms propres qui désignent chacun un objet, et le langage ordinaire, qui construit des clases d'objets (symbolisation). Les sciences fonctionnent sur le langage de désignation. Même si les scientifiques travaillent à partir d'images, ils ne fondent pas leurs résultats sur elles : la science doit se construire formellement, selon un ensemble de règles de grammaire et d'axiomes. Le point fragile de l'ensemble, ce sont les hypothèses : moins il y en a, plus c'est solide. Le vrai problème, ce sont les hypothèses implicites. Ensuite, il existe diverses interprétations, chacune étant respectable dès lors qu'elle respecte les résultats de la théorie.

JA voit trois raisons de croire à la science : elle fonctionne, il y a moins d'explications que de faits, elle connaît ses limites (Gödel) ; elle répond donc au besoin de réduire l'incertitude. Mais la science n'est pas là pour éviter les croyances, c'est un autre domaine.

Objection issue de la discussion : la physique ne travaille pas sur les phénomènes naturels, mais sur des connaissances s'y rapportant. En fait, les phénomènes sont l'ailleurs de la science auquel nous n'avons pas accès.

Compte-rendu rédigé par C. Hoffsaes