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Droite-gauche, in French

La distinction, qui n'est pas nouvelle, est souvent remise en cause aujourd'hui.

Personnellement, je perçois quatre critères typiques qui différenceient la droite de la gauche.

- L'opposition est un peu manichéenne, certesLes personnes sont plus ou moins marquées de ce point de vue, et il faut aussi distinguer le centre des extrêmes (qui souvent se ressemblent).
- L'opposition est plus dans les discours et les postures que dans les choix d'action et les politiques. . Dans la pratique, pour sa vie personnelle ou dans l'exercice de reponsabilités (notamment politiques), on fait plutôt comme on peut que comme on dit.

1er critère. - A droite, on rêve du bon vieux temps, à gauche, des lendemains qui chantent.
On est donc plutpot conservateur ou intégriste à droite, plutôt progressiste à gauche.
On donc plus naturellement à droite des gens qui ont un patrimoine (donc plus à perdre qu'à gagner au changement) et des personnes âgées, qui n'ont plus tellement de lendemains).

2eme critère. A droite on pense localement, à gauche on pense globalement.

La droite parle donc toujours de fermer, notamment les frontières, elle est réticente sur l'Europe, etc.
Ele considère la recherche d'une démocratie mondiale comme une rêverie.

3eme critère. - A droite, on met en avant le marché, les acteurs privés. A gauche, on met en avant l’Etat, le secteur public.<

Donc, à droite, on pense surtout “liberté”, à gauche “égalité”. Quant à la fraternité,  on la voit plutôt locale à droite (Carit;as prior ad proximos, selon les mots de Thomas d’Aquin), plutôt globale à gauche.
Libertariens.

4. Sur ce même thème, la droite préfère la justice rétributive (à chacun selon ses oeuvres, méritocratie, répression) et la gauche la justice distributive (à chacun selon ses besoins).

5eme critère. A droite, on est indulgent sur le plan économique, à gauche sur le plan sexuel. Mais c'est souvent assez complexe.

Là aussi, le business est plutôt de droite, logiquement (il faut affaiblir l’Etat pour augmenter le pouvoir des patrons)... tout en faisant du business avec le sexe (PMA, GPA, médecine). Dans la bourgeoisie du XIXe (voir des textes de Yourcenar), on considère comme normal que les hommes recourent aux prostituées. Mais une bonne qui se fait engrosse, même par le chef de famille, est licenciée.
Il faudrait voir à gauche, qui ne vaut sans doute pas mieux.

6. A gauche, on est fier de l'être. A droite, on refuse le terme, et on répète qu'il n'y a pas de différence.

Ce critère est peut-être le plus discriminant de tous. Je l'obseve pratiquement sans exception autour de moi.

Pourquuoi ? Parce que le terme "gauche" est naturellement associé à "ouverture", "générosité", progrès, et la groite à fermeture, egoïsme, immobilisme ou retor en arrière. Il ne manque pourtant pas de gens merveilleux à droite, bien plkus généreux, ouverts et dynamiques que bien des gens de gauche. Et bien des gens qui se revendiquent de gauche sont des cyniques sans scrupule.

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Reste à voir

- dans quelle mesure ces différentes caractéristiques sont corrélées, avec des exception
. il y a des gens de droite qui l'affichent (Delsol, avec des précautions d'ailleurs)
. on peut être religieux de gauche (Libération, prêtres ouvriers, Jésus lui-même? ) religion universelle/religion communautariste
- gauche hypocrite/droite cynique... ce sont des attitudes intérieures...
- de gauche nostalgique (de Jaurès, de mai 68)..

Quant on rencontre qqun et qu'on le classe, dans quelle mesure il est "typique"... (tous les caractères)

Est-ce que la distinction est utile/nécessaire.
choix politiques

Plus on s'approche du gouvernement, plus
- il s'agit de choisir des hommes, dont la compétence, l'intégrité.... ne dépendent pas de l'opposition droite-gauche
- il s'agit de gérer des problèmes concrets, des équilibres (on peut avoir une action de droite si on estime que globalement l'ensemble a trop à gauche)


La gauche morale : hégémonique et minoritaire

 

"Certes, il existe toujours un camp politique qui s'appelle «la gauche», quoi qu'il ne soit pas très en forme. Mais il est intellectuellement et idéologiquement moribond: quel référent peut bien désigner un signifiant revendiqué par Najat Vallaud-Belkacem et Jean-Pierre Chevènement, Bernard-Henri Lévy et Emmanuel Todd, Jean-Luc Mélenchon et Michel Sapin ? Le mot «gauche» est devenu une sorte de mantra, un totem qu'on s'arrache en jouant à «plus à gauche que moi tu meurs», d'où la traque permanente des imposteurs et hérétiques qui trahissent la «vraie gauche». Mais le mot «chien» ne mord pas et le mot «gauche» ne crée pas de justice. [...]

Si je m'intéresse à ce que vous appelez la «gauche morale», c'est parce que son pouvoir culturel, et plus encore médiatique, est sans commune mesure avec son poids réel. Le peuple de gauche ou ce qu'il en reste n'aime pas plus que celui de droite les fanfreluches sociétales qui enchantent le bobo de gauche et de droite - qui est conforté par les protestations des ploucs.Hégémonique et minoritaire: la gauche morale a accouché de la gauche rebelle, mot remis au goût du par ces Rendez-vous de l'Histoire de BloisLa rébellion, c'est précisément ce qui reste de la révolution à l'âge de l'individu et de Canal +. Ce qui donne le sentiment de vivre dans un asile de fous, c'est qu'aujourd'hui, le rebelle est au pouvoir. Plus il est minoritaire, plus il se sent légitime pour décider ce qu'il convient de penser, plus il est hargneux avec ceux qui ne pensent pas comme lui. Ce rebelle dominant, oxymore qui rappelle les «anarchistes couronnés» d'Antonin Artaud ou les délicieux «mutins de Panurge» de Philippe Muray (upgradés ensuite en «matons de Panurge)- résume le mensonge dans lequel la gauche est engluée: elle cumule les gratifications de la subversion et le confort de l'institution. Ainsi parvient-elle, en dépit de son discrédit croissant, à rester l'arbitre des élégances morales, décider de quels sujets on peut parler et qui peut en parler. Hégémonique et minoritaire, cela finit par poser un problème démocratique, non? [...]

En réalité, la gauche d'aujourd'hui n'aime pas les pauvres, elle aime l'Autre, et elle l'aime d'autant mieux qu'elle le croise peu.Résultat: abandon de la nation, abandon du peuple. [...]

[J]e ne me détermine certainement pas sur les programmes économiques que séparent surtout des différences rhétoriques - même si la rhétorique de gauche («mon ennemi c'est la finance», «qu'ils s'en aillent tous») m'exaspère particulièrement. Mais je ne me sens pas particulièrement «de droite». Tout d'abord, on ne peut pas dire que la santé doctrinale, intellectuelle et politique de la droite soit plus brillante que celle de la gauche. Et elle est, comme elle, un foutoir idéologique. Cependant, il y a une différence fondamentale. Dans le fond, être de gauche, c'est avoir raison. Pour des raisons essentiellement historiques, la droite ne prétend pas incarner le Bien, au contraire, elle a en quelque sorte intégré son infériorité morale. Aussi, quelles que soient ses tares et ses turpitudes, la droite est-elle- spontanément plus pluraliste, moins sectaire, moins fanatique que la gauche."

Michel Janva