Stic-Hebdo |
No 36. 29 novembre 2004
Sommaire : Trois questions à Antoine Petit (CNRS)| L'actualité de la semaine | Théories et concepts | Enseignement | La recherche en pratique | Dans les entreprises et les administrations : Neurosciences, par Claire Rémy| Manifestations | Bibliographie | Détente
Le congrès Specif 2005 aura lieu à Clermont-Ferrand les 20 et 21 janvier prochain. |
"La structure matricielle que nous expérimentons permettra, si elle est validée, de simplifier nos relations avec nos partenaires et d'augmenter la pluridisciplinarité. Quant au département Stic, il ne sera pas éclaté, mais intégré à un département plus large. "
Stic Hebdo : Après l'arrivée de Bernard Larrouturou à la direction générale du CNRS en venant de l'Inria, puis votre arrivée à la tête du département, la communauté Stic s'attendait presque à prendre la tête de toute l'institution. Mais la rumeur laisse au contraire entendre que ce département serait supprimé. Faut-il s'en inquiéter ?
Antoine Petit :Une façon saine de répondre à cette question, c'est de lire ce qu'a écrit notre directeur général dans l'interview qu'il a diffusée au début du mois de septembre. Il y annonce la mise en place expérimentale de deux directions interrégionales, sud-est et sud-ouest.
Sous réserve de validation dans les mois à venir , cette expérimentation
va déboucher sur une nouvelle organisation, de type matriciel, remplaçant
la structure actuelle en râteau avec huit départements. Elle comportera
- cinq interrégions, traitant plutôt des aspects opérationnels de nos activités,
- des départements scientifiques, en nombre plus restreint qu'actuellement
(probablement entre trois et cinq) regroupés dans le cadre d'une direction de
la stratégie scientifique. Les directeurs d'interrégions aussi bien que les
directeurs de départements participeront au comité de direction du CNRS.
Le recrutement des chercheurs et leur évaluation resteront au niveau national.
Un des objectifs de cette phase expérimentale, c'est de proposer au conseil d'administration et à la direction générale une répartition simple entre les moyens qui seront distribués par les uns et par les autres. Nous comptons ainsi renforcer le rôle des directeurs de laboratoire, qui n'auront plus besoin de s'adresser à plusieurs interlocuteurs pour résoudre un même problème. La direction de l'institution sera ainsi plus proche des laboratoires. Mais elle sera aussi plus proche de nos partenaires, au premier rang desquels il y a les universités, qui auront désormais un interlocuteur privilégié au niveau interrégional, alors qu'il leur faut à présent traiter directement avec de nombreux départements, pour peu que leur université soit un tant soit peu généraliste. Cette structure facilitera aussi la construction de pôles, tant avec les universités qu'avec les autres organismes de recherche concernés.
Enfin, ces échelons faciliteront la pluridisciplinarité et la pluri-départementalité, qui n'était pas favorisée par notre structure en râteau. Le directeur général aura directement sous ses ordres des directeurs aux fonctions pluridisciplinaires.
Il ne s'agit pas, comme certains nous le reprochent, ou le craignent, de rajouter une couche administrative à l'organigramme actuel. La partie administrative des interrégions se constituera par l'union des parties administratives des 19 délégations régionales actuelles. Un des objectifs de l'expérimentation en cours, c'est de préciser la composition des petites directions interrégionales, qui se composeront des délégués régionaux et sans doute aussi de quelques adjoints plus coloriés thématiquement. Pour autant, il ne s'agit pas de refaire au niveau de chaque interrégion l'équivalent de la direction de la stratégie scientifique nationale. Les grandes décisions se prendront au niveau du comité de direction, et nous éviterons l'écueil que chaque direction interrégionale se transforme en petit potentat local, avec une concurrence entre elles.
Quant aux Stic, le fait que l'animation de cette expérimentation ait été confiée à Jean-Marie Hombert (directeur actuel du département SHS, sciences de l'homme et de la société) pour le sud-est et à moi-même pour le sud-ouest pourraient laisser penser que ces deux départements seraient délaissés par la suite... Mais ce n'est clairement pas le cas, puisque Bernard Larrouturou a écrit que les Stic resteraient une priorité dans les années à venir. Il l'a confirmé dans le projet de répartition des 411 postes de chercheurs mis en concours l'an prochain. Il tient compte de trois critères : au prorata de l'existant (289 postes) , en prime à la mobilité (45 postes, externe surtout) et en fonction des priorités du contrat d'action pluri-annuel (77 postes). Sur ce dernier point, qui exprime la stratégie scientifique de notre institution, ce sont 34 postes qui seront recrutés par le département Stic ! Dans la nouvelle structure, il ne sera pas éclaté, mais s'intègrera vraisemblablement dans un plus gros département qui regroupera plus de sciences dures.
S.H. Le contenu des Stic change . Quels sont les thèmes de recherche qui vous paraissent les plus importants pour les années à venir?
A.P. Dans une optique stratégique, nous avons proposé quatre priorités relevant des Stic (mais pouvant intéresser d'autres départements) :
- Interactions entre les Stic et le vivant, avec la bioinformatique et les interactions nano/bio, mais aussi la robotique médicale (capteurs en particulier), et l'analyse d'image (notamment médicale), thème qui concerne aussi fortement les sciences de la vie ainsi que les SHS, par exemple pour l'acceptabilité des dossiers partagés
- Systèmes embarqués dans toutes leurs dimensions : matériels, logiciels et réseaux, avec toute l'importance économique de la mobilité.
- Masses de données, car la demande de simulations est de plus en plus forte, de même que la disponibilité de quantités de données dont l'utilisation n'est pas toujours évidente. Nous incluons dans ce domaine le web sémantique et l'utilisation des grilles de calcul, ainsi que l'acquisition des données.
- Nanosciences/nanotechnologies/nanosystèmes, qui intéressent aussi bien les sciences physiques et chimiques que les sciences de la vie. L'apport de notre département porte particulièrement sur le troisième de ces volets : il ne suffit pas de construire des nano-composants, encore faut-il les intégrer en systèmes, et c'est une spécialité des Stic.
S.H. Pluridisciplinarité dans les thèmes comme dans les structures, donc. Pour des projets multi-partenaires, en France et dans la communauté internationale ?
A.-P. Nous voulons d'abord nous inscrire plus fortement dans la construction de l'espace européen en recherche. On nous reproche de n'être pas assez présents à ce niveau. Nous souhaitons que la direction de la stratégie scientifique ait plus de temps à y consacrer, en liaison bien sûr avec la direction des relations internationales.
Cela dit, ne faisons pas de défaitisme. Dans la priorité 2 du 6eme PCRD, l'IST (Information society technologies), la France est le pays qui coordonne le plus de réseaux d'excellence, 11 sur 41 en tout, dont 9 par des laboratoire associés au CNRS. Ce succès est dû au fait que nous avons coopéré avec l'Inria, le CEA et la CPU, sous l'égide du ministère de la Recherche, pour préparer les réponses françaises aux appels d'offres. D'autres spécialités ne l'ont pas fait, et ont obtenu des résultats moins importants. Et nous travaillons déjà activement à la préparation du 7eme plan.
Dans ses actions au niveau international, le département Stic doit viser d'abord les cas où il peut apporter une plus value par rapport aux actions des laboratoires eux-mêmes. Nos chercheurs ne nous ont pas attendus pour collaborer avec leurs collègues des plus grandes institutions. Tous nos grands laboratoires, en particulier, coopèrent avec des laboratoires américains. En revanche, nous avons inscrit l'Asie (Chine, Inde et Japon) en première priorité. Car, à cette échelle, l'image du CNRS, voire de la science française dans son ensemble, a un autre poids qu'un laboratoire qui s'y impliquerait isolément.
Notre coopération avec l'Inria a pour but de développer les Stic en France, de répondre à leur importance en termes économiques et d'emploi, sans trop nous préoccuper de quel établissement est sur le devant pour tel ou tel projet. De toutes façons, sur les 110 laboratoires de notre département, 5 sont des unités communes avec l'Inria, et ce ne sont pas les plus petites.
Quant aux relations industrielles et à la valorisation, nous progressons depuis quelques années, mais ce n'était pas la culture d'origine de l'institution. Les indicateurs sont favorables : nous sommes le 5eme dépositaire de brevets (derrière L'Oréal, Peugeot, Renault et le CEA), et à lui seul le département Stic en dépose cette année plus d'une centaine. Nous avons 25 laboratoires partagés avec des industriels. La création d'entreprises à partir de travaux de nos laboratoires, après l'éclatement de la bulle Internet en 2001-2002, est aujourd'hui remontée, avec 23 créations en 2003 et une centaine en incubation.
Le CNRS évolue. C'est une institution remarquable qui, sous l'impulsion de Bernard Larrouturou et de notre nouveau président, Bernard Meunier, doit se réformer de l'intérieur, en douceur, pour rendre la recherche française plus efficace et plus compétitive à l'échelle internationale. Cette réforme ne peut se concevoir sans un partenariat plus étroit avec les universités et écoles, et en liaison avec les autres organismes de recherche et les collectivités locales.
Asti 2005 peut être une belle occasion de montrer la beauté et l'importance des recherches dans le domaine des Stic, et leur importance pour de nombreux secteurs industriels et économiques.
Propos recueillis par Pierre Berger
Vendredi dernier ont été honorés les lauréats 2004 des prix de l’Académie des sciences en informatique et en mathématiques appliquées. Voici ceux qui travaillent dans les différentes disciplines des Stic (d'après le communiqué des organisateurs).
Claude Weisbuch, directeur de recherche au CNRS, laboratoire de physique de la matière condensée à l'École polytechnique à Palaiseau, lauréat du prix France Télécom. Son activité dans le domaine des propriétés optiques des semi-conducteurs se caractérise par une maîtrise complète des systèmes étudiés, depuis les aspects les plus fondamentaux jusqu'à la réalisation technique de nouveaux dispositifs aboutissant souvent à des réalisations industrielles.
Nicolas Halbwachs et Paul Caspi, directeurs de recherche au CNRS dans le laboratoire Verimag à Grenoble, lauréats du prix Michel Monpetit. Les deux lauréats sont des spécialistes des langages de programmation, à l’origine des langages Lustre et Scade grandes réussites scientifiques et industrielles, utilisés dans les systèmes embarqués et temps-réel critiques (avionique, centrales nucléaires, automobile, etc).
Albert Cohen, professeur à l’université Pierre et Marie Curie à Paris, laboratoire d’analyse numérique, lauréat du prix Blaise Pascal. Mathématicien, ses travaux de recherche et son enseignement portent sur les fondements mathématiques de méthodes d'analyse et de calcul scientifique - ondelettes, analyse multirésolution, approximation non-linéaire et adaptative - ainsi que sur l'application de ces méthodes à des problèmes variés tels que la compression et le débruitage d'images digitales, la simulation numérique de problèmes modélisés par des équations aux dérivées partielles, la théorie statistique de l'apprentissage.
Jacques Bernier, ingénieur retraité de la direction des études et recherches d'EDF et professeur associé à la Faculté des sciences et à l'Institut de statistique de l'université Pierre et Marie Curie, à Paris, lauréat du prix de la Fondation de Mme Claude Berthault. Mathématicien et statisticien, spécialisé en quantification des risques environnementaux Jacques Bernier continue de collaborer à la recherche actuelle en développant l’application et l’extension des méthodes bayesiennes modernes, auxquelles il s’est intéressé très tôt.
Bijan Mohammadi, professeur de mathématiques, université de Montpellier II, institut de mathématiques et de modélisation, lauréat du prix Aymé Poirson. Spécialisé dans la modélisation, la simulation et l’optimisation numériques en sciences de l’ingénieur, ce prix lui est remis pour ses travaux l’optimisation à complexité réduite et l’application à la réduction du bang sonique en transport civil supersonique. Ses réalisations d'outils informatiques ont permis de nombreuses collaborations avec l'industrie, notamment dans le domaine de la turbulence, de l'optimisation de formes appliquées et la pratique de la simulation numérique.
À l'occasion de la remise du Prix Irène Joliot-Curie, le ministère délégué à la Recherche a mis en ligne un document intitulé État des lieux : les femmes dans la recherche. On y apprend que depuis 1992 "le nombre de femmes dans la recherche a presque doublé" que leur présence est plus forte dans la recherche publique que privée, mais que concernant "l'accès des femmes aux postes de responsabilité", des progrès restent à confirmer. Télécharger. (Communiqué par SG-Hebdo, organe du CNRS).
Un document
(PDF) de l'OCDE.
Vous avez jusqu'au 4 décembre pour visiter l'exposition Jouable. Art, jeu et interactivité qui se tient à Paris (Ensad, 31 rue d'Ulm, Paris 5e.Du lundi au samedi de 11h à 20h. Entrée libre). Une quarantaine de stands présentent des oeuvres interactives réalisées par de jeunes chercheurs. L'exposition, accompagnée d'un colloque, s'est tenue à Genève et à Tokyo. Le catalogue sur papier, substantiel, n'est évidemment pas interactif, mais riche de références et de textes.
Il est déconseillé de visiter un telle exposition comme un amateur d'art rend visite à un salon, un musée ou une foire internationale de l'art. L'interactivité demande de substantiels efforts au spectateur sommé de devenir acteur. Et le caractère "recherche" des travaux présentés ne lui donnera pas en réponse le feu d'artifices d'effets visuels et sonores qu'il trouvera sur son PC avec Civilisation III. Loin s'en faut !Quel visiteur se laisserait facilement tenter par des oeuvres qui jouent sur son indécision, après l'avoir obligé à revêtir des gants de boxe, des lunettes de réalité virtuelle ou un masque de lapin, ou encore à se coucher de tout son long sur un plateau translucide (Heureusement, les artistes de permanence mettent quelque bonne volonté à s'y plier pour l'instruction du spectateur).
En revanche, un lecteur de Stic-Hebdo qui s'intéresse aux interactions homme-machine ne perdra pas son temps à un parcours qui présente nombre d'idées et de prototypes matériels et logiciels. Certains relèvent plus de l'innovation que de l'art, par exemple la saisie d'une image 3D par association d'une caméra normale et d'une caméra vidéo (Bernard Vadim). D'autres au contraire, minimalistes dans leur mise en oeuvre, convient le voyageur à entrer dans des stratégies de navigation plus intellectuelles qu'esthétiques (Gwenola Wagon).
Allant plus loin, un informaticien pourrait trouver ici de quoi remettre en cause ses conceptions même sur sa propre discipline. Il pourrait lire en théoricien des Stic un ouvrage comme celui de Jean-Louis Boissier La relation comme forme. L'interactivité en art (Editions Mamco, Genève, 2004), commissaire de ce vaste nébuleuse d'événements. Un Masaki Mayabe ne va-t-il pas jusqu'à vouloir "montrer que les relations causales entre le Kana et la naissance de l'Hiragana (NDLR : deux types d'alphabet japonais) sont un algorithme qui représente alternativement l'essence et la structure profonde de l'ordinateur". Voilà qui surprendrait Von Neumann... mais après tout, autant que l'inventeur de sa célèbre architecture de machines, n'était pas aussi un théoricien des jeux, qui aurait donc aimé le thème d'une telle exposition ?
En matière d'arts numériques, signalons par ailleurs trois ouvrages
récents :
- L'art numérique, par Christiane Paul. Thames & Hudson
(Paris), 224 pages, 14,95 euros. L'auteure "s'attache à décrire
l'évolution de l'art numérique depuis son apparition dans les
années 1980 et propose des pistes quant à son avenir. Elle distingue
des artistes qui utilisent le numérique comme outil pour créer
des formes traditionnelles de ceux qui l'envisagent comme un médium à
part entière, qu'ils manipulent pour produire des formes d'art inédites
; elle dresse, ce faisant, un panorama pertinent des oeuvres et des artistes
clés du numérique. Les problématiques passionnantes de
la collection, de la présentation et de la conservation des oeuvres numériques
sont analysées, tout comme les thèmes propres à l'art numérique
: l'interaction, la vie et l'intelligence artificielles, le militantisme social
et politique, les réseaux et la téléprésence".
Elle est conservatrice adjointe au département d'art des nouveaux médiats
du Whitney Museum à New York.
- CyberArts 2004. par Hannez Leopoldseder, Christine Schöpf et
Gerfried Stocker. Hatje Cantz Publishers. 357 pages. 55 dollars. "International
compendium, prix Ars Electronica. Computer animation, visual effects, digital
musics, interactive art, net vision, digital communities". (bilingue anglais-allemand)
- Verb Matters. par Manuel Gausa, Vicente Guallart, Willy Müller
(avec la collaboration d'Albert Ferré, Michael Kubo, Ramon Prat, Tomoko
Sakamoto, Anna Tetas, Jaime Salazar). Actar, 29 euros. L'objectif est de présenter
les potentialités formelles et matérielles de l'architecture à
l'ère de l'information. De nombreux projets ou réalisations sont
montrés en détail. On se fera une idée de l'ouvrage en
regardant les pages
web que l'éditeur lui consacre.
Nous nous permettons d'y ajouter un essai de notre cru Peinture
et machine (au format Word), un peu à contre courant des thèmes
actuels sur l'art numérique P.B.
Un nouveau site de recherche et développement dédié aux technologies numériques de l’image et du son, a été inauguré le 27 novembre à Chalon-sur-Saône, ville natale de Nicéphore Niepce, l’inventeur de la photographie. Ouverts aux porteurs de projets, laboratoires, entreprises, les Nicéphore Labs ont deux missions : accueil et développement ; travail en réseau de compétences. Ils sont dotés d’une salle de projection expérimentale de 100 m2 avec vision en relief et son numérique spatialisé, d’un complexe d’équipements vidéo haute définition, relief et réalité virtuelle, ainsi que d’un laboratoire de post-production en traitement du son. Les Labs constituent l’une des composantes essentielles de la nouvelle technopole, Nicéphore Cité, qui a pour vocation de développer de nouvelles activités et créer des entreprises innovantes dans le domaine des technologies numériques appliquées à l’ingénierie, patrimoine, architecture, médecine, audiovisuel, jeux vidéo, etc. C.R.
Dans le cadre de son observatoire stratégique des tendances et usages des nouvelles technologies, Tebaldo a co-organisé le 3e Symposium de télémédecine à l’hôpital européen Georges Pompidou, le 18 novembre dernier. Au programme l’état de l’art des technologies et enjeux : mobiles/wireless ; satellite (télévision interactive, surveillance et prévision des épidémies...) ; télé-expertise ; visioconférence ; e-formation continue ; e-santé, objets communicants et robots chirurgicaux ; dialyse surveillée à distance ; intervention chirurgicale par télétransmission ; etc. C.R.
Une nouvelle édition de L'Islam mondialisé d'Olivier Roy (Seuil, septembre 2004, 224 pages, 7,50 euros) nous donne l'occasion de signaler le substantiel chapitre (21 pages) qu'il consacre à l' "oumma virtuelle d'Internet" (NDLR : l'oumma est la communauté des croyants). De telles analyses sociologiques sont rares (et peuvent évidemment donner lieu à débats).
Voici le paragraphe de conclusion: "Dans tous les cas, il est clair que l'utilisation d'Internet par des individus exprime un double mouvement : d'une part l'affirmation, dans une société profondément sécularisée, de l'adhésion religieuse selon un mode individuel d'appréhension et de formulation (mais aussi de mise en scène par la construction du site ou le récit de vie), qui se prolonge par la quête d'une communauté virtuelle, faite d'une collection d'individus sans liens concrets entre eux, donc en dehors d'une société réelle. D'autre part, la référence à un Islam plutôt fondamentaliste et normatif, qui ignore sa propre histoire et les sociétés qui en ont été le vécu. Le virtuel partage avec le fondamentalisme ce thème de la table rase, de l'éternel recommencement, de l'indifférence envers l'histoire et la culture, et de la gestion d'un corpus intemporel, plutôt pauvre mais universel, aisément accessible et communicable. La Toile est un instrument de déculturation, même lorsqu'elle se veut prosélyte et communautariste, mais aussi de sécularisation, dans la mesure où elle entérine de fait l'existence de deux ordres différents : un quotidien où le religieux est absent et un espace virtuel où il est omniprésent".
On peut jouer au loto sur Internet, sur le site de la Française des jeux. Marc Pellerin (Le Parisien du 28 novembre) rapporte que cette nouvelle catégorie de joueurs est constituée en majorité d'hommes (70% contre 52% dans les points de vente traditionnels), moins régulière, mais misant des sommes équivalentes. Dans trois ans, Internet devrait représenter 1,5% du chiffre d'affaire global.
Documentaliste juridique, Emmanuel Barthe vient de mettre en ligne sur son site une étude sur le papier . Il considère qu'il peut être plus intéressant de combiner papier et numérique que de rester avec l'un ou de tout basculer vers l'autre. Ce point de vue confirme et prolonge utilement les notes déjà publiées ici sur le papier.
Bien que le sexe soit une des principales utilisations d'Internet (comme, hier, du minitel), l'innovation en la matière semble bien rare. Un dossier spécial de Science et vie sur le sexe (août 2004) ne faisait aucune référence aux TIC. Un pointeur récent sur Wired est plus attristant qu'autre chose. Au dessous de la ceinture, l'imagination n'est pas au pouvoir ! Au point que le Parisien (du 23 novembre) titre"Films porno, la grande misère".
Rubrique réalisée avec la collaboration de Jacques Baudé
Microsoft Research (UK) vient de lancer un programme de bourses de thèse pour de la recherche en informatique ou domaine associé en Europe. Informations sur l'URL http://research.microsoft.com/ero/phd/ (qui n'est pas ouverte au public. contactez votre correspondant habilité).
Avec plusieurs centres hospitaliers et scientifiques prestigieux, Paris possède une situation enviable dans le domaine de la recherche en neurosciences. Face à l'importance des enjeux thérapeutiques, des chercheurs organisent une collaboration interdisciplinaire et internationale active qui permettra de créer un continuum de recherches de haut niveau au service des malades.
L’une des carences les plus souvent soulignées concerne le manque de communication, voire l'antagonisme qui peut exister ici ou là entre les scientifiques et les médecins cliniciens, ou entre disciplines scientifiques, alors que leur collaboration étroite est nécessaire aux recherches à visée thérapeutique sur le cerveau, tant la complexité des explorations réalisées et des instruments utilisés est importante. Il est dès lors primordial de pouvoir s'appuyer sur des équipes pluridisciplinaires expérimentées comprenant neuroanatomistes, neuropathologistes, radiologues, physiciens, biophysiciens, informaticiens, électroniciens, statisticiens.
Il existe une petite dizaine d'entreprises actives dans le domaine des neurosciences en Ile-de-France (Sept d'entre elles sont parisiennes).
Neurolab, créée en 1996 par Sophie Feldblum, développe une plate-forme de protéomique applicable notamment à l'étude des maladies du système nerveux. Financée uniquement sur fonds propres, elle est située dans le 15e arrondissement à Paris. http://www.neurolab.fr
Helios Biosciences, fondée en 2002 par une chercheuse du CNRS, Sylvie
Dumas, est une société experte de l'analyse et de la modélisation de l'expression
des gènes et des interactions moléculaires. Elle est soutenue par l'incubateur
d'entreprises Paris Biotech et dispose de laboratoires
dans la faculté de médecine Henri Mondor, à Créteil.
http://www.heliosbiosciences.com
Biospace Mesures, créée en 1996 par le prix Nobel de physique Georges Charpak, est une société parisienne spécialisée dans l'imagerie du petit animal. http://www.biospace.fr
Biocortech, née en 2001 de chercheurs de l'Institut Pasteur, Dinah Weissman et Jean-François Pujol, recherche de nouvelles classes de composés chimiques pour prévenir et traiter les maladies neuropsychiatriques. Elle est hébergée dans l'incubateur d'entreprises de l'Institut Pasteur, Pasteur BioTop (Paris). http://www.tradewithfrance.org/icatalog/biocortech.html
Theraptosis, également issue de l'institut Pasteur en 2001 et localisée
à Pasteur BioTop (Paris), est spécialisée dans la découverte de molécules capables
de bloquer ou de déclencher la mort cellulaire (apoptose), processus qui est
impliqué dans les maladies neurodégénératives.
http://www.theraptosis.com
Nautilus Biotech, lancée en 1999 par Manuel Vega, un ancien chercheur
du Généthon, est un spécialiste de l'optimisation des protéines thérapeutiques,
telles que l'interféron bêta, et travaille notamment sur la sclérose en plaques.
Elle appartient à la Génopole d'Evry.
http://www.nautilusbiotech.com
ExonHit Therapeutics, fondée en 1997 par trois anciens chercheurs de
Rhône-Poulenc, développe une plate-forme de détection des anomalies de l'épissage
des ARN qui lui permet d'isoler des candidats médicaments. L'un d'eux est en
essai clinique de phase II contre la sclérose latérale amyotrophique (SLA).
http://www.exonhit.com
Mapreg, créée en 2000 par Etienne-Emile Beaulieu, Paul Robel et Arlette
Fellous, est spécialisée dans la recherche de molécules interagissant avec le
cytosquelette cellulaire, dont l'altération survient au cours des lésions du
système nerveux central, dont les maladies neurodégénératives. Elle est localisée
à Paris, dans le 8e arrondissement.
http://perso.wanadoo.fr/mapreg/fr/index.html
Biovectys, issue en 2000 du laboratoire mixte CNRS-RPR/Aventis dirigé par Jacques Mallet à la Pitié Salpêtrière, est dédiée au traitement des maladies neurologiques par thérapie génique. Elle s'intéresse à la rétinite pigmentaire et la sclérose latérale amyotrophique. Site Internet en construction.
Etude complète sur www.parisdeveloppement.com . Claire Rémy
Consultez le site des associations fondatrices de l'Asti, où vous trouverez les manifestations qu'elles organisent.
Pour les manifestations TIC en rapport avec l'enseignement et la formation, consulter le site Educnet.
Le sujet n'est pas nouveau, et fait régulièrement l'objet de sessions aux congrès Aamas (Autonomous agents and multi-agent systems), dont l'édition 2004 s'est tenue en juillet dernier. Il est d'ailleurs un peu étonnant que le livre de Corina Paraschiv Les agents intelligents pour un nouveau commerce électronique (qui vient de paraître chez Hermès/Lavoisier) ne fasse aucune allusion à ces rencontres, ni au colloque spécialisé Agent-mediated electronic commerce dont Springer a publié les Actes révisés en 2002. Les 15 pages de bibliographie ne font pas non plus référence à des ouvrages français comme le panorama technique de Guy Hervier ou les analyses critiques réunies par Frantz Rowe (voir l'article commerce de notre dictionnaire).
Cela dit, cet ouvrage est une véritable mine d'idées, de concepts
et même de recommandations pratiques, assez dans l'esprit de l'ENS-Cachan,
d'ailleurs, avec son nourrissant mélange d'équations et d'engagement
le concret (comme en témoignait la semaine dernière dans nos colonnes
l'interview de Jean-Paul Louis sur
les actionneurs). L'objectif du livre est d'ailleurs "d'explorer l'utilisation
possible des agents électroniques afin de faciliter les transactions
commerciales entre consommateurs et entreprises sur l'Internet... une approche
interdisciplinaire fondée sur une étroite collaboration entre
les sciences de gestion (marketing et stratégie), les sciences économiques
(organisation industrielle et théorie de la décision) et les sciences
informatiques (intelligence artificielle et systèmes d'information).
Cet objectif se décline ainsi en chapitres
- les agents intelligents,
- améliorer l'interaction des consommateurs avec les agents de recommandation,
- agents de recherche et stratégies dynamiques de fixation du prix,
- comparaison des stratégies de négociation des agents électroniques.
On appréciera en particulier les précisions terminologiques, distinguant trois catégories d'agents dans la spécialité : négociation, recherche, recommandations) ou l'introduction de concepts au riche potentiel comme la profondeur d'interaction, plus courant en imagerie nucléaire qu'en informatique. Au passage, le visiteur philosophe ne se privera pas de sourire en lisant "... l'utilisation d'une stratégie myope par tous les sites marchands leur permet... de réaliser des profits moyens supérieurs au profit moyen théorique".
Concluons avec l'auteur "Compte tenu de tous les problèmes qui subsistent actuellement, il est extrêmement difficile de prédire le développement des agents électroniques dans les années à venir et le rôle précis qu'ils joueront dans la démocratisation du commerce électronique sur l'Internet. Cependant, à l'heure actuelle, leur succès futur semble garanti puisque, compte tenu de la masse toujours plus grande d'informations disponibles sur l'Internet et de la difficulté de les gérer, les consommateurs seront nécessairement amenés à passer outre à leurs réticences éventuelles et à utiliser de tels agents. En anticipant une telle évolution, les chercheurs se doivent d'analyser dès à présent leurs rôles potentiels, afin de guider le choix stratégique des différents acteurs du marché". P.B.
Jean Strozecki vous invite à partager ses goûts .
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