Laboratoire d'informatique (Université de Tours)
Choqué par le cloisonnement des différentes spécialités informatiques, EB s'est posé la question : "qu'est-ce qui est commun à toute l'informatique ?". Il s'agit donc de définir les concepts fondamentaux de l'informatique.
Partant du schéma d'Arsac, EB note qu'on oppose les connaissances et
les informations, en définissant cette opposition par quelque chose comme
:
- les connaissances relatives aux idées, à l'immatériel,
au non formel, à l'esprit ; propres aux humains ;
- les informations relatives à la réalité,
au matériel, au formel, à la matière, au concret ; propres
aux machines.
Le concept général est la représentation, qui permet de passer de l'idée au réel ; ce lien entre la réalité et les informations, les informaticiens l'appellent "implémentation", de l'anglais "mise en en pratique".
Un traitement est vu comme un tout, mais il doit être décomposé pour être exécuté ; il existe différents façons de le décomposer. Alors que l'implémentation est un lien entre des choses de natures différentes, le traitement se décompose en choses de même nature. Arsac n'insiste pas sur ce problème, mais pose a priori que le traitement est formel. Le traitement se décompose en traitements (ou opérations) élémentaires, définis comme des transformations (potentiellement) spontanées ou automatiques ou atomiques (i.e. décomposables) portant sur la donnée en entrée pour obtenir une donnée en résultat.
Ces opérations élémentaire renvoient à l'architecture de la machine : il existe un lien entre cette transformation automatique et le fonctionnement de la machine. Un programme écrit dons certains langages peut fonctionner sur des machines aux structures très différentes (électroniques, voire mathématiques), mais la transformation élémentaire est la même.
On se trouve donc face à trois concepts fondamentaux : l'implémentation, le traitement et le fonctionnement. Le concept d'utilisation permet de concevoir le rapprochement qui est le point commun à ces trois concepts. En fait, on ne peut pas éviter de faire référence à l'utilisation en informatique, par exemple pour expliquer les entrées-sorties. Une machine de Turing n'a pas de problèmes d'interface utilisateur, tandis qu'en informatique on peut faire référence à l'utilisation même si elle reste virtuelle; encore faut-il distingue l'usager concret et l'utilisateur fictif, celui dont l'informaticien se fait une image lors de son travail.
L'utilisation de l'informatique est une réalité. L'utilisation en informatique est un concept ; en particulier, il permet de donner des limites à l'informatique ; sans lui, l'informatique semble être partout.
Le concept d'utilisation permet de faire le rapprochement entre : les connaissances et les informations, les traitements et leurs décompositions, le fonctionnement en informatique et le fonctionnement de la machine. Pour appuyer ces rapprochements, il faut passer par quelque chose comme l'écriture (cf. thèse de D. Vaudène).
La discussion fait apparaître des incertitudes dans notion de représentation ; on y voit soit le passage d'une réalité supposée à une image ou à une idée, soit le passage entre une idée ou la connaissance et son expression formelle. Il existerait donc plusieurs niveaux de représentation. La science ne travaille pas sur la réalité, mais sur un objet de science construit, et même cet objet n'est pas accessible.
Compte-rendu rédigé par C. Hoffsaes et Eric Batard