Data about Art, Data Art
Jan. 8, 2018. Lille More info.
L’art des données / les données de l’art #1
L’art des données / Les données de l’art est une série
de conférences initiée par Clarisse Bardiot (Université
de Valenciennes). Chaque rencontre fait intervenir un chercheur en histoire
de l’art et un artiste. Leurs réflexions se croisent autour des
enjeux liés aux données dans leurs pratiques respectives.
Watteau, Gersaint et le Pont Notre-Dame: une recontextualisation offerte par les technologies numériques
Sophie Raux, professeure d’histoire de l’art moderne, Université
Lyon 2
Pont Notre-Dame, restitution en images de synthèse (Chromelight Studio,
Claudio Gallego, Prosper Groux, www.chromelight-studio.fr)
Sous l’Ancien Régime, le pont Notre-Dame à Paris était
surmonté de deux rangées de maisons délimitant une rue
pavée, bordée de boutiques, abritant une soixantaine de marchands
pour la plupart liés au commerce d’art et de luxe. À certains
moments de son histoire, il a réuni une concentration de marchands de
tableaux sans équivalent à cette échelle en Europe. Parmi
ceux-ci, s’est imposé dans la première moitié du
XVIIIe siècle Edme-François Gersaint, pour qui Jean-Antoine Watteau
peignit, en 1720, la fameuse Enseigne de Gersaint.
L’intervention rendra compte des résultats d’une équipe
de recherche interdisciplinaire, associant histoire de l’art, histoire
urbaine et informatique, et ayant eu pour but de faire progresser l’étude
de ce milieu socio-professionnel et de son environnement urbain, par le recours
aux technologies numériques. L’un des objectifs de ce travail a
été de redonner une forme de visibilité à l’environnement
disparu d’un tableau singulier devenu l’une des grandes icônes
de l’histoire de l’art afin de mieux en saisir le sens, ce dernier
ne pouvant être dissocié de la destination et de la fonction d’origine
de l’œuvre.
Plus globalement, dans cette étude de cas micro-historique, la visualisation
de données et la restitution en images numériques ont été
envisagées comme des outils d’analyse en histoire de l’art
et non comme une fin en soi. La méthode aura eu le mérite de mettre
à l’épreuve les sources, et de tester la validité
d’hypothèses, pour aboutir à de nouvelles questions et de
nouvelles propositions.
Sans titre (provisoire) : un projet d’installation générative à partir des données de Biosphère II
Hugo Deverchère, artiste actuellement en seconde année au Fresnoy
Diagramme présentant les différentes fonctions de Biosphère
2 ( CDO Venture LLP/University of Arizona Biosphere 2)
Que ce soit à partir de récits, de données collectées,
d’images captées, fabriquées ou simplement trouvées,
le travail plastique d’Hugo Deverchère a recours à des procédés
de modélisation, de transposition ou de conversion. Dans une logique
proche d’un processus scientifique constitué de prélèvements,
d’enregistrements, de captations ou de reproductions, ses recherches forment
un ensemble d’expériences qui sont autant de pistes possibles pour
interroger et évaluer notre rapport au monde.
Sans titre (provisoire) est un projet d’installation générative
permettant la production et le déploiement d’un récit de
science-fiction sous l’influence de la mémoire et de l’imaginaire
collectif d’un lieu : Biosphère II. Des images et un certain nombre
de données captées en temps réel dans le centre de recherche
sont à la fois retransmises, analysées et transposées en
direct dans l’exposition, de sorte que cet ailleurs vienne avoir lieu
ici. Archives et récits sont alors ré-agencés et réécrits
par et dans ce contexte, produisant une nouvelle histoire du lieu, le récit
d’un devenir possible.
Le projet d’installation met en jeu plusieurs axes de recherches technologiques.
Le premier est lié aux formes de retransmission et de représentation
en direct : il s’agit d’abord de recueillir des images et des données
dans un lieu éloigné (Biosphère II, U.S.A) et de les diffuser/traiter
en temps réel. Il est ensuite question de créer un programme informatique
qui permette de générer un récit à partir d’un
corpus de texte dont les règles de (ré)écriture sont affectées
par l’analyse des données enregistrées dans le lieu.
Enfin, il s’agit d’activer en temps réel un certain nombre
de dispositifs plastiques (vidéo, son, objets, images etc.) permettant
le déploiement du récit au sein d’une installation prenant
la forme d’un environnement.