Without Digital Tools, my Work would be impossible
Nov. 22, 2018. Paris.
Voici la réponse de Hervé
Bernard à notre question : "Dans quelle mesure êtes vous
un artiste numérique ?".
Je ne crée pas ou ne demande pas à quelqu'un de créer du
code. Je ne fais pas non plus de la 3D au sens classique bien que depuis l'année
dernière je fasse de la photo volumétrique et de l'impression
3D. Exemple en pièce jointe, avec la Médée du Jardin des
Tuileries mise en scène.
Cependant, tous le travail d'étalonnage de mes photographies quelque
soit la série est impossible à réaliser en photographie
traditionnelle. En effet, pour prendre un exemple, en photographie traditionnel,
il est impossible d'enlever du bleu dans l'herbe d'une prairie afin de restituer
ou d'accentuer l'impression de sécheresse (enlever le bleu revient à
jaunir l'herbe) sans omettre le travail sur les hautes et basses lumières
ou les tiers de ton.
Vous pouvez choisir, toujours dans l'exemple de la prairie, de déboucher
les basses lumières de l'herbe tout en laissant les basses lumières
de la forêt à la limite du pré bouchées. Vous allez
me répondre que ceci est partiellement possible avec le masque et contre
masque mais le prix à en payer était une dégradation de
la qualité à chaque réalisation d'un masque et au passage
du négatif au positif, sans compter le temps passé qui rendait
ces opérations très exceptionnelles.
Voir le pdf en pièce jointe pour ce
travail sur l'étalonnage.
Tous mes photomontages sont là aussi pour montrer que le numérique
m'est indispensable sans omettre une série comme les ronces artificielles
:
Echo de la passion
Scenario
pour Gaia
Paris
dans son lit
Vivre
avec l'eau
Un film comme Eaux-Vives—Eaux-Fortes
est quasiment impossible à réaliser avec les techniques traditionnelles
Plus largement, tous les films utilisant le timelapse deviennent extrêmement
complexes à fabriquer. Voir Luxuriance
du geste.
Bien entendu, tous ces usages ne sont pas aussi spectaculaires que les effets
3D de Titanic ou encore que ceux des films de Jeunet mais le numérique
m'a ouvert une maîtrise de la couleur impossible et impensable en argentique.
Cet impensable illustre bien la question fondamentale de l'outil. Sans omettre
les photomontages que je n'aurais pas fait car mes idées, je les élabore
et elles se transforment au fur et à mesure de leur réalisation.
Bref, en tant que photographe de formation classique, qui a débuté
le numérique en 1985, je peux vous certifier que mon parcours non seulement
n'aurait pas été le même mais que j'aurais probablement
abandonné l'image sans l'ouverture que le numérique m'a apporté.