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Le banc

Qu’il est bon d’être ici un bon vieux banc de pierre,
Objet inanimé fait de lourde matière
Mais attachant ton âme en solide manière
Et te forçant d’aimer mon âme séculaire.

Ah je n’ai plus vingt ans, et ma vielle carcasse
Chaque année à l’hiver laisse un peu de sa masse
Mais j’ai mes souvenirs, déchirants ou cocasses
Qui me font supporter le mal du temps qui passe.

J’ai bercé des marquises aux raides crinolines,
Des guerriers fatigués menacés de famine,
Des clochards avinés aux galeuses poitrines,
Et des couples amoureux aux bien charmantes mines.

Certes je souffre un peu de ces tiges de lierre
Qui gonflent entre mes os, en mon âme s’insèrent
Mais qu’importe le mal si sous le réverbère
Un poète comprend et traduit ma misère.

Ce que je crains surtout c’est la faune canine
Qui sans respect souvent me parfume d’urine
O combien je préfère les visites félines
Qui, velours ou tranchant sur ma mousse s’animent.

Du petit chat je sens la vive conscience
D’être un chat célébrant son exquise élégance
Et du haut de mon dos méprisant l’insolence
Du chien qui lui voudrait disputer préséance.

La haut le ciel se tait, mais j’entends Pythagore
Et je sais écouter ce réel qui s’ignore.
Célestes harmonies mieux qu’un homme j’adore
M’accorder à vos chants, à vos textes sonores.

Faut-il que tu sois sourd, ô phénoménologue
Pour ne pas m’accorder l’esprit et le dialogue
Et ne prêter au banc, du haut d’un dédain rogue
Que l’honneur d’un poème au détour de ton blog.

A Lamartine et à l’Astrolabe
Pierre Berger, 13 mars 2017

 

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(Si tu as encore envie. En tous cas moi ça m’aide bien).

Je ne suis pas ta façon de raisonner.   Pour moi ton approche est naïve. 

Tu écris “Le mot réel n'est pas le réel : il désigne simplement un ensemble de choses, et non d'idées.  Donc le réel n'a pas besoin de mots pour exister indépendamment de toi ou moi. Donc ce réel là se taît.”

désigne un ensemble de choses”, ça ne veut pas dire grand chose. Et de toutes façons, le réel serait plutôt l’ensemble des choses, et non seulement des choses mais de tous les êtres.

le réel n’a pas besoin de… “  c’est déjà projeter toute une modélisation “avoir besoin de”: cela a du sens pour une plante, un animal, pas pour une pierre.

le réel se tait… “. Ici aussi, projection d’un comportement humain ou animal (se taire). En outre, on dirait que tu n’es jamais allé en mer. Lol. Ou alors que ton chat ne fait pas partie du réel, sauf quand il dort, et encore.  On peut faire la même remarque sur “le réel c’est ce qui résiste”, définition totalement subjective de ce qu’on voudrait “indépendant de toi ou de moi”.

La question intéressante, c’est le comment. Comment peux-tu arriver à formuler le mot “réel”, le mot “se taire”, et ensuite à les accoupler. ​

Pour que tu puisses dire ces choses, il a fallu toute l’évolution du monde vers la vie puis vers l’homme et le langage articulé.   Puis ton évolution personnelle depuis l’embryon jusqu’à l’âge adulte et cultivé). Et, en temps réel,  il faut que tu fasses fonctionner quelques milliards de neurones.

C’est ce point qui est important pour comprendre l’informatique avancée.  Sinon on reste dans le vague, l’indéfinissable, l’inutilisable.

Les expressions “naïves”, anthropomorphiques, métaphoriques, artistiques… ne sont pas  sans intérêt.  Je me suis amusé à le montrer avec mon poème.   Mais quand on veut  vraiment commencer à construire, il faut changer de registre.

Par exemple en  architecture (en particulier celle de Gehry, voir http://diccan.com/Architecture.html#Gehry), il y a des moments différents dans la pensée et la conception:
- le moment où Gehry médite ou modèle des morceaux de carton pour incarner sa conception.
- le moment où ses ingénieurs commencent à voir comment construire quelque chose qui tienne debout, et où va intervenir la résistance des matériaux, la conception des ferraillages, etc.
(et ensuite il y aura le chantier lui-même, bien sûr).

(J’aurais presque envie de dire, en te suivant, le moment où il faut passer du soft au hard).

C’est ce que j’essaie de faire intellectuellement. Et pour une part, quand j’en trouve le temps et l’énergie intellectuelle, parce que ça ne vient pas quand je suis fatigué,  en développant Roxame.

Mais c’est essentiel pour saisir l’évolution de l’IA.  Tant qu’on reste dans le vocabulaire naïf, on ne peut ni formuler autre chose que des rêves (“tout est possible”) ou des dénis (“jamais une voiture ne se conduira toute seule”, je me souviens même d’avoir entendu  “on peut remplacer un employé ou un ouvrier, pas un commercial”).

Pour avancer, pour comprendre, il faut se donner un vocabulaire sérieux. Se méfier des mots indéfinissables (intelligence, chose, réel, amour) et des projections animistes. Il faut analyser pour pouvoir assembler, exactement comme on broie et filtre les pigments pour ensuite peindre.  En comprenant comment je peux formuler “le réel se tait”, je commence à voir comment je pourrais, ou pas, construire une machine qui arrive à la même conclusion.

Et certes rester conscient qu’on ne sait pas tout analyser, encore moins tout construire.  En tous cas (Lol) en ce 14 mars 2017 à 15h42.