Hebdo No 124. 8 septembre 2003

Sommaire : Trois questions à Corinne Cauvet (Inforsid) |Actualités de la semaine | Mots et concepts | Enseignement | Entreprises | Manifestations | Bibliographie | Détente



"Notre association a toujours eu pour principal objectif d'aider les jeunes chercheurs à diffuser leurs travaux de recherche, à échanger leurs idées avec les autres chercheurs et à s'intégrer dans la communauté scientifiques."

Trois questions à Corine Cauvet

Présidente d' Inforsid

Asti-hebdo : Quel est le thème central d'activité de votre association ?

Corine Cauvet : Inforsid est une association type loi de 1901. Elle a été créée avec comme objectif prioritaire de regrouper un ensemble de chercheurs et aussi d'industriels dans le domaine des systèmes d'information. L'essentiel de nos actions s'organisent autour de notre congrès annuel, qui a eu lieu cette année à Nancy, du 23 au 25 mai. Nous avons réuni une centaine de participants. C'est un peu moins que d'habitude (entre 100 et 130), mais il faut dire que les grèves nous ont beaucoup gênés.

Nous avons chaque année quelque 70 propositions d'interventions et nous en retenons entre 23 et 25. Les articles peuvent être du type "jeune chercheur" et, dans ce cas, les membres du comité de programme en charge de les évaluer peuvent aider les auteurs à les améliorer jusqu'à une version acceptable pour la publication dans les actes.

Le congrès est précédé par une journée de cours. Les personnes qui assurent ces cours sont en général choisies dans la communauté locale qui héberge le congrès. Cette année, la journée a été organisée autour de quatre tutoriaux sur les thèmes suivants :
- de la technologie bases de données à la technologie web,
- vers la gestion des services web,
- extraction et gestion de connaissance
- le web et le workflow.

Tous les deux ans, durant le congrès, nous consacrons une journée aux jeunes chercheurs. Il s'agit de demander aux étudiants inscrits en thèse depuis deux ou trois ans de présenter, en trois minutes, leur sujet de thèse. Pour eux, c'est l'occasion de présenter leur première intervention, dans le cadre de la préparation de leur thèse. Notre association a toujours eu pour objectif d'aider les jeunes chercheurs à diffuser leurs travaux de recherche, à échanger des idées avec les autres chercheurs et à s'intégrer dans la communauté scientifique.

Par ailleurs, cette journée permet de dresser une sorte de carte des recherches dans le domaine des systèmes d'information. Il n'y avait pas de telle journée cette année à Nancy. Il y en aura une l'an prochain, à notre congrès de Biarritz. C'est une formule que nous avons lancée il y a cinq ans et nous y tenons beaucoup. Quant aux industriels, ils viennent surtout pour la journée de cours (tutoriaux), mais en général restent avec nous pour le reste du congrès.

Depuis deux ans, des ateliers (workshops) sont organisés en parallèle avec le congrès. Cette année, deux ateliers ont été proposé, sur les thèmes suivants :
- objets, composants et modèles dans l'ingénierie des SI,
- recherche d'information, un nouveau passage à l'échelle.

Les propositions d'ateliers sont de plus en plus nombreuses et nous conduisent, à partir de l'année prochaine, à diffuser un véritable "appel à workshops" en même temps que l'appel à soumissions.

Les meilleurs articles du congrès sont publiés dans la revue ISI (Ingénierie des systèmes d'information), édité par Hermès. Nous avons mis aussi en place des Actes électroniques, avec l'aide des élèves de l'Insa de Lyon. Le site est hébergé à Lyon.

Par ailleurs l'association apporte un soutien financier à d'autres congrès dont le thème est lié aux systèmes d'information : EGC (extraction et gestion de connaissances), BDA (bases de données avancées), OIS (Object information systems)...

A.H. : Quels points nouveaux se sont dégagés cette année à votre congrès ?

C.C. : Les systèmes d'information sont bien sûr toujours le thème central. Les contributions les plus nombreuses concernent toujours la conception et la modélisation de systèmes d'information. Autour de cette problématique, il y a eu cette année de nombreuses contributions
- d'une part sur la conception orientée objet et UML,
- d'autre part sur la conception par réutilisation.

L'idée de développer un système d'information par réutilisation de composants existants est une idée séduisante. Elle reste difficile aujourd'hui encore à mettre en oeuvre. Mais il y a des solutions qui commencent à émerger. La réutilisation ne soulève pas seulement des questions techniques ou économiques. Elle pose aussi des problèmes sociaux, appelle à de nouveaux types de raisonnement. Vouloir mettre des composants à la disposition d'une communauté, vouloir réutiliser des composants que l'on n'a pas produit soi-même... cela pose des problèmes qu'il faudra bien résoudre pour le futur.

Cependant nous avons surtout traité des aspects techniques : qu'est-ce qu'un composant dans une bibliothèque ? comment le représenter au niveau conceptuel et au niveau technique ? quels sont les processus de recherche mis en oeuvre pour rechercher des composants ? Voilà des problématiques qui sont abordées dans les présentations. Quant aux produits commerciaux de type ERP, il font beaucoup de publicité, jusque sur les taxis parisiens, mais c'est une approche dont on commence à mesurer les limites. Même les entreprises qui ont mis en oeuvre ces outils n'en sont pas toujours complètement satisfaites, il me semble.

L'approche objet est très présente aujourd'hui dans la conception des systèmes d'information avec UML. Et pourtant les principes de base des méthodes élaborées au cours des années 1980, comme Merise ou Remora, restent totalement vrais aujourd'hui. Les niveaux d'abstraction préconisés par ces méthodes pour conduire le développement d'un système d'information restent essentiels, même si l'on utilise une approche comme UML. Les nouveaux environnements (de type Visual par exemple) ne changent pas grand chose sur le fond, et font d'ailleurs l'objet de peu de contributions à nos congrès. Les intervenants donnent de temps en temps, sur la fin de leur prestation, quelques précisions sur leurs méthodes et outils d'implémentation. Mais les "outils Case", dont on parlait tant il y a quelques années, ne sont plus vraiment dans nos thèmes.

La recherche d'information a été cette année le deuxième thème, en nombre de contributions présentées. Il y a eu aussi beaucoup de présentations sur l'ingénierie de documents, avec tout l'aspect recherche d'information dans les documents et sur le web. Dans ce même domaine, il faut noter aussi la montée des ontologies (pour faire de la recherche documentaire, pour la classification des documents). Les thèmes des bases de données multidimensionnelles, des systèmes d'information géographique et de la sécurité sont toujours représentés.

A.H. : Quels type d'enseignants et chercheurs se retrouvent principalement dans votre association ?

C.C. : Les participants à nos congrès et, plus généralement, les membres de notre association sont en majorité des enseignants-chercheurs d'universités et laboratoires français. Viennent aussi quelques étudiants des Miage et des DESS et DEA qui ont une composante systèmes d'information. Les gros laboratoires sont bien représentés et la recherche en systèmes d'information y est importante.

Il en est ainsi depuis la création de l'association en 1981, qui donnait forme juridique à un groupe de travail fondé en 1973 dans le cadre de l'Inria. Les systèmes d'information restent un domaine de recherche important et les formations universitaires centrées sur ce thème ont beaucoup de succès. Je pense en particulier à la vingtaine de Miages en France, qui accueillent chaque année plus de 3000 étudiants. Actuellement, une évolution de la filière Miage est proposée dans le cadre de la réforme universitaire du LMD.

Au niveau de la recherche, de nombreux DEA ont des options de spécialité en systèmes d'information. Les laboratoires les couplent souvent avec l'IA, et surtout la représentation de connaissances, avec les bases de données ou encore la gestion des organisations. C'est d'ailleurs une idée force de notre communauté, qui a toujours favorisé les échanges avec d'autres domaines en ouvrant largement les thèmes du congrès vers, par exemple, l'ingénierie des connaissances et les bases de données.

Quant à l'industrie, nos relations avec le Cigref sont actives surtout à travers les filières Miage, qui ont une finalité professionnelle et nous mettent donc en relation avec de nombreux professionnels.

Concluons sur une caractéristique humaine de notre association : nous avons fêté cette année le départ en retraite d'Odile Foucault-Thierry, qui a été très active au sein de l'association. Les femmes ont toujours eu un rôle important dans notre communauté; c'est par exemple Colette Rolland qui a organisé, en 1976 à Pont-à-Mousson, la première manifestation Inforsid et actuellement, en fait... le bureau est exclusivement féminin.

Propos recueillis par Pierre Berger


Actualité de la semaine

Brainlab participe à la Fête de la science

Ultime réalisation de la Brainlab, BrainSuite, le bloc opératoire neurochirurgical entièrement intégré, a été réalisé en partenariat avec Siemens medical solutions. Ce produit intègre un système de navigation VectorVision sky, une IRM per-opératoire Magnetom de Siemens, une technologie innovatrice de gestion et de visualisation de l'imagerie avec un mur-écran extrêmement large (4,0mx1,1m). Ce mur de visualisation de la chirurgie affiche sur de grandes fenêtres des données multimédia de transmission en continu, telles qu'images diagnostiques, vidéos, vues issues de la navigation, sous un format intuitif facilitant la prise de décision durant l'intervention chirurgicale. M.B.

La société participe à la Fête de la Science organisée à l'initiative du ministre délégué à la Recherche et aux nouvelles technologies du 13 au 19 octobre 2003.

Nous avions inteviewé Stéphane Vilsmeier, président de la société, dans notre numéro 63. Mireille Boris consacre à son entreprise, dans ce numéro, un dossier détaillé.


Mots et concepts

Dictionnaires

De nouveaux termes sont parus en juin au Journal Officiel (voir l'interview de Philippe Renard dans notre denier numéro. La rentrée a vu la parution des nouvelles édition du Larousse et du Robert. On trouvera une présentation des nouveaux mots concernant les Stic dans 01Net.

A noter, en particulier : fracture numérique, porte-monnaie électronique, badgeuses, barres d'outils, toners, désinstaller , décompresser , défragmenter, crash de disque dur, pourriel .

Sablinateur

Celui-là n'est pas dans le dictionnaire, mais est suggéré par Ludovic Meynadier (responsable Internet www.Lavoisier.fr) pour désigner les châteaux de sable ordinatomorphes du type présenté en tête de notre numéro 122 (juste avant les vacances).


Enseignement

Stic, enseignement, normes

Un séminaire "normes et standards pour les activités numériques dans l'enseignement" se tiendra à Lyon les 9 et 10 octobre. Renseignements.


La recherche en pratique

Mobilité des chercheurs

Le CNRS (mél du web SG) indique qu'un nouveau portail facilite désormais la mobilité des chercheurs en Europe. Les candidats à la mobilité y trouveront les ressources et les services utiles en matière de bourses, offres d'emploi, opportunités de recherche, banque de CV, informations pratiques sur les pays européens, forum de discussion... Ce portail est uniquement disponible en anglais.

La TVA concerne aussi les laboratoires de recherche !

L'Amue organise dans six villes en France une formation sur la TVA (Taxe sur la Valeur Ajoutée) à destination des personnels chargés de gestion financière . Le programme.


Entreprises

 

Développement de l'administration électronique

À l'occasion du conseil des ministres de la rentrée, Henri Plagnol, secrétaire d'État à la Réforme de l'État, a présenté une communication relative au développement de l'administration électronique. Cette nouvelle étape cherche à promouvoir “le passage d'un traitement anonyme des demandes formulées en ligne par les usagers à un traitement individualisé, centré sur la qualité et une relation privilégiée avec les services publics.” Un plan stratégique de développement est annoncé pour l'automne prochain. Le document


Manifestations

Manifestations des associations fondatrices de l'Asti

- Afia
- Afig
- Afihm
- ASF - ACM Sigops
- Atala
- Atief
- Cigref
- Creis
- GRCE
- Gutenberg
- Inforsid
- Specif


Le livre de la semaine

Une machine pensante, y pensez-vous !

Les grands mots font de moins en moins peur. L'intelligence (artificielle) s'est banalisée tout en assumant ses limites. Les émotions se vendent dans le grand public avec les robots de compagnie japonais (étudiées notamment par le laboratoire Sony de Paris). On ose maintenant imaginer de faire parler les machines, puisqu'Alain Cardon vient de publier Modéliser et concevoir une machine pensante, et enfonce le clou dans son sous-titre : Approche constructible de la conscience artificielle. Il faut dire que l'éditeur est sur-mesure, puisqu'il s'agit de Automates intelligents.

L'auteur n'en est pas à son coup d'essai sur le sujet. Après des publications techniques chez Eyrolles (Introduction à l'algorithmique et à la programmation, avec Christian Charras, Ellipses 1996 et Initiation à l'algorithmique objet, avec Christophe Dabancourt, Eyrolles 2001), il avait publié Conscience artificielle et systèmes adaptatifs (Eyrolles 2000). Et il va poursuivre cette année avec Entre science et intuition, la conscience artificielle (avec Jean-Paul Baquiast) et L'approche constructiviste de la complexité organisée (ces deux ouvrages sont édités par Automates intelligents).

Dans l'ouvrage que nous annonçons ici, ce spécialiste de l'algorithmique ne se situe pas au niveau de la programmation. On peut même s'étonner qu'il ne parle pas (ou alors, très discrètement) de récursivité, par exemple. Mais c'est qu'il se situe à un niveau plus élevé de modélisation. On sent qu'il recherche essentiellement un point de convergence entre l'algorithmique, les neurosciences, la psychologie et la philosophie.

Bref, les machines pensantes ne sont pas encore tout à fait parmi nous. Mais elles commencent à frapper à la porte : elles sont "constructibles". Alain Cardon et ses amis ne convaincront pas tout le monde tout de suite. Mais il ne sont pas seuls à s'écarter résolument de ceux qui veulent dresser une frontière étanche entre homme et machine. P.B.


Détente

Antivirus ou bonnet d'âne ?

Le document que nous avons reçu fait à l'origine référence à des membres d'un pays ami. D'autres auraient pu penser aux "blondes", voire à une "busherie"... Nous préférons imaginer que cet antivirus, à l'efficacité prouvée dans certaines... configurations, a été imaginé par Rocco Siffredi, héros bien connu d'une catégorie de films réservée (sur la télévision) aux fins de soirée.


L'équipe ASTI-HEBDO : Directeur de la publication : Jean-Paul Haton. Rédacteur en chef : Pierre Berger. Secrétaire général de la rédaction : François Louis Nicolet, Chefs de rubrique : Mireille Boris, Claire Rémy et Armand Berger. Asti-Hebdo est diffusé par l'Inist.