Stic-Hebdo |
No 39. 20 décembre 2004
Sommaire : Trois questions au Père Noël | L'actualité de la semaine |Théories et concepts |Manifestations | Détente
Appel à candidature Conformément à ses nouveaux statuts, l'Asti procédera au cours de son assemblée générale 2004, qui aura lieu le vendredi 28 janvier, à l'élection de son nouveau bureau. Ce bureau est formé de 18 membres. Pour candidater, il suffit d'être adhérent d'une des associations membres de l'Asti. Les déclarations de candidature, accompagnées d'un bref CV, sont à envoyer avant le 10 janvier 2005, délai de rigueur, au secrétaire général adjoint, Florent Jacquemard (Florent.Jacquemard@lsv.ens-cachan.fr) Le prochain numéro de Stic-Hebdo paraîtra
le 17 janvier prochain. |
"Je sens passer comme une vague d'oecuménisme et de coopération. C'est une chance à saisir pour l'avenir de Stic-Hebdo"
Stic Hebdo : Père Noël, dans la froide grisaille hivernale, après une année plutôt morose, n'avez-vous pas l'impression que le monde et les Stic font du sur place malgré la loi de Moore et le foisonnement des vocabulaires ?
Père Noël : Sous la grisaille et l'agitation brownienne, on peut déceler d'intéressants "signaux faibles". Je note par exemple que le Club de l'hypermonde a mis à son programme pour 2005 le thème de "l'homme augmenté". L'expression n'est pas tout à fait nouvelle, un séminaire Aristote de 2002 la mettait en avant, par exemple. Il remonterait au moins (merci Google) à 1960, avec une proposition de communication à la WJCC (World joint computer conference ?) par l'inventeur de la souris, Douglas Engelbart. Pour autant, il reste encore rarement employé.
La formule garde un zeste de machisme. Mais elle pourrait donc donner une tournure moins passionnelle et plus constructive aux incontournables débats sur l'avenir de l'humain. La question se pose aujourd'hui dabs de multiples domaines. Le sport se demande jusqu'où aller dans la préparation des champions de haut niveau. Les religions, cherchant leur place dans un univers mondialisé, tressé par la Toile, posent la question des limites de l'engagement dans le "surnaturel". La médecine s'interroge sur les limites de la vie, depuis les interventions prénatales jusqu'à la fin de vie en passant par toutes les formes de chirurgie esthétique ou prothétique. L' "homme augmenté" fait question, certes, mais inquiète moins que surhomme, cyborg et a fortiori post-humain. Entre ceux qui ne veulent qu'un "supplément d'âme" et ceux qui attendent beaucoup de perfectionnements technologiques, on peut espérer un dialogue plus ouvert.
Les Stic en particulier pourraient mieux poser deux questions récurrentes
dans leur domaine ou à son propos :
- La machine est-elle concurrente de l'homme sur le marché du travail
? N'est-elle pas, au contraire, le vecteur de nouveaux emplois ? Ne pourrait-on
lui transposer l'assertion de Michel Camdessus : le travail ne se partage pas,
il se multiplie.
- La machine peut-elle penser ? Turing est célèbre pour avoir
proposé une voie de solution. Mais, cinquante ans après lui, est-elle
encore vraiment pertinente ? La machine devenue Toile, avec ses milliards de
processeurs coopérant en grilles, avec ses bogues surprenantes nées
de sa complexité même, avec ses agents multiples et ses virus évolutifs...
est-elle encore vraiment une machine de Turing ? Quant à la pensée,
prise en tenailles entre la psychologie et les neurosciences, est-elle encore
le concept monolithique et transcendant de la philosophie des Lumières
?
On peut donc espérer voir plus de pragmatisme, de coopération et de sérénité marquer les débats des années à venir.
S.H. Père Noël, vous poussez peut-être un peu loin l'optimisme ! Notre communauté Stic serait plutôt inquiète des maigres budgets affectés à la recherche, sinon de sa récurrente difficulté à se définir dans l'univers des sciences ...
P.N. Si, moi, je ne croyais plus au Père Noël, où irions nous ? En fait, la communauté Stic n'a pas tant à se plaindre de 2004. Elle peut marquer d'une pierre blanche au moins deux événements positifs.
Le premier est la reconnaissance des Stic comme partie du "socle commun" que tous doivent acquérir pendant leurs années d'école. Certes la formule employée ("La maîtrise des techniques usuelles de l’information et de la communication") a ses limites. Elle ne reconnaît pas les Stic ni même l'informatique comme une science. On peut craindre qu'elle ne se réduise à "cliquer" ou, pire encore pour les partisans du "libre", à manipuler les logiciels d'un grand éditeur américain... Mais tout de même, il n'y a guère, quand on se gaussait d'un certain "mulot", qui aurait osé espérer voir l'informatique placée sur le même podium que le français et les mathématiques par les plus hautes instances politiques ?
Le deuxième, oecuménique lui aussi, est l'ouverture du portail Interstices. L'Inria, qui l'a lancé, y associe maintenant le CNRS et l'Asti. De son côté, comme vous l'a expliqué Antoine Petit, dans votre numéro du 29 novembre, le CNRS se restructure pour placer les Stic dans un cadre plus large, par exemple, qui facilitera son ouverture vers l'extérieur.
S.H. Dans cette optique, comment voyez-vous l'avenir de Stic-Hebdo?
P.N. Après quelque 200 numéros depuis sa création en septembre 2000, le moment est venu de repenser l'avenir de cet hebdomadaire pour prendre en compte les évolutions de la communauté Stic mais aussi les progrès technologiques offerts aux médias. De nouvelles techniques coopératives de gestion de contenus, de "syndication" et de mise en réseau de sites indépendants ou de sites "co-marqués" (co-branded) partageant une même architecture sont en train de se mettre au point. Il est clair que les grandes institutions de la communauté Stic ont une forte volonté de communication, et Stic-Hebdo est bien positionné pour compléter et prolonger les actions qu'elles ont lancées.
Cela conduira sans doute à la création de structures juridiques appropriées. On pourrait prolonger la forme actuelle, presque virtuelle a force d'être associative et bénévole, en y attirant de nouveaux acteurs. On pourrait mettre à profit le "papy boom" qui va rendre disponibles, ces prochaines années, de jeunes retraités compétents et plein d'entrain. Cette solution a l'avantage de la quasi-gratuité et du travail pour le plaisir. Mais elle a ses limites : fragilité, effort financier personnel non négligeable. Pourquoi ne pas chercher à créer de l'emploi en transformant un média maintenant bien implanté, mais aux performances modestes, en une véritable entreprise qui pourrait porter des ambitions plus jeunes ?
Les bonnes solutions devraient combiner ces deux approches, avec un modèle d'affaires qui conjuguerait les différentes modalités économiques et institutionnelles. Cela a d'ailleurs toujours été plus ou moins le cas de la presse, avec ses entreprises de type libéral (mais subventionnées par différents moyens fiscaux et postaux), avec sa double clientèle de lecteurs et d'annonceurs.
J'espère donc que vous allez rapidement progresser dans cette voie, et que vous pourrez en présenter les premiers résultats en octobre prochain, à Asti 2005, dans ce cadre, oecuménique lui aussi, que la communauté clermontoise offre à l'Asti pour la deuxième grande réunion de son histoire.
S.H. : Message entendu. Tous les avis seront les bienvenus sur notre courriel.
Le congrès devrait tenir sa première édition au début de l'été 2006. Il sera présidé par Willy Zwaenepoel... qui est en recherche d'un lieu d'accueil et d'un comité d'organisation
Par ailleurs, l'ambassade de Tunisie à Paris vient d'organiser un séminaire intitulé :"Les associations franco-tunisiennes et la société de l'information" auquel ont pris part plusieurs présidents et membres d'associations franco-tunisiennes, ainsi que les représentants de la communauté tunisienne dans la région parisienne.
Au cours de ce séminaire, organisé dans le cadre d'une série d'activités programmées par l'ambassade et visant à améliorer l'action du tissu associatif tunisien en France, ont été données deux communications. La première a porté sur le prochain Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI), prévu à Tunis, du 16 au 18 novembre 2005, et les moyens d'assurer une participation active du tissu associatif à ses travaux. La deuxième s'est intéressée aux procédés techniques permettant aux associations, qui n'en disposent pas encore, de créer leurs propres sites internet.
Les travaux de ce séminaire ont permis d'améliorer la perception de ces thèmes par les différentes associations présentes qui ont exprimé leur disposition à oeuvrer à une participation active aux travaux de ce sommet et à accorder davantage d'importance à leur présence sur le réseau Internet pour promouvoir davantage l'image de la Tunisie en France. La source.
Le numéro du 17 décembre du Monde informatique consacre 27 pages à la présentation de 200 mots-clés de l'informatique d'aujourd'hui. Ils sont accompagnés de notices explicative, tantôt brèves, tantôt substantielles. Commentaire du rédacteur en chef Reynald Fléchaux : "... la plupart des mots-clés qui seront, en 2005, sous les feux de l'actualité cachent en réalité des techniques ou des approches conceptuelles déjà bien connues. Ces replâtrages marketing incessants créent un rideau de fumée qui nuit à la clarté des débats. C'est que le milieu, sous l'impulsion des fournisseurs, possède une capacité réelle à enrichir en permanence son jargon, la lingua franca des informaticiens. Au point de faire éclater cette dernière en de multiples sous-ensembles disjoints : le vocabulaire des spécialistes de l'applicatif ne rejoingnant pas forcément celui des ingénieurs réseau par exemple".
Stic-Hebdo a toujours été conscient de ces problèmes, et contribue lui aussi à y apporter des réponses. En 2002, il a organisé, dans le cadre de l'Asti, une journée "Stic, de quoi parlons nous ? Comment en parler" (Actes complets sur ce site). Ensuite en mettant à jour chaque semaine son dictionnaire à partir de l'actualité. Enfin, en enrichissant ce dernier de références historiques et, tout récemment, en complétant sa bibliographie. Celle-ci vise aujourd'hui l'exhaustivité pour ce qui concerne les livres publiés en français sur l'informatique et plus généralement les Stic. Voir par exemple Système d'information. Bien entendu, cette exhaustivité souffre encore d'erreurs et de lacunes, et nous serons reconnaissants à nos lecteurs de les signaler à la rédaction.
- Contexte. L'environnement de la lutte informatique, tant en France qu'à l'étranger, sous des angles politiques, juridiques, culturels, économiques et stratégiques. En effet, la lutte informatique ne se limite pas à de simples "exploits" techniques, mais constitue bien une discipline critique et complexe. Mots clés : guerre de l'information, législation, impacts et enjeux.
- Techniques de lutte informatique. Les problèmes
de sécurité informatique relèvent largement de questions
techniques et scientifiques. Si ces aspects ne sont pas
parfaitement maîtrisés, les autres considérations (juridiques,
organisationnelles, etc.) sont pratiquement inutiles. Afin de bien appréhender
les réelles possibilités en lutte informatique, cette session
portera donc sur les techniques, outils et méthodes employés à
cette fin. Mots clés : intrusion, systèmes et réseaux,
outils et techniques.
- Post-intrusions. La gestion d'une crise liée à une intrusion s'avère souvent complexe, surtout lorsqu'une telle éventualité n'a pas été anticipée. Nous aborderons les sujets tels que la tolérance aux intrusions, de l'analyse post-mortem, ou encore les enquêtes post-intrusion. Mots clés : forensics, enquête, gestion de crise.
Les soumissions doivent être en rapport avec ces thèmes. Toutefois, les sujets connexes ou non techniques seront également examinés avec intérêt. N'hésitez pas à contacter le Comité de Programme (CP) en cas de doute. Date limite de soumission : Vendredi 14 Janvier 2005. Contact Robert Longeon, chargé de mission à la Sécurité des systèmes d'information, Direction générale du CNRS - fonctionnaire de Défense. Téléphone 01 69 35 84 87.
Le Forum des droits sur l'Internet a rendu une recommandation sur le télétravail, commandée par le ministre des Affaires sociales en juillet 2003. Pour le FDI, une nouvelle loi ou la création d'un statut social spécial ne s'imposent pas. Il préconise plutôt des clarifications dans le contrat de travail. A cette occasion, des chiffres sur le télétravail en France ont été présentés pour la première fois. Selon 0.1. Net.
Du 15 au 18 décembre, au Monaco Dance Forum, chercheurs, philosophes et artistes ont expérimenté l'interaction du vivant et de l'informatique. Article de Rosita Boisseau dans Le Monde du 14 décembre.
Consultez le site des associations fondatrices de l'Asti, où vous trouverez les manifestations qu'elles organisent.
Pour les manifestations TIC en rapport avec l'enseignement et la formation, consulter le site Educnet.
Jean Grisel nous signale cette citation de Denis Diderot, passée dans un récent numéro de sa Lettre de Diffusion Paris 7 :
"Voilà donc une de mes lettres perdues ! Et qui sait ce qu'il y a dans cette lettre, en quelles mains elle est tombée ? et l'usage qu'on en fera ? Comus ne perfectionnera-t-il pas son secret ? Ce Comus est un charlatan du rempart, qui tourne l'esprit à tous nos philosophes, et son secret consiste à établir de la correspondance, d'une chambre à une autre, entre deux personnes, sans le concours sensible d'aucun agent intermédiaire. Si cet homme-là étendait la correspondance d'une ville à une autre, d'un endroit à quelques centaines de lieues de cet endroit, la jolie chose ! Il ne s'agirait plus que d'avoir chacun sa boîte. Ces boites seraient comme deux petites imprimeries où tout ce qui s'imprimerait dans l'une, subitement s'imprimerait dans l'autre. " A Sophie Volland, le 28 juillet 1762
L'équipe de Stic-Hebdo : Directeur de la publication : Jean-Paul Haton. Rédacteur en chef : Pierre Berger. Secrétaire général de la rédaction : François Louis Nicolet, Collaborateurs : Mireille Boris, Claire Rémy et Armand Berger. Stic-Hebdo est hébergé par le LRI et diffusé par l'Inist.