17/11/85 Exposé de Jacques Ferrer (Intelligence artificielle)

Laforia (Université Paris VI)

L'intelligence distribuée, une nouvelle voie d'approche ?

En biologie comme en informatique, on peut repérer différents niveaux d'organisation. A chaque niveau, se manifeste un phénomène d'encapsulage des modules de niveau inférieur, sur le modèle de la cellule, qui fonctionne de manière autonome, sans qu'on puisse savoir de l'extérieur ce qui s'y passe. Plus le niveau s'élève, plus le langage devient prépondérant tandis que décroît l'importance de ce qui se passe dans la cellule.

Pour l'IA classique, l'intelligence est la caractéristique d'une personne. Déjà le test de Turing traduit cette perspective. On peut adresser deux critiques à cette hypothèse : d'abord c'est faux puisqu'une oeuvre intelligente est toujours celle de plusieurs êtres humains ; ensuite on ne peut pas analyser ce qui se passe dans le cerveau de l'homme alors qu'on peut analyser une organisateur. D'où l'idée de construire des systèmes multi-agents (SMA) faisant intervenir une population d'agents en interaction.

L'agent est une unité réelle (robot) ou abstraite (programme) plongée dans un environnement sur lequel elle est capable d'agir. L'agent dispose de capacités plus ou moins développées de perception, de représentation et de mémoire, d'une certaine autonomie pour réaliser un but. Il est en interaction avec d'autres agents.

Un SMA est un système artificiel constitué d'une population d'agents autonomes interactifs qui coopèrent, avec un but commun, même si chaque agent peut ne poursuivre qu'un but individuel.

Se posent donc des problèmes de coopération, qu'il s'agit de résoudre et de modéliser.

Les applications : les collaborations d'expertise, les contrôles distribués de processus, la coopération par coordination d'actions, la résolution des problèmes, les simulations comportementales de systèmes naturels, la conception de logiciels. Tous ces problèmes difficiles à résoudre par des systèmes centralisés hiérarchisés peuvent trouver des solutions plus simples en faisant coopérer plusieurs agents en interaction (la régulation du trafic routier ou aérien est théoriquement résolue).


On peut distinguer deux grandes catégories de SA selon le type des agents :

Pour JF, la 2eme catégorie est actuellement la plus prometteuse (cf. la modélisation des comportements des fourmis).

On peut représenter un SMA par ce schéma :

L'intelligence distribuée définit un nouveau champ, à la recherche de l'adaptation. La problématique est collective : avec de petits modèles en interaction, on peut résoudre des problèmes complexes. elle se différencie de l'approche de Turing en ne posant pas le problème de l'intelligence, mais celui de la tâche. La programmation se centre non sur l'objet (caractérisé par ses attributs) mais sur l'agent, défini par un objectif. Mais c'est encore très balbutiant.

Alors que l'IA est partie sur la manipulation de symboles, sans prendre la mesure du fait que la relation entre l'objet et le symbole émane de l'observateur, cette nouvelle approche considère l'intelligence comme le fruit d'une évolution, comme émergeant des capacités d'action (références à Piaget, à G.H. Mead). Accord avec l'argument de Dreyfus selon lequel ce qui manque à l'IA, c'est un corps, une implication dans le monde.

Compte-rendu rédigé par C. Hoffsaes et J. Ferber