La saisie des données
Saisir des données, jusqu'à un passé très récent, et aujourd'hui encore dans une large mesure, c'était perforer des cartes. De Babbage à 1967, en passant par les apports décisifs de Hollerith, la carte était pratiquement sans concurrence, à l'exception peut-être de la bande perforée, qu marqua des points et conserve quelques positions dans des domaines particuliers (calcul scientifique, commande numérique).
Depuis quelques années, on saisit les données sur bande magnétique, ce qui évite par la suite une retranscription sur un support plus rapide que la carte, et permet d'assouplir le travail de la perforatrice. On est d'abord reste très près de la saisie sur cartes: blocs de 80 caractères correspondant à ses 80 colonnes, poste de travail autonome. On commence aujourd'hui d'exploiter de nouvelles possibilités, en demandant à un petit calculateur d'assister la perforatrice dans son travail, ou plus exactement plusieurs perforatrices, puisqu'il est techniquement possible et économiquemnet important de connecter plusieurs claviers -plusieurs postes de travail- à un même système comportant un petit calculateur et une unité de disques, qui servira ensuite à préparer les bandes magnétiqeus destinées à l'ordinateur.
Baptisés "multiclaviers", ces systèmes constituent indubitablement un progrès par les possibilités nouvelles qu'ils ont donné à la saisie. Ce n'en est pas moins un rameau sans avenir dans l'évolution des systèmes informatiques, et ce pour quatre raisons.
Les besoins croissants de contrôle sont la première raison. Plus les données, en effet, deviennent nombreuses, complexes (ce qui s'exprime ici par la longueur des "articles", c'est à dire des bocs de données saisies), et précieuses puisque la gestion intégrée exige qu'elles ne soient saisies qu'une fois, plus leur qualité devient importante; mieux donc elles doivent être contrôlées.
Avec la carte perforée, les seuls contrôles possibles, en pratique, étaient de saisir l'information une deuxième fois, et de comparer les deux saisies, en rectifiant (c'est à dire en perforant une nouvelle carte) chaque fois qu'une différence était notée. Avec la bande magnétique et les multiples claviers, de nouveaux contrôles deviennent possibles: calcul de clés (on fait par exemple figurer avec un numéro le reste de sa division par un nombre premier; le système recalcule ce reste à chaque fois et signale une erreur s'il y a non coïncidence. En choisissant bien le diviseur, les erreurs les plus courantes sont détectées), contrôle de formats (telle zone a telle longueur, doit contenir uniquement des chiffres...), contrôles par totalisation (le total d'un ensemble d'articles, préalablement obtenu avec une additionneuse, est recalculé par le système et comparé au total frappé).
Ne pouvant contrôler que la cohérence intrinsèque de chaque bloc d'information saisie, ces vérifications se révèlent de plus en plus insuffisantes. Dès qu'on reprendra les bandes obtenues pour les utiliser dans le système informatique, par exemple pour mettre à jour un fichier, on détectera un nombre assez important d'erreurs (ou simplement de difficultés): l'objet commandé n'est plus disponible ou n'a jamais existé dans les nomenclatures, le voyage aérien demandé a été reporté à une date ultérieure, etc. Un contrôle authentique et vraiment efficace exige donc la comparaison de l'information saisie avec les fichiers centraux du système. Par conséquent, tout mode de saisie qui ne permet pas l'acccès directement et imméditement aux fichiers principaux est donc condamné à terme. Et c'est notamment le cas des systèmes multiclaviers.
Deuxième point: la tendance à saisir l'information au plus près de sa source. C'est à dire aux guichets, aux caisses, sur les buraux même où s'effectuent les transactions, et pra les personnes même qui les effecgtuent, qu'il s'agisse des représentatnts de la société ou de ses interlocuteurs. Cela suppose d'une part que les postes de saisie soient géographiquement dispersés, et non groupés en "ateliers de perforation", pardon "de saixie". Cela suppose aussi que la saisie est effectuée par un personnel dont la spécilaité n'a rien à voir avec l'informtique, voire avec l'entreprise, si c'est le client même qui dialogue. La saisie doit donc êtr facile, s'effectuer dans un langage "naturel", c'est à dire très différent des codes classiques, comporter des contrôles abondants et des procédures de rectification de tous ordres pour pallier l'incompétence, voire la malveillance de l'interlocuteur. Seul le recours aux systèmes conversationnels avec appel des systèmes centrux permet de répondre à ces impératifs.
C'est peut-être ici le lieu de noter que, vus de l'extérieur, les systèmes en temps réel apparaissent comme considérablement plus simles, plus naturels, que les systèmes classiques introduisant des phases "contre nature" de mise en lots (batching) et de codage dans les procédures même les plus élémentaires.
Enfin, troisième point, la réponse immédiate est parfois exigée par les systèmes de pointe, par ce prestigieux "temps réel" dont tout le monde parle sans que personne puisse en donner une définition satisfaisante. On n'a pas manqué de relever que des secteurs -au demeurant gros consommateurs d'informatique- comme la banque ou l'assurance, ne peuvent dans bien des cas prétendre au temps réel, quelle que soit la puissance de leursmatériels. Leurs opérations elles-mêmes s'effectuent par nature en temps différé: le règlemnet d'un sinistre exige une expertise, et un chèque peut rester plusieurs jours dans la poche de son bénéficiaire.
Il n'en reste pas moins que nombre d'applications appellent très logiquement le temps réel: réservation de places, de chambres, documentation automatisée... si le traitement par lots appraît à un moment donné comme la seule solution économiquement raisonnable, il n'en reste pas moins une contrainte subie à contre-coeur.
Quatrième et dernier point: saisir une information est bien. Encore est-il souhaitable d'actualiser son effet. Si je réserve une place d'avion, ce qui importe n'est pas seulemnet d'avoir consulté un fichier pour savoir s'il y a une place eisponible, mais d'avoir effectivement réservé une place. Cette actualisation n'est possible que si le système central a définitivement
enregistré ma commande.
Toutes ces raisons condamnent aussi, à terme, un mode de saisie actuellement fort à la mode: la lecture optique. Après de longues et pénibles années de mise au point, elle semble maintenant fonctionner de manière satisfaisante et permettre la lecture, à des cadences très rpides, de documents imprimés (la lecture de manuscrits restant une possibilité théorique et très difficile à mettre en oeuvre). La lecture optique peut être considérée comme un des sommets de la mesure ou de la saisie des données. Mais le coût très élevé des matériels nécessaires et la logique même de la lecture optique (qui pousse aux travaux par lots) s'opposent à son emploi en mode conversationnel, et semble devoir la limiter définitivemnet à un certain nombre d'applications spécifiques.
(Note 92. Je poserais aujourd'hui le problème différemment, la lecture optique étant un cas particulier de vision par la machine).
Finalement, la saisie se présente comme un des grands versants des systèmles informatiques: leur interface avec l'homme, entrées et sorties intégréds dans la notion de plus en plus commune de transaction. >
Les télécommunications
S'il fallait assurer les communications téléphoniques des Etats-Unis avec les standards manuels d'autrefois, a-t-on dit, toute les jeunes filles américaines de 15 à 25 ans devraient y être affectées, et elles ne suffiraient déjà plus à la tâche. Les télécommunications ne peuvent se passer de l'automatisme, c'est à dire aujourd'hui de l'électronique. Le fait qu'IBM ait commercialisé un autocommutateur est d'ailleurs suffisamment significatif.
(Note 92. Il est a cette date frappant qu'IBM n'a pas réellement réussi à s'implanter sur le marché des télécommunciations, et qu'ATT a beaucoup de mal, malgré Unix et NCR. Mais si la montée vers les services se poursuit, la distinction peut devenir secondaire).
Parallèlement, les transmissions de données deviennent un client important (encore que loin d'être majoritaire dansl'avenir prévisible) des télécommunications. L'informatique est naturellement orientée vers le temps réel, mais aussi vers l'espace réel.
Ici, d'ailleurs, la convergence entre deux grands domaines technologiques est tel qu'on aura bientôt quelque difficulté à les distinguer, et que les PTT se demandent s'il sne doivent pas devenir fournisseurs d'informatiqeu pendant que les informaticiens envisageraient aisément de fournir des communications, pour peu que le monopole étatique soit quelque peu levé. Ce qui pourrait être bientôt fait.
(* C'estce qui s'est fait en partie avec la télématique et le minitel. Mais on est reveu à des schémas plus traditionnels. En 2011, les opérateurs de télécommunications restent centrés sur leur rôle. Mais les services sur le web éclipsent tout le reste.)
Convergence commerciale appuyée sur la convergence technique: toutes les transmissions seront numérisées d'ici à 1980, dans le cadre du réseau Hermès, et même le bon vieux téléphone s'y pliera, par le biais du système MIC, dont le principe même à quelque chose de délirant.
Dans la période transitoire, diverses solutions seront adoptées. La téléinformatique se contente de demi-solutions comme la transmission de données off-line, ou le remote-batch, pendant que les centraux deviennent électroniques sans tirer tout le parti qu'apporteront les techniques informatiques dans les réseaux de l'avenir.
Cette suppression de l'espace et du temps, cela revient surtout à essayer d'en faire un usage optimal. Dans la vie complexe d'aujourd'hui, tout s'enchevêtre. Si je n'ai pas d'avion disponible pour aller demain régler ce conrat à Londres, je pourrais peut-être prendre tout de suite ces deux jours de congé qui me restent de l'année dernkère. Et Annette pourrait me rejoindre à Courchevel. Mais cela suppose que la réunion avec Dupont ne se termine pas trop tard, donc que j'aie remis à plus tard la rencontre avec Durand qui risquerait d'allonger la discussion, et qu ela situation financière de la filiale de Noyaon soit disponible à temps... Si tout va bien, si les différentes communications nécessaires s'établissent sans délai, ej pourrai, enfin, prendre ces deux jours bien mérités.
A la limite, dira-t-on, que se passerait-il si tout était partout au même moment, et que chaque actino soit immédiatement suivie de toutes ses conséquences? La réponse, sans doute, est que les rythmes déterminants, alors, deviendront les rythmes naturels, et surtout des hommes eux-mêmes: il faut bien dormir,
La convergence des informatiques
De nombreux observateurs ont noté le caractère parfois artificiel des distinctions entre informatiques: scientifique, industrielle et de gestion.
L'informatique scientifique, par la puissance des appareils qu'elle est conduite à piloter en temps réel pour en acquérir les données, rejoint l'informatique industrielle.
L'informatique de gestion, à s'approcher à grands pas de la gestion de production, rejoint l'informatique industrielle. Utilisatnt les méthodes mathématiques de la recherche opérationnelle et de la simulation, elle rejoint ol'informtique scientifique.
Des distinctions demeurent. Le calculateur de gestion peut être muni de gros fichiers sur bande et disques. Le calculateur industriel résiste à un environnement difficile et les nécessités du temps réel conduisent à le munir de strucdtures de canaux de de niveaux d'interruption étoffés. Le calculateur scientifique didspose d'un jeu d'instructions plus complet et d'opérateurs spécifiques très performants sur certines opérations.
Mais, en pratique, la distinction s'estompel surtout au niveau des grands systèmes.
Tous les sysèmes se prêtent progressivement de mieux en mieux à une schématisation comme la suivante:
(icono)???
Les distinctions pourraietn être quantifiées, par le nombre des données, la complexité dse procédures, et surtout peut-être par des paramètres temporels. En simplifiant (outrageusemnet), on pourrait dire que l'industriel travaille en millisecones, le gestino en semaines et le scientifique pour l'éternité. Ou en nombre des objets pilotés: le calcul indsutriel s'adresse à un processeur particulier, la gestion à des groupes spécifiques de personnes ou de biens, la scientifique à la totalité des objets existants et posibles désignés par ses concpets.
Voir page suivante une schématisation possible d'un système informatique total
(mon grand schéma avec moi en central).
Convergence et antisystème (II)
Cette immense convergence, dont les systèmes inforamtique sont à la fois le moyen et l'expression privilégiée, trouvera les raisons et les rcines dans une recheche d'une plus grande efficacité, d'une plus grande fonction L.
Ce n'est pas par métaphysique que les informaticiens ont prôné la gestion intégrée. C'est parce qu'il est fort coûteux de saisir deux fois la même information, de la traiter deux fois, de conserver des fichiers redondants.
Il y a, bien sûr,les fameuses économies d'échelle, et la loi de Grosh.
La convergence, étudiée au niveau macroscopique et qui, dans une certaine mesure, s'inscrit dans des perspectives finalistes, doit avoir son explication au niveau causal, atomiste. De même que l'évolutionnisme ne se peut vraiment fonder tant que l'on n'a pas trouvé, au niveau de la reproduction cellulaire, les mécanismes qui le permettent.
La convergence que l'on observe à tous les niveaux apparaît donc tant à partir de l'atome qu'au niveau de l'univers entier. Et parce qu'il y a une tendance vers les systèmes plus libres.
Il faut noter l'importance du phénomène de conscience dans ce mouvement. Grâce à elle, il est possible à l'homme de faire croitre sa fonction L par participation: je cours plus vite en regardant les athlètes, je conquiers l'univers avec les astronomes, et tout cela peut s'exprimer en termes de L. En
m'unissant à l'univers entier, mon L croit fantastiquement.
Mais, tout à la fois, apparaît une résistance à cette convergence. A tous les niveaux, la fusion s'arrête après un certain point. Au delà, elle est trop coûteuse.
Au plan nucléaire, le défaut de masse est maximum en une position "médiane" du tableau de Mendéléieff. les noyaux trop gros sont de plus en plus instables.
Au plan informatique, les systèmes géants s'enlisent. ilsexigent des énergies et des dépenses considérables pour survivre.Cependant, des progrès se réalisent progressivemnet et lesgigantismes sans lendemain sont dépassés par l'évolution desystème splus petits. On a parlé récemment d'un mini-calculateurde 256 K mots... Faute de pouvoir faire croître utilement sa puissnce brute, l'ordinateur grandit en se faisant plus complexe:il avait une mémoire (pour ne prendre qu'un seul exemple), il nea maintenant un grand nombre de niveux: registres, antémémoire,mémoire centrale proprement dite, mémoire de contrôlerechargeable ou non, mémoire virtuelle sur disques, mémoire demasse sur disques de grande capacité. Soit six niveaux.
Il en va de même pour la gestion intégrée. Au delà d'uncertain point, des résistances considérables freinent ledéveloppement et l'efficacité subit le poids des "fraisgénéraux", d'"overheads" considérabls.
En termes de L, cela revient à dire qu'à partir d'un certainmoment, la croissance permise à la fois par une sécurité accrueet par la richesse évolutive du grand système auquel onappartient se trouve finalement annulée par les contraintes à alfois sur le nombre d'états possibles et sur l'indifférence vis àvis d'eux. On est redevenu esclave.
Il faut donc lutter contre le système, qui devienttotalitariste. Mais, en luttant seul, l'individualiste renforcela puissance de la macro-structure. Non seulement il resteimpuissant, mais il s'insère nécessairement dans des schémasrépétitifs qui favorisent l'action des forces dictatoriales.
(Cette remontée des petits peut avoir une émergence quniveau même du arhdawre. Remres du professeur Lussato sur lamodularité.)
La lutte contre le système exige donc le groupement des forces. Prolétaires de tous les pays unissez vous. Face à uneconvergence prématurée, c'est un devoir que de construire desantisystèmes... avec le côté paradoxal de tout ce qui est anti.
Je dis tout cela en termes littéraires, mais il semgblequ'une formalisation et une quantification seraient possibles.
Il va de soi que cette lutte se retrouve au niveauthéologiques. La nécessité de constuire des systèmes est expriméedans la bible. L'homme est placé dans le jardin pour le cultiver.Le tempsl est le point de convergence vers Dieu de toutl'univers. Dieu donne un syhstème moral: la Loi. Et détaillée! Un système très complet.
Mais cela n'ira pas aussi facilment. L'homme ne peut pass'abriter derrière un système. La lettre tue et l'esprit vivivie.Il faut tout récapituler dans le Christ. Mais le Christ meurt surla croix. Scandale pour les juifs et folie pour les païens. C'estpar la folie du messge qu'il plu de sauver les croyants.