Sommaire : Trois questions à Louis Pouzin, Colloque d'Histoire, Grenoble | L'actualité de la semaine : la république numérique de Jean-Pierre Raffarin | Théorie et concepts | Enseignement | Dans les entreprises : environnements de travail (Micado) | La recherche en pratique | Manifestations | Le livre de la semaine | Détente |
|
|
|
|
Retenez la date : l'Asti organise sa première école d'été, à Saint-Malo/Dinard, du 1er au 12 septembre 2003. Thème fédérateur : l'image. |
"L'histoire apprend à élargir sa curiosité et à ne pas regarder seulement dans la direction où l'on a envie d'aller."
Asti-Hebdo : Pour les informaticiens d'aujourd'hui, et plus particulièrement les chercheurs et les enseignants, quel est l'intérêt d'un colloque comme celui que vous co-présidez à Grenoble du 25 au 27 novembre ?
Louis Pouzin : Pour les jeunes chercheurs, c'est l'occasion de rencontrer les "dinosaures" qui ont marqué la profession et la discipline, pendant qu'ils sont encore vivants. Qui étaient-ils, qu'ont-ils à dire aujourd'hui ? Ce peut-être aussi le plaisir de voir exposés des machines anciennes, comme on visite un musée de calèches ou d'avions anciens. On a envie de savoir "comment c'est arrivé", en informatique comme pour la naissance de la Terre. On ne peut pas dire que ce soit directement utile, mais le fait est là : cela passionne.
L'histoire des concepts et l'évolution en profondeur des technologies n'intéresse guère les plus jeunes : ils ont des préoccupations beaucoup plus immédiates : trouver un travail, améliorer celui qu'ils ont. Les réflexions sur les tendances à long terme en revanche attirent ceux qui ont déjà une certaine maturité professionnelle. Mettons de 35 à 55 ans. Ils cherchent à comprendre comment les idées se sont transformées en produits, comment les sociétés les ont commercialisées, comment les utilisateurs les ont adoptés. Bref, tout le volet socio-technique du métier.
Il n'est pas sans importance de voir les conséquences des grands changements politiques (du gaullisme au giscardisme puis au mitterandisme... ) et des grands rachats ou fusions de fournisseurs. On se rend compte que les grandes idées aboutissent rarement par elles-mêmes. Il ne suffit pas qu'elles soient bonnes, il faut bien d'autres facteurs pour qu'elles réussissent vraiment.
L'histoire apprend à élargir sa curiosité, à sortir un périscope sur 360
degrés et non pas seulement regarder dans la direction que l'on préfère.
Le prochain colloque offre une excellente occasion de le faire. Je
vous rappelle qu'il se tient au Musée de Grenoble, du 25 au 27
novembre prochains, et qu'il prend cette année une solennité
particulière, avec la célébration du
cinquantenaire de l'Imag. Vous trouverez toutes précisions utiles
sur les pages suivantes :
Programme
Information
et inscriptions
Par ailleurs, vous avez publié dans Asti-Hebdo numéro 64 une interview de Jean Carteron, président de l'Ahti. Il exprime bien l'esprit de la communauté qui se retrouve dans ces réunions.
Asti-Hebdo : Et vous, pionnier des réseaux, inventeur de Cyclades, qui a joué un rôle important dans la montée vers Internet, qu'est-ce qui vous intéresse en particulier ?
L.P. C'est l'Internet d'aujourd'hui et le rôle dominant des Etats-Unis qui me passionne surtout, plus que l'histoire. Mais je crois important de compléter mes idées sur des domaines de l'informatique que je connais mal, et dont les racines sont présentées dans de tels colloques.
Je pense cette année, au réseau militaire Rita, au compilateur WatFor, au calcul analogique, à l'évolution de la cryptographie aux Etats-Unis et, plus près de nous, aux réseaux de cartes bancaires ou à la stratégie de grands utilisateurs comme Elf, Renault et Saint-Gobain. Leur histoire sera présentée par des gens que je connais bien, avec qui j'ai toujours été en relation d'affaires. Mais justement, la vie des affaires ne pousse pas aux synthèses, on communique brièvement sur les problèmes de l'heure... A Grenoble, nous aurons le temps de voir les choses de plus haut et de plus loin. Les retraités ont une plus grande liberté de parole. Et l'ont peut nommer (ou évoquer sans les nommer) des personnes sans risque de leur porter tort, quand elles ne sont plus en place.
Asti-Hebdo : En informatique, les retraités restent-ils "branchés" ? Sont-ils connectés sur Internet, par exemple ?
L.P. : En majorité, non ! Sauf s'ils ont des enfants dispersés dans le monde, ou s'ils ont gardé une activité de type professionnel. Souvent, en pratique, ils en restent aux techniques qui étaient en cours quand ils ont cessé leur activité. Je connais quelques grandes figures des réseaux que je rencontre aujourd'hui à la bibliothèque du Cnet. Ils se plongent dans les livres et les revues, et ils ne sont pas sur Internet.
Il faut dire qu'il est difficile d'évoluer quand on n'appartient plus à une organisation. Ce n'est pas la capacité intellectuelle qui manque, et l'on a plus de temps. Mais l'on ne trouve pas autour de soi le support technique apporté spontanément par les collègues de travail et plus généralement par l'entreprise.
Comme ses prédécesseurs, ce colloque de Grenoble attirera des retraités, mais aussi des historiens et bien sûr des informaticiens engagés dans la vie professionnelle d'aujourd'hui, ainsi que des "curieux" venant d'autres univers : responsables politiques, professionnels d'autres spécialités attiré par tel ou tel point particulier (par exemple, cette année, les applications médicales).
Nous serons une centaine sur l'ensemble des trois journées et l'organisation du colloque est prévue pour permettre de nombreux échanges, avec les pauses, les repas et les visites au Musée.
Le discours est complété par un dossier
Le point de vue de 01 Net
Jacques Baudé (EPI) remarque, pour ce qui concerne l'enseignement (parties III.1 du dossier et II du discours) : "Toujours cette distinction entre "objet d'enseignement" et "outil d'enseignement" qui nous vient du fond des âges et dont la pertinence et l'efficacité restent à démontrer. Ceci dit, rien de nouveau dans ces textes sinon une volonté affirmée de prolonger et d'amplifier les actions des gouvernements précédents. Ce n'est déjà pas si mal ! "
Des exemples de déploiement d’applications reposant sur des cartes à puces, en France, en Europe et dans le monde ont été présentés. Ont aussi été abordés l’acceptation des cartes par l’usager, l’interopérabilité et les standards.
Le groupe publie aussi une version révisée de la description du langage lui même, OWL Abstract Syntax and Semantics.
Grille de calcul M. Parashar (Ed.): Grid Computing - GRID 2002 Third International Workshop, Baltimore, MD, USA, November 18, 2002. Proceedings
"Science de la découverte" S. Lange, K. Satoh, C.H. Smith (Eds.): Discovery Science 5th International Conference, DS 2002, Lübeck, Germany, November 24-26, 2002. Proceedings
Dessin des dessins... M.T. Goodrich, S.G. Kobourov (Eds.): Graph Drawing 10th International Symposium, GD 2002, Irvine, CA, USA, August 26-28, 2002. Revised Papers
Vision par calculateur biologique motivée H.H. Bülthoff, S.-W. Lee, T.A. Poggio, C. Wallraven (Eds.): Biologically Motivated Computer Vision Second International Workshop, BMCV 2002, Tübingen, Germany, November 22-24, 2002. Proceedings
Du calcul ... "qu'on peut compter dessus" A. Bondavalli, P. Thevenod-Fosse (Eds.): Dependable Computing EDCC-4 4th European Dependable Computing Conference, Toulouse, France, October 23-25, 2002. Proceedings
Web sémantique... ou Internet significatif ? R. Meersman, Z. Tari, et al. (Eds.): On the Move to Meaningful Internet Systems 2002: CoopIS, DOA, and ODBASE Confederated International Conferences CoopIS, DOA, and ODBASE 2002 Proceedings
Des tables-rondes TICE
sont organisées par la direction de la Technologie, notamment
- les environnements numériques de travail pour l'enseignement supérieur ;
- les campus numériques : quelle démarche qualité ?
Elle regroupe des enseignants de toutes les générations du primaire, des collèges, des lycées de l'enseignement général, des enseignements technologique et professionnel.
Les objectifs annoncés sont de :
- s'entraider en partageant l'enthousiasme et l'expérience dès
l'entrée dans le métier ;
- mutualiser les pratiques par des échanges de service (cours, exercices,
bibliographie, etc.) et tirer profit de la diversité des approches ;
- échanger des réflexions avec des enseignants de tous niveaux, de toutes
disciplines, de toutes les régions ; avec l'environnement social, économique,
culturel ; avec les chercheurs en didactique, pédagogie, sociologie, psychologie ;
- gagner du temps : en disposant, en temps réel et en un seul lieu, de toute
l'information professionnelle actualisée.
Jacques Baudé
S'il y a deux secteurs où le travail collaboratif - voire la gestion des connaissances - n'a plus rien d'incantatoire et s'inscrit dans les faits et les lieux ce sont bien les industries automobile et aéronautique. Les 3èmes Etats généraux de la CFAO organisés par le Micado et ses différentes commissions étaient là pour l'illustrer. Un brillant relais aux conférences du Micad qui aura lieu les 1, 2 et 3 avril 2003
Sous l'impulsion d'Yvon Gardan (IFTS Charleville), Gérard Guilbert (EADS CCR) et d'un comité d'experts, le Micado poursuit sa réflexion sur les technologies de l'information et de la communication associées à la CFAO. Au cours d'une troisième édition des Etats généraux de la CFAO qui s'est tenue le 7 novembre à la Maison de la mécanique à Courbevoie, quatre thèmes d'actualité ont été traités : intégration et interopérabilité des applications , usine numérique, gestion de la connaissance et travail collaboratif.
La commission Travail collaboratif avait pour rapporteurs, Yves Baudier, EADS CCR et Didier Large, HP. Elle avait cette année organisé un premier workshop "Collaborative Work" à la 8ème Conférence Internationale ICE 2002 de Rome sur le "Concurrent Enterprising".
Frank Bailly de Renault y avait présenté une première fois les données actuelles relatives à la relation fournisseurs et l'impact du TC (travail collaboratif) sur les projets véhicule de Renault. 130 partenaires ont signé des accords contractuels par projet de "co-conception", 54 d'entre eux connectés via le réseau spécifique au monde automobile ENX. Aujourd'hui ce sont pour le moins 40000 fichiers CAO au format natif ou Step et 40 Go de données qui sont transmis mensuellement vers les 700 partenaires "at large" de Renault. L'impact conjugué des nouvelles méthodes de co-conception et des NTIC a contribué à réduire de 35% la durée du cycle de développement de la nouvelle Megane. Beaucoup de questions ont concerné le rôle des PME-PMI dans ce nouvel environnement et en particulier sur leur regroupement à terme dans des réseaux virtuels de commerce associatifs (trading association).
Pour l'aéronautique, Yves Baudier a présenté ensuite le concept de Elab (Enhance Laboratory) dans le cadre du programme Enhance. Ce projet avait pour objectif de développer des méthodes et d'harmoniser les pratiques de l'ingénierie simultanée entre les constructeurs et les co-traitants de l'aéronautique. Une partie des résultats du projet est déjà mise en œuvre dans le cadre de l'implémentation Airbus A380.
Des modifications importantes sont attendues au cours des 10 prochaines années dans les espaces de travail pour l'ingénierie collaborative comme dans l'organisation du travail. Les exigences de co-conception avec le réseau des sous-traitants ont déjà conduit au travail "en plateau" dans l'automobile et l'aéronautique. Les salles de revues de maquettes 3D sont également une première réponse. De nombreuses "briques technologiques" sont disponibles supportant différentes fonctions collaboratives, visioconférence (avec le célèbre NetMeeting de Microsoft), workflow, portails projets, outils de visualisation collaborative de maquette. L'adoption d'un fonctionnement en "entreprise virtuelle" nécessite en effet de repenser les relations entre entreprises, équipes, êtres humains - espaces collaboratifs du futur.
Un projet de "roadmap" transversal entre les secteurs de la construction, de l'automobile et de l'aéronautique, appelé Futur_Workspaces commence à porter des fruits. On y définit la vision partagée d'environnements modulaires et reconfigurables de TC et des étapes à franchir pour les petites équipes co-localisées ou distantes. De nouveaux environnements de visualisation, des postes nomades aux postes collectifs, prennent forme : espaces d'analyse, de pilotage/management, d'investigation, de réunions virtuelles, de formation à distance à la demande.
Cette démarche est à rapprocher du projet Perf-RV plate-forme française de réalité virtuelle, financé en partie par le Ministère de la Recherche dans le cadre du RNTL (Réseau national des technologies logicielles), qui regroupe les mêmes industriels EADS, Renault, Dassault, PSA, EDF, GIAT. On y travaille en premier lieu sur la "virtualisation" des outils de simulation, à commencer par l'introduction du toucher au plan de travail virtuel.
Mireille Boris
Les expériences de la direction de la sécurité et de la circulation routière du ministère de l’Equipement et du Cerib (Centre d’étude et de recherches de l’industrie du béton) ont été détaillées ; la société Business Interactif a plus spécifiquement abordé l’aspect méthodologique.
L'Asti n'y figure pas (encore).
- Afia
- Afig
- Afihm
- ASF
- ACM Sigops
- Atala
- Atief
- Cigref
- Creis
- GRCE
- Gutenberg
- Inforsid
- Specif
C'est un peu cher (29 euros pour 180 pages), mais on doit pouvoir négocier ou échanger... . Renseignements
En regardant le programme plus en détail, le rire a fait place au sourire. Il s'agit vraiment d'un beau thème, tout à fait dans la ligne des travaux de l'IPC (Institut de la pensée contemporaine) et de ses "recherches interdisciplinaires et interculturelles". On peut regretter qu'il n'y ait rien au programme sur le négatif numérique, mais les sciences dures ne sont pas absentes, avec un exposé de physique (sur l'antimatière) et un de neuroscience (cerveau et négatif).
Bien sûr, l'essentiel est consacré à des approches philosophiques (voire religieuses) et surtout éthiques. C'est à dire assez éloignées, par construction, du "coeur de cible" de l'Asti, pour parler comme les gens de marketing. Mais, justement ! Dans ce même numéro, Louis Pouzin ne nous-dit il pas qu'il faut "sortir le périscope à 360 degrés". Et l'occasion est d'autant meilleure que les organisateurs, François Jullien et Julia Kristeva, sont des signatures connues dans le monde des SHS.
Alors, si les 35 heures vous laissent un peu de temps (ô rubrique détente !),
pourquoi ne pas aller passer une journée et demie au Campus Jussieu Amphi 24, du vendredi 29
(14h30) au samedi 30 (fin de journée) ? Et envoyez en souvenir un peu de négatif,
sous pli cacheté et affranchi au tarif lettres, à la rédaction d'Asti Hebdo.
P.B.