Eva, de Kike Maillot
Convergence humain-robot : de nouveaux regards
Les relations autres que conflictuelles entre humains et robots deviennent plus fréquemment le thème de romans ou de films. Jusqu'à ces dernières années, seuls les Japonais considéraient les robots comme des amis et des alliés, sinon des sauveurs (pas toujours, d'ailleurs). Le plus connu d'entre eux est Astro Boy, d'Osamu Tezuka. En 2008, Disney avait innové avec son adorable Wall-E (et sa compagne Eva), alors que les deux versions de Tron restent dans une philosophie d'opposition.
Deux films vont plus loin cette année, avec des robots encore plus humains. Au point qu'ils sont joués par des acteurs en chair et en os.
Kike Maillot propose Eva et commente : "Ce qui m'intéresse, c'est de parler de la manière dont on établit un rapport avec quelqu'un et dont on tombe amoureux (que ce soit un humain ou une machine)", dit-il dans une interview à Planète robots (mai-juin 2012). Mais "le centre du film, ce sont par dessus tout les relations entre les humains". Le film n'est pas resté longtemps en salle, et Télérama (du 16 au 22 mai 2012) n'a pas vraiment aimé "Réflexion un peu désuète sur les robots dotés d'une âme". En revanche, Cinema Jeux Actu et Abus de Cine. ont aprécié la beauté des images.
Ridley Scott, avec Prometheus (qui sort le 30 mai) fait jouer au robot (incarné par Michael Fassbender) un rôle de médiateur dans un scénario complexe, un prequel (épisode écrit postérieurement mais logiquement antérieur à une oeuvre) d'Alien.
Sur un tout autre registre, la galerie Charlot exposera cette année des oeuvre de Zaven Paré qui explorent la convergence homme-machine dans un esprit très proche de la "machinic life" étudiée par [Johnston]. Mais d'une toute autre manière. Johnston reprend l'histoire de l'informatique, de la cybernétique et de la vie artificielle pour les prolonger vers l'avenir. Paré, lui, fait des "marionnettes électroniques". Combinant art cinétique et vidéo, c'est un héritier de Tinguely aussi bien que de Nam Jun Paik. Mais c'est un penseur autant qu'un artiste. Dans son ouvrage Maquinas (7Letras, Rio-de-Janeiro, 2009; texte en portugais, mais avec une traduction anglaise complète en fin de volume), il commente substantiellement les images de ses travaux. Et il fait précéder le tout d'une grande préface d'Emmanuel Grimaud, intitulée "L'animisme technologique". Nous connaissions ce dernier pour son livre Dieux et robots. Les théâtres d'automates de Bombay (L'Archange minotaure 2008), où il présente les incroyables automates qui animent chaque année la fête de Ganesh à Bombay. Ici, il fait surtout écho aux derniers travaux de Masahiro Mori sur l'uncanny valley.
Rappelons que l'on entre dans cette "vallée des troubles" quand le réalisme des représentations, essentiellement des représentations de l'humain, se fait trop précis. Assez brutalement, on passe de l'admiration à la gène. On voyait une machine, de plus en plus admirable comme "trompe l'oeil"... et tout à coup on voit un être humain affligé d'imperfections déplaisantes (par exemple un regard qui ne correspond pas à l'action en cours). La rupture est particulièrement forte en matière de robots (voir expression). Le problème ne se pose pas vraiment pour les images fixes : pas du tout pour les peintres, un peu pour les photographes. Il est en revanche un vrai problème pour l'image animée. Cela qui conduit les constructeurs (laboratoires de recherche ou entreprises commerciales) à opter pour un minimalisme sans équivoque possible : Kismet du MIT dans un cas, robots-aspirateurs ou tondeuses dans l'autre. Les Japonais continuent à faire exception avec par exemple Actroid-F (la page comporte une vidéo qui permettra au lecteur de se faire sa propre opinion).
Viendra peut-être un jour où les robots seront au centre, et les humains minoritaires, et peut-être même moins intéressants. De toutes façons, ils seront de moins en moins souvent compétitifs par rapport aux différents types de "robots". On pourrait lire dans ce sens le dossier de Technikart (avril 2012) sur Le krach du star system. De même, pour les films d'animation, la mocap devrait peu à peu céder la place à la synthèse directe des personnages...Nous entrons peu à peu dans les attractions étranges de la "singularité". Mais viendra-t-elle vraiment? Turing prévoyait la transition pour 1990, Kurzweil pense à 2050...
Noter que le personnage du robot est tout de même tenu, finalement, par une actrice humaine. Nao et les meilleurs robot humanoïdes japonais sont encore loin de tenir la route pour franchir l'uncanny valley. Eva, de Kike Maillot : De nouvelles relations humains-robots L'image du moment - Les relations autres que conflictuelles entre humains et robots deviennent plus fréquemment le thème de romans ou de films. C'est le cas d'Eva, de Kike Maillot. "Ce qui m'intéresse, c'est de parler de la manière dont on établit un rapport avec quelqu'un et dont on tombe amoureux (que ce soit un humain ou une machine)", dit-il dans une interview à Planète robots (mai-juin 2012). Disney avait déjà été dans ce sens avec Wall-E. Mais "le cenre du film, ce sont par dessus tout les relations entre les humains". Viendra peut-être un jour où les robots seront au centre, et les humains minoritaires, et peut-être même moins intéressants. De toutes façons, ils seront de moins en moins souvent compétitifs par rapport aux différents types de "robots". On pourrait lire dans ce sens le dossier de Technikart (avril 2012) sur Le krach du star system. De même, pour les films d'animation, la mocap devrait peu à peu céder la place à la synthèse directe des personnages...Nous entrons peu à peu dans les attractions étranges de la "singularité". Mais viendra-t-elle vraiment? Turing prévoyait la transition pour 1990, Kurzweil pense à 2050... En attendant, on peut au moins apprécier le film pour la beauté de ses images de synthèse (voir quelques liens dans les analyses de Cinema Jeux Actu ou de Abus de Cine. Noter que le personnage du robot est tout de même tenu, finalement, par une actrice humaine. Nao et les meilleurs robot humanoïdes japonais sont encore loin de tenir la route pour franchir l'uncanny valley.
Michael Fassbender dans Prometheus, de Ridley Scott
Paré Zaven. Sculpteur, vidéo, cinétique. Wikipedia.Toute une réflexion mécanique et graphique sur les relations entre l'homme et la machine.
- L'artiste exposera, vers fin 2012, à la Galerie Charlot.
< Maquinas (2009) par Zaven Paré. Avec une substantielle introduction d'Emmanuel Grimaud
> La marionette électronique (1996)