8. SYSTEMIQUE DE LA VALEUR

8.1 Introduction

Facilement enthousiastes, voire "messianiques", les systémiciens ont le sens de leur responsabilités et les revendiquent. Le Moigne écrit "Les organisations ne peuvent être abandonnées à leur évolution. Il faut les concevoir".

Ils semblent pourtant avoir peu explicité les valeurs qu'ils font progresser, la manière dont on peut juger si un système est bon ou mauvais, plus ou moins satisfaisant. Cela reste implicite. Il y a cependant quelques notations dans Blumenthal et Mélèse.

Plus fâcheux, on passe insensiblement, par analogie, des "principes" au sens d'hypothèses ou de positions théoriques à des préceptes. Du "la nature fait" au "il faut faire".

Il ne s'agit pas ici de quelconque mesures ou prises d'informations quantitatives sur un système, mais d'appréciation selon la catégorie du bon et du mauvais. Peut-on dire que tel système, telle structure, telle organisation, est bonne ou mauvaise ? Que telle relation est souhaitable ou dommageable ? Quel tel processus gêne plutôt qu'il n'apporte?

... ambiguïté des structures par rapport aux valeurs : écart (tantôt le mieux est de l'avoir nul, tantôt au contraire ouvrir au maximum), rond (tourner rond, tourner en rond).

Aux origines de la détermination, au fond de la sagesse, je ne porte pas d'appréciation sur le monde, sur l'autre. Sa présence, à peine dégagée du fond, est à la fois obstacle et support, bon et mauvais.

Ensuite, apparaissent des attitudes archétypales : capture si c'est bon, fuite si c'est mauvais, pour caricaturer. Mais on va plus loin, on distingue, on compare, on isole un critère, des critères, on ferme un système de valorisation. Et l'objectivation conduit à chercher une "valeur en soi, pour soi", des systèmes.

Suivons ces trois pistes :

- le bien comme conformité,

- la fermeture sur des critères,

- la recherche d'une valeur en soi.

8.2. La conformité

Cette voie est celle de la "conformité". La question était simple pour les anciens, qui postulaient une plasticité parfaite de l'intellect.

Nous ne pouvons plus nous contenter d'une approche aussi naïve. Nous savons trop que la matière la plus fluide, la plus transparente, diamant, eau pure, air du matin avant la brume, ne sont que des masses d'atomes. Il y a toujours un grain. Il y a toujours une

structure, même et surtout quand nous la cernons mal.

Parallèlement, la "matière grise", avec ses trente milliards de neurones, n'a rien d'un liquide, d'une page blanche où toute écriture pourrait étirer hampes et boucles, pleins et déliés au gré de sa fantaisie, où de sa fidétlité au modèle.

Même en admettant que cette structuration soit seconde, qu'elle n'émerge qu'au sein d'une plus vaste immédiateté fondamentalement a-structurelle, il faut bien que je me concentre sur elle, dès que je la veux penser.

Comment assurer la conformité de deux structures. Du moins, dans un cadre plus limité, comment faire assimiler correctement une structure, ou une partie d'une structure, par une autre?

Conformité des fonds

Son utilité, son efficacité est assez évidente dans les cas les plus simples. si les objets à représenter, du moins en ce qui m'intéresse de ces objets, a par exemple une structure discrète, une position sur une échelle...

De droit, on commence par là. Je peux dire que, à l'origine, toutes choses sont égales, et la conformité est si grande que justement il n'y a aucune prise de conscience. La conscience naît avec la prise en compte d'une différence. Elle grandit avec l'élargissement de l'espace informationnel, c'est à dire l'explicitation d'un espace de différences de plus en plus vaste.

En représentation L, disons que la conscience grandit par le milieu, repoussant vers la droite le bruit, vers la gauche l'immobile.

...

Figure: les deux formes de conformité: conformité prothétique, conformité altère

Montée des médiations

La montée de ces médiations cognitives, nous l'avons étudiée dans la première partie, mais seulement sous l'angle externe. Que le versant interne se développe de manière analogue, cela mériterait une étude précise.

Le concept peut être considéré comme l'équivalent de la représentation chosifiée. Qu'il prenne une certaine dynamique, il suffirait de se référer aux études sur les mythes, par exemple, pour s'en convaincre. Il y a des idées-forces, des systèmes de pensée qui influencent fortement le sujet même qui les développe, et lui cache des aspects du réel. Qu'il atteigne même le caractère d'un automate, on peut le penser à la lecture de ce passage de Bacon (cité par Benzecri (dans le tome "Organum" de l'Encyclopedia Universalis) (Restat unica salus...

L'accès au vrai repose de plus en plus sur des prothèses. La scholastique a été l'abus de la prothèse logique. Prothèse intérieure, en quelque sorte, qui va être remplacée par une prothèse extérieure: le montage expérimental.

Relire Koestler, sur les astronomes, etc. La grande sphère céleste de Tycho Brahé est une prothèse externe, que Copernic va relayer de façon plus interne par un modèle nouveau du monde.

Ce qui doit monter, c'est ce qui arrive à associer plus de bits avec le meilleur rendement.

Historiquement, la chimie du carbone, puis le papier, puis la chimie du silicium.

Mais aussi, le logiciel. Qui associe l'information, les données. Certes appuyé sur le matériel, mais finalement plus stable que lui, passant d'une machine à l'autre, d'une génération à l'autre. Profondément associatif. Et sur-stabilité précisément des langages de programmation parce qu'ils associent à la machine l'ensemble des bits du cerveau. *)

Le bien comme conformité

"Le bien est ce qui convient", disaient les scolastiques. Il s'agit donc d'une correspondance; qui sera appréciée tantôt entre les composantes du système, tantôt entre le système et ses "utilisateurs".

Ce qui convient... à quelqu'un, ou même à quelque chose. Dans l'idée de valeur, il y a toujours l'idée d'une correspondance : "ça va bien", "ça ne marche pas", autrement dit "ce système fonctionne, ou non, conformément à ce qu'on attend de lui".

A l'origine, perception très vague d'un accord ou d'un écart. Angoisse ou satisfaction métaphysique. Déjà le fait de l'expérience, fût-ce aussi simplement que le "ça va ?", traduit l'apparition d'un dialogue, la perception d'une distance que l'on pourrait peut-être franchir.

Il reste toujours (voir les psychanalystes), cette tendance à rechercher la conformité radicale du sein maternel. Mais on ne devient humain qu'en passant par des ruptures. Plus encore que pour la vérité, le bien a toujours pour nous un caractère dialectique (d'autant plus que j'écris ce paragraphe dans le train, et qu'il me chahute allègrement de droite et de gauche).

Si le problème de la conformité se pose, en effet, c'est que nous prenons conscience d'un écart. Ecart entre mon désir et ma satisfaction, entre ce que j'attends de la machine et ce que j'en tire, etc.

La valeur nous conduit donc à une dualité, la plus classique en systémique étant la dualité organe/fonction, assez parallèle à la dualité donné/valeur de certaines philosophies.

Mais, dans le même temps, l'obtention d'une "valeur" supposera un moyen quelconque, subjectif ou non, de mesurer cet écart, ce qui pourra conduire soit à des comparaisons (tel système meilleur que tel autre), soit à la détermination d'un optimum.

Limites du principe de conformité

Si les fonctions d'un système se définissent par rapport à une autre chose, à un autre système, c'est l'étude des relations avec cet autre qui guidera : ergonomie par exemple pour les systèmes homme-machine.

Le choix d'une méthode dépendra des compétences et des centres d'intérêt de l'analyse, de la valeur relative du système par rapport à son environnement, ou d'un composant par rapport à un système. Si le système est peu coûteux dans un environnement précieux, on se soucie surtout d'une optimisation fonctionnelle. S'il coûte cher, la réduction de son coût, ou l'organisation de l'environnement pour assurer son emploi, seront prioritaires.

Dans un cas comme dans l'autre, la recherche porte sur la conformité. Il y aurait ici tout un champ à explorer. L'analyse peut être considérée comme la recherche, par l'étude des fonctions et des organes, des structures qui peuvent s'apparier.

Il ne faut pas seulement penser aux structures spatiales ou logiques à un instant donné. Les structures temporelles (cycles, dynamiques) dont importantes aussi.

Cette recherche de conformité peut procéder par des voies formelles ou par des études concrètes (recherche des faits de base en informatique d'organisation, par exemple, selon Peaucelle), conduisant par induction à des règles plus ou moins empiriques de conformité, sur lesquelles on pourra ensuite reprendre la recherche formelle.

Mais on se heurtera ici à des limites. Si une conformité totale pouvait être trouvée, le système se dissoudrait en ses organes, absorbé par ses fonctions.

(Voir notes sur l'irréductibilité)

La recherche de conformité ne peut être suffisante:

- le système ne peut s'identifier aux besoins de son environnement, sous peine de disparaître dans les marais de la flagornerie ou de la prostitution;

- la recherche excessive du "fonctionnel" mène à des objets ou des trajectoires tristes.

C'est précisément quand cette correspondance ne conduit plus à une bonne adéquation qu'il faut engager une analyse de système, c'est à dire la construction d'une autre structure qui fera apparaître des écarts significatifs et propres à l'action.

8.3. Passage du subjectif à l'objectif. Les critères

Pour que l'évaluation prenne de la portée, soit utile à un maximum de personnes, conduite à plus d'équité, on est conduit à rechercher des méthodes objectifs de mesure. Cela ne pas sans difficulté (ex. le décibel, L, l'homme moyen...).

Par ailleurs, l'évaluation peut avoir pour objectif un choix entre plusieurs solutions, avec problème de critères d'agrégation (optimum, multicritères).

Il faudrait parler de la notion de besoin. Cas particulier du théorème de Peaucelle.

L'inversion systémique

fins/moyens

l'inversion est le moment où l'humain est tiré par le système, déterminé par le construit, par l'institué. est-ce toujours mauvais ?

Organe/fonction/valeur

L'analyse consiste toujours à aller dans le détail d'une certaine globalité pour faire suffisamment coïncider deux structures, obtenues à partir de familles possibles :

- une structure de moyens, généralement conçue comme un système d'assemblage de moyens élémentaires,

- une structure de finalité, ou d'objectifs, très souvent perçus comme une décomposition d'une finalité globale.

Quand l'analyse s'applique à un système établi, ou à établir, à partir de matériaux pour accomplir une certaine finalité, c'est à dire quand on part d'une certaine coïncidence établie entre moyens et fins, on peut distinguer :

- une analyse fonctionnelle, détaillant le système selon la nature des objectifs,

- une analyse organique.

On ne part jamais d'une finalité pure et absolument globale, ni d'un meccano absolument détaillé et neutre.

D'une part les moyens disponibles sont rarement tout à fait "naturels", mais plutôt le résultat d'une certaine élaboration en vue d'une famille plus ou moins large d'usages.

D'autre part, toute finalité exprimée l'est dans une certaine incarnation, c'est à dire... (perdu).

8.4. Recherche d'une valeur en soi

Une valeur, et une téléologie, purement systémiques. Voir L

8.5. Dépassements

8.5.1. Le dépassement par l'art

La première condition du beau (selon Maritain), c'est l'intégrité. C'est un bouclage de gestalt. C'est aussi la possibilité de globaliser, de sauter à un niveau supérieur.

La condition d'harmonie de ne rentre pas dans mon analyse. peut-être par le biais de l'anthropomorphisme. Est harmonieux de qui est isomorphe à mes structures profondes.

La troisième condition, c'est la surabondance. La dérogation. C'est que l'on a effectivement pénétré à un niveau supérieur. Le vieil avare qui se décide à donner. On s'éclate dans l'espace nouvellement ouvert par le transfert d'indifférence.

Les préoccupations formelles ne sont pas aussi nettes que dans le jeu, mais sont toujours présentes.

8.5.2. Le dépassement par le jeu

Le jeu a un caractère nettement formel et digital. On peut compter les points dans le cadre de règles formelles. En tous cas, l'affrontement s'inscrit dans un cadre qui garantit que les deux parties ne se mettent pas totalement en jeu. Pas "à mort".

Le jeu est un exemple important de transfert d'indifférence. C'est parce que j'ai résolu mes problèmes de base que je peux jouer. Jeux de la guerre, de l'amour, etc.

Mais ce caractère formel a aussi joué un rôle dans le développement intellectuel. Pour une part, les mathématiques sont un jeu, un luxe de civilisations riches. Mais ensuite, le jeu devient exercice, formation, fait progresser des théories tout autant qu'il peut sublimer des agressivités ou servir au défoulement des potentialités devenues périmés, sport ou art de la guerre.

8.5.3. Le dépassement par l'expérimentation et la décision

Pour le plaisir, pour la beauté, mais aussi pour savoir que je peux profiter de ma liberté conquise sur l'optimum. Expérimenter, c'est me déployer dans un espace limité par la remise en cause potentielle de ma survie. C'est la recherche de nouvelles différences, mesures et typologies, et la chasse aux fausses différences en fait reliées par des déterminismes profonds jusque là ignorés.

Comme toutes les déterminations, l'expérimentation progresse au fil de mes années et des siècles. De la simple observation, du simple test "vrai faux", elle prend peu à peu une autonomie marquée. Devient la spécialité de certains hommes, les chercheurs (et encore, de certaines disciplines).

Elle s'étend progressivement dans l'espace, devient collective, travail d'équipe, se cosmicise. La conquête de l'Espace, Apollo un des plus beaux fleurons. Mais les systèmes économiques, sociaux et politiques peuvent ^être vus sous le biais de l'expérimentation. Et mai 68 donc! Tout l'espace, toute l'humanité. Et tout le temps, par récupération des origines à la parousie.

Il y a a un passage continu de l'expérimental au décisionnel. Ce ne sont que deux aspects de la praxis. L'un et l'autre mode d'action sont un appel dans l'incertitude. La décision n'est vraiment telle que s'il y a de l'incertain (page 235...). C'est évident pour l'expérimental. L'un et l'autre impliquent un engagement, au moins d'un peu de mon temps, et souvent d'un peu sinon de beaucoup d'argent.

La différence entre la décision et l'expérimentation est donc une question de degré. L'expérimentation vise explicitement à lever l'incertain, et doit viser à l'économie. Et aussi à une réduction de cycles pour permettre immédiatement le contrôle des résultats. De nombreux dispositifs ont été conçus pour cela. alors que ans la décision, on chercheà rendre l'incertitude faible, mais coûts et délais sont donnés dans les termes même du problème.

Le caractère expérimental de la décision se marque plus nettement avec le progrès des méthodes de gestion, dont un des axes est précisément de faciliter la comparaison des résultats aux objectifs. La décision autoritaire et de droit divin fait place à un engagement personnel dans une planification à horizons multiples où la caractère expérimental est reconnu par l'instauration d'un droit à l'erreur. Phases précompétitives, puis compétition...

La décision peut aussi être considérée comme le terme d'un processus exploratoire éventuellement assisté par un système automatisé plus ou moins actif et conversationnel.

8.5.4. Le dépassement, racine de la transcendance

Je suis toujours insatisfait. Je ne cesse d'agir pour combler la distance qui me sépare de moi-même, des autres, du monde. Et toujours la distance réapparaît. Sisyphe. Tout optimum exige, dans sa platitude, la conquête d'un nouvel espace. Quoi de pire que ce qui tourne rond, qui tourne en rond. C'est la plainte de Qohéleth: tout est vanité. L'indou veut échapper à la roue du karma, la parisien au métro-boulot-dodo. Plus j'en ai, plus j'en voudrais. Plus j'en sais, plus je prends conscience de mon non-savoir.

Impossibilité aussi de faire coïncider les moyens avec la fin. La machine parfaite est toujours trop chère. L'organique n'est jamais tout à fait adéquat au fonctionnel, la réponse à l'appel. Impossible de faire coïncider mes actes avec mes dires. Paradoxes du cogito: je me vois dans l'univers que je vois. Je me vois me voyant... comme la vache qui rit sur sa boite.

Tout problème résolu ouvre sur un nouveau problème. Toute loi finit par tuer. Gödel et Church montrent qu'il s'agit d'une propriété très générale des systèmes. Ils le prouvent par le processus de la diagonalisation.

L'idée même d'un bonheur achevé, d'une certitude sans remise en cause possible est insupportable. L'imbécile heureux. Le zombie. Non. Je ne peux être fidèle à moi-même que par le dépassement. D'un optimum au suivant. Nous sommes des voyageurs qu'aucune étape ne comblera.

Deux voies encore ici. Ou accepter l'absurde, ou croire, c'est à dire admettre qu'il y a un transcendant. Un premier moteur, une fin dernière, un bonheur en soi. Un radicalement autre, certes, mais que tout de même je peux atteindre, fût-ce dans le mystère.

Le hasard, par exemple, rencontre de deux chaînes causales indépendantes. Je peux admettre les autres hommes comme sources fondamentales indépendantes. Donc c'est leur rencontre qui sera la racine de l'aléa. Et par là l'information. Mais de toute évidence, il n'y a pas que les autres. Il y a les causes naturelles. Alors, il me reste à poser les divinités derrière les causes. Une Nature... et un grand Architecte.

Transcendance au delà de tout, donc de moi qui suis trop attaché à ce corps fini. Mais transcendance qui me fonde moi-même comme transcendant, puisque je peux la concevoir. Homo capax Dei. ET l'esprit me vivifie. Esprit transprocesseur.

Transcendance qui exige aussi le pluralisme des chemins qui y mènent. Sans quoi, je tombe dans le totalitarisme d'une doctrine, d'un système fini qui ne mérite pas l'adoration. Nathanaël, quitte mon livre. Veau d'or. Hitler. dollar. Et même Eglise si elle ne sait rester vicaire, servante. Dans son ordre. Donc refus du monisme. Refus qui ne sera jamais facile, parce que je cherche toujours l'Un. Mais qui me permet aussi d'accepter que l'autre, grand et surtout petit, ait sa place, puisque je suis pas moi-même le Transcendant que je conçois, que ce transcendant m'accepte (et m'appelle, si je l'ai rencontré) et qu'il n'est pas question d'épuiser, dans ma finitude, l'infini.

Pluralisme désespérant qui m'oblige à renoncer à trouver à jamais le point de vue unique d'où tout apparaîtrait. Le point focal d'où je pourrais maîtriser la terre entière, comme le roi de Sismondi tournant sa manivelle. Et une seule tête vue par le sergent qui range ses hommes.

Même entre le jardin et le jardinier, je ne peux choisir. Qui des deux est fait pour l'autre? Ni la Genèse ni une réflexion morale ne me répondent. Que le jardinier seul ait de la valeur, exige l'humaniste? Mais demandez au jardinier: est-ce pour lui-même qu'il a sacrifié ses reins et sa journée aux plates-bandes qu'il offre à nos regards. Ce serait lui faire injure que de le supposer égoïste. Aucun jardin n'a jamais valu la vie d'un jardinier. ET pourtant bien des jardiniers ont donné leur vie, oh, sans héroïsme peut-être, jour après jour, mais parfois pluie après gelée, pour une belle fleur. Pour une tulipe noire. Le plus beau jardin du monde ne doit pas devenir idole. Aucun homme non plus. Je dois respecter l'autre et Dieu. Mais pas de la même manière. Et pour nos fragiles intelligences, l'appel de l'autre est peut-être plus sûr que celui d'un lointain grand horloger.

8.5.5. Le dépassement, découverte et fondation de l'autre

L'autre homme. Cette affirmation essentielle qui se pose comme n'étant pas moi. Et avec rudesse si nécessaire. Agression physique à la limite. L'autre, majeur. Le refus de l'inceste à la racine de la communication (Dolto).

Surprenant, choquant même, qu'il y ait plusieurs milliards d'autres. Et tous différents entre eux. Et pourquoi ce nombre? S'il y avait une raison...

Et que ces autres s'entendent entre eux, s'aiment même, indépendamment de moi.

C'est tout de même extraordinaire que les déterminations s'organisent au point d'être l'autre. Cela nous est donné, ou imposé, par la vie. L'autre est là, et ne m'a pas demandé la permission.

Mais la découverte de l'autre comme transcendant est une voie majeure pour m'atteindre moi-même. Le "sens des autres" devient le critère suprême de qualité humaine, et d'atteinte de la transcendance ( Evangile selon Saint Matthieu, Ch. XXV).

Pour une entreprise, découvrir son personnel comme valeur en soi peut être un pas capital.

Car enfin, que l'autre soit si important pour moi, voilà qui m'oblige à espérer que je suis important pour lui. sinon, il ne serait pas mon égal, puisqu'il n'aurait pas fait cette découverte fondamentale.

Cependant, ne jamais oublier que l'autre, comme moi, ne trouve sa transcendance que dans l'au-delà d'incarnations successives. De déterminismes de moins en moins rudimentaires. Ce n'est pas reconnaître l'autre que de le considérer comme un ange, sans corps et sans structure, sans égoïsmes et sans automatismes. Nécessaire pédagogie, indispensable politesse, prudence qui doit accepter tous les risques... après examen.

=AUTRE

Chez l'autre, je postule ou non du transcendantal

si non: je considére que c'est une machine,

je rentre dans une logique d'effets

si oui: j'admets une certaine perte au profit d'un infini.

problème, toujours: à partir de quel moment le hasard, preuve de l'indépendance, commence à "faire sens", à témoigner d'une rélaité autre cohérente.

ce point est central. chaos.

-invariant dans le temps

-répétition dans l'espace (ou simple capacité de réduction

par une relation d'équivalence autre que "ca m'est égal"


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